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Actu-Environnement

Accroître la responsabilité des entreprises pour un monde plus durable

Coordination Sud et Concord organisaient jeudi 30 octobre une conférence intitulée Regards du monde sur l'Europe. Il s'agissait de faire intervenir des acteurs non européens sur le rôle de l'Europe, notamment sur le développement durable. Réflexions…

Gouvernance  |    |  S. Fabrégat
En ces temps de crise, quel rôle doit jouer l'Europe à travers le monde ? Comment peut-elle agir sur les déséquilibres mondiaux ? ONG, collectivités, fondations et syndicats étaient réunis jeudi dernier à Paris par Coordination sud et Concord pour échanger sur ces questions. L'idée était de donner la parole aux acteurs non européens afin que ceux-ci expriment leur perception de l'Europe. L'un des cinq débats était consacré au développement durable et au rôle des acteurs privés et publics dans ce domaine. Avec la mondialisation, les questions de gouvernance apparaissent en effet primordiales. L'ensemble des acteurs présents s'accordait sur le rôle phare des entreprises en matière de droits de l'homme et d'environnement et sur une nécessaire responsabilisation de ces acteurs. L'influence des pouvoirs publics, des instances internationales, des organisations de citoyens et de travailleurs a été soulignée pour que les acteurs privés prennent la voie du développement durable.

Une nécessaire responsabilisation des acteurs privés

L'héritage est énorme. De nombreuses entreprises ont créé des dégâts énormes qui se ressentiront pendant des années voire des dizaines d'années. Nous sortons de 25 années de déréglementation. La question de la responsabilité des entreprises est née il y a une dizaine d'années, avec par exemple le scandale autour de Nike et du travail des enfants. Les organisations non gouvernementales ont été les premières à pointer du doigt ces problématiques, analyse Georg Kell, directeur exécutif du Global Compact à l'ONU. Longtemps, les entreprises ont considéré que la défense des droits humains et de l'environnement était l'affaire des Etats. Les entreprises ont une responsabilité envers leurs actionnaires mais pas seulement. Elles doivent également être responsables devant l'ensemble des parties prenantes. Le problème aujourd'hui n'est pas l'absence de cadre mais la mise en œuvre effective des principes de droit de l'homme et de protection de l'environnement.
Avec la mondialisation, l'influence des grandes firmes à travers le monde s'est accrue, au détriment parfois mais trop souvent du respect des droits humains et de l'environnement. Pour l'ensemble des acteurs participant au débat, les entreprises, dans une vision économique à court terme, ne prennent pas spontanément le chemin d'un développement durable. Les entreprises ne se mobilisent que quand il est trop tard, note Mike Mathias, secrétaire du Cercle de coopération et président du forum politique Concord. La problématique du changement climatique, connue depuis près de vingt ans, illustre bien ce phénomène. Par exemple, en Europe, les constructeurs automobiles ont signé en 1998 un engagement volontaire de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Dix ans plus tard, cet engagement n'a pas porté ses fruits. Les véhicules mis sur le marché émettent [NDLR : dans leur ensemble] toujours autant de GES. Il faut des règles éthiques transposées dans un cadre légal et des moyens importants de mise en œuvre et de contrôle pour s'assurer du bon respect des règles. Nous avons un déséquilibre dans notre gouvernance. Les aspects sociaux et environnementaux devraient régler les aspects économiques et pas le contraire.

Le pouvoir des citoyens et des actionnaires

Pour Ingrid Srinath, secrétaire générale de l'ONG Civicus, une réglementation publique ne suffit pas. Les citoyens ont un rôle primordial à jouer dans la responsabilisation des acteurs privés : les entreprises dépendent de gens comme vous et moi. Le consommateur, l'actionnaire ont du pouvoir. Nous ne pouvons pas attendre la responsabilisation des entreprises et des gouvernements. Certaines entreprises ont plus de pouvoir que certains petits pays. Nous devons donc jouer notre rôle de citoyens. La société civile peu avoir du pouvoir. Et de citer l'exemple de la mobilisation des citoyens face à l'entreprise Coca Cola en Inde du Sud il y a quelques années. Les paysans accusaient la firme de voler l'eau de la collectivité et de la polluer. Les protestations ont permis l'arrêt de la production de quelques usines en 2005.
Les actionnaires et les fonds d'investissements, conscients de ces problématiques, demanderaient aujourd'hui aux entreprises d'être davantage responsables : les investisseurs reconnaissent de plus en plus que l'environnement et la gouvernance sociale pourraient avoir un impact sur les investissements, explique Georg Kell. L'ONU a d'ailleurs mis en place en 2005 une initiative d'investisseurs institutionnels « Principes pour un investissement responsable » qui intègrent les questions environnementales, sociales et de gouvernance d'entreprise dans les politiques d'investissement. En 2006, les fonds mis en jeu représentaient 4.000 milliards de dollars.

L'exemple de Global compact

L'ONU travaille également avec les entreprises au sein du Global compact (Pacte mondial). Les signataires s'engagent à respecter dix principes touchant aux droits de l'homme, aux normes de travail, à l'environnement et à la lutte contre la corruption. Aujourd'hui, 5 000 entreprises de 130 pays ont adhéré au Pacte (on estime à 76 000 le nombre de multinationales dans le monde). Depuis le départ, nous avons rejeté 850 signataires qui ne respectaient pas les principes, note Georg Kell. Le monde de l'entreprise est très varié. Il y a des gagnants et des perdants. Mais dans beaucoup de domaines, l'entreprise peut avoir un pas d'avance sur les gouvernements. Et de citer l'exemple du groupe China mobile qui s'est engagé récemment dans un plan de réduction d'émissions de carbone ambitieux.
Avec la crise financière, la philanthropie, le mécénat vont baisser. Ce qui ne va pas changer, ce sont les valeurs, les principes et les engagements que les entreprises prennent en matière de droits humains et d'environnement.

Réactions1 réaction à cet article

Oui, très bien, mais

je voudrais savoir si, quand on produit de l'électricité, on ne doit vendre que le différentiel, ce qui nous assure une certaine résilience, autonomie partielle, on si on doit tout vendre.

Parce que, si on regarde l'énorme différence de prix entre le kwh EDF acheté et le kwh photovoltaïque vendu, ça ressemble à une escroquerie en bande organisée.

rené-pierre | 06 novembre 2008 à 11h57 Signaler un contenu inapproprié

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