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Actu-Environnement

Appauvrissement des sols : retour sur la responsabilité de l'agriculture intensive et de l'urbanisation

Essentiel pour l'environnement, le sol est une ressource fragilisée par les activités humaines. L'agriculture intensive et l'étalement urbain contribuent à son appauvrissement. L'érosion et l'imperméabilité sont les principaux risques en France.

Le sol est en position d'interface dans l'environnement. Il échange en permanence des flux, que ce soit du gaz, de l'eau, des particules, et constitue donc un maillon essentiel de l'environnement, encore peu pris en compte aujourd'hui, analyse Dominique Arrouays, directeur d'Infosol à l'Institut scientifique de recherche agronomique publique (INRA). Produire les aliments, réguler le cycle et la qualité de l'eau, stocker du carbone, recycler les matières organiques, entretenir la biodiversité, fournir des matières premières… Les fonctions du milieu sol sont multiples et essentielles à la vie végétale, animale et anthropique. Au cours du temps, l'homme a plus ou moins profondément modifié les sols par la culture, l'industrie mais aussi l'urbanisation, entraînant parfois une fragilisation de ce milieu. Un milieu non renouvelable à l'échelle du temps humain, qui perd plus vite qu'il ne peut se reconstituer. La formation des sols est en effet très lente.
Si la connaissance des sols est imparfaite aujourd'hui , d'après Didier Rat, chargé de mission au bureau des sols et de l'eau du ministère de l'agriculture et de la pêche, les spécialistes s'accordent pour dire qu'il y a une dégradation de la qualité des sols, avec un discours plus ou moins alarmiste… Pour Dominique Arrouays, les sols ne sont pas morts, il y a encore des milliards de microorganismes dans le milieu. Mais des menaces existent néanmoins du fait de leur appauvrissement. La Commission européenne en a identifié 8 en 2002. Selon Dominique Arrouays, l'érosion et l'imperméabilité des sols due à une « bétonisation » des territoires constituent les principaux risques en France.

« Un grand département français disparaît tous les dix ans » sous le béton

L'aménagement des sols, l'étalement urbain et l'industrialisation ont modifié la structure des sols. L'urbanisation mènerait ainsi en France chaque année à la perte de 60.000 hectares de sol sous le béton, soit l'équivalent d'un grand département français qui disparaît tous les dix ans, selon Demonique Arrouays. Une tendance qui s'accélère aujourd'hui et qui pose des questions de concurrence des sols notamment avec la fonction nourricière de la terre. Cette « bétonisation » mène également à une imperméabilité des sols qui perdent ainsi leur fonction de tampon et de filtre. Ce ne sont pas tant les villes qui posent problème que ce qui va avec : parkings de supermarché, infrastructures de transport, industrialisation… explique le directeur d'Infosol-INRA.
L'érosion des sols, phénomène naturel, est lui aussi exacerbé par l'activité humaine. Ce phénomène constitue la principale menace en Europe (45 % des sols concernés) et en France (25 % des sols touchés). Selon l'INRA, la vitesse de formation d'un sol est de 0,1 à 0,02 mm par an alors que l'érosion moyenne exporte 1 mm de sol en un an. Si aujourd'hui l'érosion aurait tendance à diminuer en France du fait de l'augmentation des surfaces forestières, les grandes plaines limoneuses du Nord et du Sud Ouest sont particulièrement affectées par ce phénomène. L'érosion hydrique, causée par la pluie et le ruissellement, est la plus préoccupante.
La contamination au plomb, mercure et autres traces métalliques est quant à elle liée à l'industrie mais aussi aux transports. A 100 km autour de l'agglomération parisienne par exemple, s'étend une zone de contamination diffuse au plomb principalement liée à la circulation automobile. Si en France le constat n'est pas alarmant selon Dominique Arrouays, les zones urbaines et industrielles constituent néanmoins des points noirs. Enfin, les scientifiques se penchent aujourd'hui sur les polluants organiques persistants liés à l'utilisation de pesticides, des produits qui peuvent s'accumuler dans les organismes vivants et qui sont encore peu étudiés.

Agriculture intensive : asphyxie des sols et perte de diversité

La baisse des teneurs en matière organique, la baisse de la biodiversité et le tassement des sols sont quant à eux prioritairement imputables à l'agriculture intensive.
Ainsi, particulièrement en Lorraine, en Bretagne et en Franche Comté, l'intensification des pratiques agricoles mènent à une perte de matières organiques, ce qui influe directement sur la fonction de captage de gaz à effets de serre du sol. Un phénomène pas irrémédiable… Selon Dominique Arrouays, des études ont montré qu'en changeant les pratiques agricoles, on pouvait augmenter la présence des matières organiques et stocker dans les sols 2 à 3 millions de tonnes de carbone par an supplémentaires sur l'ensemble du territoire français. Le sol stockerait en France près de 3 milliards de tonnes de carbone dans les 30 premiers centimètres.
La baisse de la biodiversité dans les sols est une menace soupçonnée par les chercheurs. Un phénomène pas irrémédiable non plus : alors que les systèmes de culture intensive mènent à une perte de diversité, les systèmes de rotation augmentent la présence de microorganismes et la richesse du milieu.
Enfin, le tassement des sols, lié en partie à l'utilisation d'engins agricoles, mène à une perturbation des fonctions du milieu : filtration de l'eau, asphyxie des sols, échange de gaz à effets de serre… Si certains sols peuvent se restructurer naturellement ou grâce au travail de l'homme, d'autres, comme les sols limoneux pauvres en matières organiques, restent tassés.

