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Actu-Environnement

“Soutenir les PME/TPE à s'engager dans le développement durable, ce devrait être une cause nationale !”

Après l'annonce vient la mise en œuvre du plan de mobilisation des métiers de la croissance verte. Pour Guillaume de Bodard, Directeur général de Calix Conseil, l'implication des PME/TPE devient urgente. Président de la commission environnement et développement durable de la CGPME, il s'explique.

Interview  |  Gouvernance  |    |  C. Saïsset
   
“Soutenir les PME/TPE à s'engager dans le développement durable, ce devrait être une cause nationale !”
Guillaume de Bodard
Président de la commission environnement et DD de la CGPME
   
AE : Le plan de mobilisation des métiers de la croissance verte constitue le premier pilier du ''Pacte de solidarité écologique'' qui ambitionne d'accompagner près de 11 millions de Français dans l'économie ''circulaire''. Il s'agit d'un des principaux chantiers issu du Grenelle de l'environnement. Comment la Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises (CGPME) est-elle impliquée dans cette mobilisation ?
Guillaume de Bodard :
En tant qu'organisation interprofessionnelle patronale, qui regroupe près de 200 fédérations professionnelles et 90 unions territoriales, nous avons participé à la dynamique du Grenelle de l'environnement au sein du Collège des employeurs. La Commission environnement et développement durable de la CGPME existait alors depuis deux/trois ans, ça lui a fait prendre de l'essor ! Durant le Grenelle de l'Environnement, nous avons défendu le principe de neutralité fiscale et la demande d'études d'impacts quand les mesures prises présentaient le risque de modifier l'économie entière d'un système. Le bonus-malus automobile, par exemple, a modifié 50 % de l'économie du secteur automobile. Nous avons aussi mis en garde contre la pléthore réglementaire et le risque d'illisibilité de tout cela. Par ailleurs, nous avons insisté sur l'importance de prendre en compte la formation initiale et continue et la labellisation des entreprises. Finalement, nos adhérents sont concernés par la totalité des 250 mesures prises à l'issue du Grenelle de l'Environnement. Et aujourd'hui, nous continuons à nous mobiliser en participant au Comité de suivi.

AE : Lors de la conférence de présentation du plan de mobilisation gouvernemental en faveur des métiers de la croissance verte, le 28 janvier au CNIT, vous avez participé à la table-ronde Territoire. Pourquoi ?
GdB :
Les PME/TPE entretiennent une relation très forte aux territoires, et à leurs salariés aussi. Ce jour-là, nous avons été un peu étonnés, d'ailleurs, qu'aucun chef d'entreprise n'ait participé à la table-ronde suivante consacrée à l'emploi. La France compte quelque 2,6 millions d'entreprises, dont 97 % sont des PME (avec moins de 250 salariés) et pour la très grande majorité d'entre elles, des TPE (moins de vingt salariés). Un peu plus de 5.000 entreprises comptent plus de 250 salariés. Donc majoritairement, l'emploi en France se trouve dans les TPE/PME, pour une bonne dizaine de millions de salariés. S'il y a croissance verte, c'est donc là qu'elle se fera ! D'ailleurs, nous prévoyons de proposer à nos adhérents divers ateliers sur le développement durable et l'environnement lors de la prochaine édition Planète PME qui se déroulera le 15 juin au Palais des Congrès à Paris.

AE : Selon vous, où se trouve le potentiel majeur d'emplois verts ?
GdB :
Les emplois verts concernent le secteur des éco-activités (eau, déchets, énergies renouvelables, etc.) mais aussi la grande masse des entreprises de tous les autres secteurs. Celles-ci se demandent légitimement : mais quel intérêt ai-je à agir ? Dois-je externaliser un projet de développement durable et environnemental ou l'internaliser en recrutant un emploi vert ? La démarche est plus simple pour les grandes entreprises, les chaînes de magasins et les franchises qui peuvent se permettre d'embaucher un salarié pour la mise en place d'un management environnemental. Auprès de toutes les autres entreprises, les prescripteurs ont un rôle majeur à jouer : Chambres patronales, CCI, Chambres des métiers, etc. Certains secteurs professionnels ont déjà beaucoup avancé sur le sujet, en lançant des opérations comme : Pressing propre, Imprim'vert, Relais vert Auto, Garage propre ou encore EnVol (Engagement volontaire de l'entreprise pour l'environnement). S'agit-il de simples ambitions ou de véritables enjeux ? Là est toute la question.

