Mais même si cet objectif reste pour l'instant européen, le président du SER, André Antolini estime que pousser la part des renouvelables à 20% de la consommation énergétique globale doit également être l'objectif de la France.
Comme la production française actuelle d'énergie primaire d'origine renouvelable est de 6% des besoins globaux d'énergie, au même titre que la moyenne européenne, le président du syndicat qui compte aujourd'hui 300 entreprises ou associations d'entreprises rappelle que cet objectif suppose une croissance accélérée et nécessite de tripler [la capacité de production] pour parvenir à l'objectif européen. À cette fin, il conviendra selon lui de développer l'éolien, reconsidérer l'hydraulique à la hausse et développer le solaire photovoltaïque et la chaleur collective - eau chaude et chauffage - d'origine forestière et de la biomasse en général.
Des efforts devront se porter sur le déploiement d'un parc éolien d'une capacité de 25.000 MW d'ici 2020 contre 2.000 au mois de juin 2006. Pour André Antolini, cet objectif est réalisable car le gisement existe et avec un nombre de machines ''raisonnable'' car il est absolument certain que la puissance moyenne des machines sera de 3 MW contre 2 MW aujourd'hui. Donc pour installer 22.000 MW supplémentaires, il suffira d'installer 8.000 machines de plus, souligne le président du SER soit seulement 4 fois plus qu'aujourd'hui.
S'agissant de l'hydraulique, le SER estime que sa production devrait passer de 25.000 à 27.000 MW.
Quant au photovoltaïque, le syndicat évalue les besoins à 7.000 MW alors que la puissance ne dépasse pas 30 MW à l'heure actuelle. L'objectif reste possible si l'on compare ce qui se passe dans nos pays voisins, précise M. Antolini. En Allemagne 1.000 MW de photovoltaïques sont en effet installés tous les ans.
Pour développer le solaire thermique et les Pompes à Chaleur (PAC), il faudra équiper 4 à 6 millions de logements tous les ans d'ici 2020.
Le bois et les cultures dédiés pourraient participer à la production énergétique à hauteur de 23 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep), contre 8,5 Mtep en 2006. Nous savons que cela sera difficile mais possible, a souligné André Antolini sachant que les forestiers nous disent qu'avec la forêt existante, ils pourront mobiliser 7 à 8 Mtep d'ici 2020 et que si l'on installe des cultures dédiées, 7 Mtep seront réalisables en plus.
La production d'électricité à partir de biomasse (dont le biogaz et les déchets) devra quant à elle passer de 580 MW actuellement à 1.300 MW en 2020 soit l'équivalent de deux centrales thermiques, signale le SER.
Enfin, l'objectif très ambitieux en matière de biocarburant consiste à passer de 0,5 Mtep aujourd'hui à 6 Mtep en 2020 : s'il s'agit de diester, cela suppose la mise en culture de 4 millions d'hectares de colza ou autre protéoléagineux.
Pour atteindre ces objectifs, le SER souhaite que 10 propositions* soient intégrées au Grenelle de l'environnement qui doit avoir lieu fin octobre. Il s'agit de délivrer aux pouvoirs publics une boîte à outils efficace contre le changement climatique, a expliqué André Antolini. Le temps du constat est passé, maintenant il faut s'y mettre !. Le Syndicat suggère notamment une fiscalité incitative avec une TVA abaissée à 5,5% pour soutenir ce secteur. Une autre proposition consiste à mieux intégrer les énergies renouvelables dans la future réglementation thermique 2010 (RT 2010) et dans la réglementation des bâtiments, par exemple en imposant le label très haute performance énergétique - énergie renouvelable dans tous les marchés publics. Le Syndicat plaide également pour la création d'une véritable filière industrielle photovoltaïque comme au Portugal. Concernant l'emploi, ces objectifs par secteurs permettraient de créer près de 220.000 emplois, en plus des 75.000 existants.
*Proposition n°1 :
Mieux intégrer les énergies renouvelables dans la réglementation thermique 2010 (RT 2010) et dans la réglementation des bâtiments (par exemple en imposant le label très haute performance énergétique énergie renouvelable dans tous les marchés publics).
Proposition n°2 :
Généraliser la fiscalité écologique (par exemple en généralisant la TVA à 5,5 % sur toutes les énergies renouvelables).
Proposition n°3 :
Développer la chaleur collective renouvelable (ex : par l'aide à l'investissement des communes dans des réseaux de chaleur renouvelable).
Proposition n°4 :
Soutenir les énergies renouvelables électriques (ex : en créant des comités nationaux de pilotage, par filière d'énergie renouvelable, qui fixent des objectifs régionaux de développement des énergies et contrôlent le déroulement du programme).
Proposition n°5 :
Prendre en compte de manière prioritaire les énergies renouvelables électriques sur le réseau électrique (ex : en renforçant le réseau moyenne tension).
Proposition n°6 :
Impliquer fortement les collectivités locales (ex : en les autorisant à moduler les taxes locales en fonction des performances énergétiques des bâtiments).
Proposition n°7 :
Inciter à l'utilisation de transports propres.
Proposition n°8 :
Favoriser l'émergence de filières industrielles.
Proposition n°9 :
Mettre en place de grandes actions de sensibilisation et de communication (ex : en poursuivant les campagnes de l'Ademe sur la maîtrise des consommations).
Proposition n°10 :
Pérenniser et développer les marchés des énergies renouvelables dans les départements et territoires d'outre-mer (ex : en imposant les chauffe-eau solaires en logement collectif).