Une problématique peu présente dans la réglementation

Le sol reste un milieu peu couvert par la science. Un grand inventaire devrait aboutir d'ici 2012 en France et accroître ainsi la connaissance sur cette problématique. La question de la protection des sols est également peu prise en compte par la réglementation. En France, il n'y a pas de réglementation globale et cohérente sur les sols, commente Didier Rat. On retrouve cette problématique dans la loi cadre sur l'eau, dans la réglementation relative à l'urbanisme mais la question de la protection des sols n'est pas au cœur de ces textes.
A l'échelle européenne, un projet de directive sur les sols est en discussion depuis plusieurs années, sans pour l'instant avoir abouti. Le dossier a été néanmoins remis sur la table des négociations lors de la présidence française de l'Union européenne et a été repris par la présidence actuelle. A suivre…

Réactions3 réactions à cet article

"Appauvrissement des sols : ....

Je suis globalement d'accord avec l'interprétation par l'auteur des dires et écrits de Dominique Arrouays et de Didier Rat.

Cependant n'est il pas incohérent voire contradictoire d'annoncer
"Appauvrissement des sols" dans le titre et d'écrire "sol ressource" dans le sous-titre ?
Une re-source par définition conduit au re-nouvellement des apport de la "source" sur un temps indéfini (qu'on espère infini). Or ici la source, du fait d'un certain nombre de mauvaises pratiques et en particulier d'un DEFICIT DE PRISE EN COMPTE DES SOLS dans l'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE, pourrait bien se tarir au moins pour celle constituée par certains types de sols particulièrement importants pour l'agriculture. Comparez la carte des sols du Bassin de Paris et celle des aérodromes et de tout leur cortège de commerces, d'habitats de proximité (avec beaucoup de nuisances pour les riverains) et d'infrastructures routières et ferroviaires. Et vous verrez que les NEOLUVISOLS (Sols bruns lessivés) issus des couvertures limoneuses apportées par le vent à la fin de la dernière glaciation (il y a 12000 ans environ) sont quasi-systématiquement colonisés et détruits irrémédiablement par cette urbanisation : Roissy en France, Orly, Plateau de Saclay-Trappe... Le monde entier (un milliard d'hommes sous-alimentés) pourrait nous le reprocher, car ces sols sont parmi les tout meilleurs sols agricoles du Monde.
Avons-nous moralement le droit de les détruire, nous les défenseurs des Droits de l'Homme ?
Est-ce cela le développement durable ?
Est-ce cela le résultat du Grenelle de l'Environnement ?
La même carte montre que des sols beaucoup moins épais et moins favorables à l'agriculture se trouvent à proximité et pourraient être utilisés pour ces expansions urbaines (si elles sont nécessaires : combien de logements sont vides !!!)

En fait,le SOL N'EST PAS UNE RESSOURCE, car précisément il ne se renouvelle pas à la vitesse de la vie moderne.

Le sol est un PATRIMOINE de l'HUMANITE, à soigner avec un maximum de précautions comme le font beaucoup d'agriculteurs plutôt "bio" ou qui n'ont pas envie de s'empoisonner à polluer leurs sols, notre environnement et notre nourriture qui sont aussi les leurs.
"Ô Sol è mio ? no, sol è a tutti come il sole". Les agriculteurs et les politiques de chaque pays n'en sont que les gérants sous le même soleil.

solèmio | 11 février 2009 à 16h31 Signaler un contenu inapproprié
des sols et des methodes

Il y a quelques années je suis allé en visite a l'INRA de Versailles,d'autant que je me souvienne il y avait la plusieurs carrés de sols cultivés en echantillonage depuis plus de vingt ans ....Je me souviens que les sols qui etaient cultivés en intensif avaient des baisse de rendement et une structure complètement euh nulle!!! pas C.A:H. suffisant pour retenir les éléments nutritifs,plus grande exposition aux différents facteurs d'érosion(vent eau machines) etc etc et j'ai appris il y a quelques années que cette chaire d'étude avait été fermée... Quant est il vraiment??? si oui alors que dire d'une politique qui ferme les yeux sur des resultats aussi effarants???

jean lesbazeilles | 12 février 2009 à 07h16 Signaler un contenu inapproprié

EXPOSE:Les solutions possibles de lutte contre la dégradation et l'appauvrissement du sol.

anasthase97 | 08 avril 2013 à 13h28 Signaler un contenu inapproprié

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