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Actu-Environnement

La responsabilité des entreprises face au risque environnemental : entre prise de conscience et tâtonnements

Face aux risques sociaux, financiers auxquels sont confrontées les entreprises, apparaît aujourd'hui le risque environnemental. Ce « nouveau risque » qui s'impose désormais à la sphère économique est amené à prendre de plus en plus d'importance.

Risques  |    |  S. Fabrégat
Le risque climatique est nouveau. Il n'est pas encore perçu comme majeur dans notre pays, alors qu'il est très considéré aux Etats-Unis par exemple. Cette situation est paradoxale, quand on connaît la position de l'administration américaine sur ce sujet,commente Jean-Pierre Hauet, président de KB Intelligences, qui intervenait lors du séminaire organisé mardi 8 avril par la revue Passages et l'association Adapes et qui avait pour thème le risque environnemental.
Pourtant, les entreprises sont et seront de plus en plus mises face à leurs responsabilités dans ce domaine. D'abord par les citoyens et les consommateurs, représentés ou non par des associations et organisations non gouvernementales : la force de la société civile peut être considérable, note Jean-Pierre Favennec, directeur du Centre économie et gestion de l'IFP. Le boycott peut mettre une pression très forte sur l'entreprise.
Aujourd'hui d'autres facteurs, externes aux entreprises, les incitent également à mieux prendre en compte le risque environnemental : des actions engagées par des tiers influent de plus en plus sur les activités des entreprises. Aux Etats-Unis, certains groupes ont vu leurs projets d'investissements contrecarrés par l'administration pour protéger l'environnement. Certains projets sont gelés, d'autres reçoivent moins d'aides. Certaines banques américaines, une minorité pour l'instant, prennent également en compte le risque climatique et le coût carbone dans leurs analyses financières.
Des interventions en interne influencent également une meilleure appréciation de ce risque par les entreprises : les actionnaires exigent de plus en plus des justifications précises sur les actions des entreprises pour limiter le risque climatique. Ils redoutent des conséquences qui pourraient mener une entreprise à la ruine.

Les entreprises face à leurs responsabilités

La prise en compte du risque environnemental impose un changement de mentalité au sein des entreprises : les décisions prises aujourd'hui auront un impact sur les générations futures, rappelle Bernard Saincy, directeur de cabinet de Bernard Thibault à la CGT. Celui qui prend les risques aujourd'hui n'est pas celui qui en assumera les conséquences. Avant, dans le monde de l'entreprise, il y avait une solidarité intergénérationnelle tournée vers les anciens, avec le système des retraites. Aujourd'hui doit s'instaurer une nouvelle forme de solidarité intergénérationnelle envers les générations futures.
La tentation court-termiste du système économique devra nécessairement s'accommoder d'une vision à plus long terme, imposée par ce « nouveau risque ». Car la gestion de celui-ci, comme celle des autres risques, implique plusieurs étapes pour l'entreprise. Identifier et évaluer, notamment en termes financiers, les risques et l'impact des activités de l'entreprise sur l'environnement, et les maîtriser. Si les entreprises commencent à s'organiser pour mieux appréhender ce risque, une autorégulation peut avoir des effets pervers…
Beaucoup d'entreprises cherchent à devenir « carbon neutral » en menant des actions en internes ou en achetant des crédits carbone, explique Jean-Pierre Hauet. Or, aujourd'hui beaucoup de systèmes d'achats volontaires de carbone naissent et ne sont pas contrôlés.
Autre conséquence : Dans l'industrie pétrolière, pour éviter les catastrophes telles que les marées noires, ou pour ne pas en assumer la responsabilité, beaucoup d'entreprises sont tentées de sous-traiter le transport. Il faudrait une mise en place de normes au niveau international pour réguler ce problème, commente Jean-Pierre Favennec.
Le risque climatique va en croissant mais il débouche sur des petits arrangements, confirme Jean-Pierre Hauet. Un besoin de gouvernance apparaît.

Une nécessaire gouvernance ?

Mais comment réguler les activités des entreprises sans entraver la liberté d'entreprendre ? Comment mettre l'entreprise face à ses responsabilités sur une échelle qui implique le long terme ? Qui doit assumer le risque ? La notion de risque environnemental pose beaucoup de questions et nécessite une meilleure définition.
L'encadrement juridique des risques environnementaux est complexe. La notion du risque est elle-même particulièrement difficile à appréhender. Si elle relève d'une composante objective, celle de la probabilité et de la gravité d'un dommage, elle comporte également une composante subjective, culturelle, dans la perception du risque et de son acceptabilité.
Une régulation internationale semble nécessaire afin d'harmoniser cette notion du risque mais aussi pour ne pas voir migrer les entreprises vers les pays où la gouvernance est moins forte.
Il est nécessaire enfin de trouver le juste équilibre entre principe de précaution, prévention des risques et liberté d'entreprendre : entreprendre, c'est aussi expérimenter, conclut Emile H. Malet, directeur de la revue Passages et de l'Adapes. Le risque fait partie du monde économique. Il n'y a pas d'entreprises sans risques.

Réactions3 réactions à cet article

Risque pour qui?

L'économie doit être subordonnée au politique.
Les risques doivent être assumés par ceux qui les prennent et les crimes environnementaux sévèrement réprimés. La quasi-impunité est un feu vert pour la course à n'importe quoi.
Entreprendre ensemble est nécessaire donc possible, à commencer par se dégouroutiser.
Nul n'est intelligent tout seul.

Menfin | 09 avril 2008 à 12h25 Signaler un contenu inapproprié
nouveau risque?

Beaucoup d’entreprises industrielles connaissent ce risque depuis le milieu des années 80, autant pour les produits que pour les procédés. A cette époque, on s'attendait à ce que la réglementation intègre les coûts (externes) à long terme de la pollution, des nuisances, et de la perte du « capital naturel » dans les prix de vente… Il y a eu quelques progrès, et beaucoup de communication, mais nous sommes encore loin de ce que l’on espérait il y a 20 ans.

William | 10 avril 2008 à 11h43 Signaler un contenu inapproprié
à l'attention de M S. FABREGAT

BONJOUR!
je considère que vous avez tout à fait raison de dire : il faudrait une mise en place de normes au niveau international pour réguler ce problème (risque environnemental)
maintenant tout le monde sait que le risque climatique va s'accroissant, mais a-t-il été précisé , il n'a fait que déboucher sur des petits arrangements ("de bas étages")
par exemple les mécanismes du marché du carbone à quelle fin ont -t-il été institués?
les aides appliquées aux actions de diminution du taux de co2 ont-elles des implications direct et à court terme sur les effets du réchauffement de la planète?
le soucis de notre association c 'est de voir un jour une prise de conscience pour un intéressement efficace sur la question de la séquestration du co2 par les forets dont les destructions constatées de nos jours n'set plus à démontrer
les derniers sommets du GIEC n'ont -il pas fait qu'efleurer la question, quelles ont été les mesures pour décourager les coupes d'arbres? quel système de financement a été mis en place pour encourager les reboisements?
la création de puits de carbone ne pourrait-t-elle pas favoriser des replantations de par le monde pour rétablir les écosystèmes, la biodiversité et la lutte contre les changement climatiques?
une lueure d'espoir semble montrer le bout du nez néanmoins: "aux USA certains groupes ont vu leurs projets d'investissements contrecarrés par l'administration pour cause de protection l'environnement"
aussi gardons l'espoir et ne desespérons pas
sans omettre les perspectives énoncées par M TARIER qui sont vivaces dans l'esprits des citoyens!

DAOUD Alger | 14 avril 2008 à 10h40 Signaler un contenu inapproprié

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