AE : La majorité de l'emploi en France se trouvant dans les TPE, comment est-ce possible de les impliquer dans une croissance verte ?
GdB :
En effet, avant la crise et encore aujourd'hui, l'emploi se trouve surtout dans les TPE. S'il y a un potentiel d'emplois verts, cela devrait donc les concerner. Un imprimeur qui manipule des produits toxiques, par exemple, devra y porter une attention particulière et les donner à gérer à une personne compétente. Le développement environnemental d'une entreprise passe inévitablement par la formation continue de ses salariés. Ainsi, un garagiste qui veut améliorer la gestion de ses déchets devra former un de ses mécaniciens pour qu'il y consacre une partie de son temps de travail. En matière de diagnostic énergétique, l'enjeu de la formation est énorme, et concerne plus particulièrement le secteur du bâtiment. Mais il ne faut pas perdre de vue qu'un patron de PME a plus tendance à développer les emplois de productivité que les emplois fonctionnels. Pour qu'il y ait un véritable développement d'emplois verts, il faut que ces emplois répondent aussi à des objectifs de production.

AE : La croissance verte se trouve-t-elle dans la relation qui lie les PME à leurs donneurs d'ordre ?
GdB :
Les grandes entreprises, les grands groupes et les secteurs d'écoactivités ont beaucoup travaillé sur les questions d'environnement et l'application des trois piliers du développement durable, dont la Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE). Dans certains secteurs (automobile, aéronautique, etc.), en effet, les entreprises sous-traitantes se lancent dans la démarche en réponse à la demande de leurs donneurs d'ordre. Mais bien souvent, le cahier des charges du donneur d'ordre est trop exigeant pour laisser place à la moindre initiative de la part de la PME. Force est de constater que pour une PME, la certification ISO 14001 ne garantit ni le maintient du référencement auprès du donneur d'ordre ni d'ailleurs de remporter un marché public face à un concurrent qui ne l'a pas...

AE : La certification ne serait donc pas un levier de la croissance verte ?
GdB :
Selon l'Afnor, la France compte environ 3.500 entreprises certifiées ISO 14001 pour le management environnemental, soit 50 % de moins que l'Espagne et que le Royaume-Uni, 40 % de moins que l'Italie, et 30 % de moins que l'Allemagne. Et parmi ces entreprises ISO 14001, moins de 30 % sont des PME. Tandis qu'elles représentent plus de 50 % des certifications de démarche qualité ISO 9001. Quant aux labels de démarche de développement durable, ils n'en sont qu'à leurs débuts. Ainsi le projet Afnor 1000 NR compte 78 PME labelisées. Quant au label de responsabilité LUCIE délivré par l'association Qualité France et l'agence Vigeo, le nombre d'entreprises labelisées se compte sur les doigts de la main. La faiblesse des démarches environnementales et à fortiori de développement durable dans les entreprises est flagrante. Et le retard de la France par rapport aux autres pays industrialisés aussi. Or, les études montrent le lien entre ces types de démarche et la compétitivité des entreprises. Une montée en puissance s'impose !

AE : Quelles solutions préconisez-vous pour développer les emplois verts ?
GdB :
Nous soutenons l'idée d'un management environnemental adapté, qui passerait par une labellisation. A cette labellisation seraient associés des avantages fiscaux, une facilité d'accès aux marchés publics, une baisse des charges sur les emplois verts, etc. Ceci est d'ailleurs repris dans l'article 53 de la loi Grenelle 1. En ce moment, sous l'égide du Commissariat au Développement Durable, nous réfléchissons avec les autres parties prenantes aux manières de le traduire. Ce projet ambitieux n'est pas simple, car il doit reposer sur une démarche volontaire de l'entreprise. Soutenir les PME/TPE à s'engager dans le développement durable, ce devrait être une cause nationale ! Malheureusement, la France n'est pas suffisamment innovante en ce domaine. Pourtant, c'est un sujet consensuel qui peut fédérer, comme on l'a vu lors du Grenelle de l'Environnement. Dans le secteur du bâtiment, par exemple, les fédérations du secteur que sont la FFB et la CAPEB appuient les PME dans la formation et l'accompagnement de leurs salariés. Mais tous les secteurs n'ont pas de tels plans de mobilisation. Dans cette situation, pourquoi les entreprises créeraient-elles des emplois verts ?!

Réactions1 réaction à cet article

prêts pour les TPE pour la production d'ER

Les propriétaires qui louent des locaux aux TPE ou les TPE pourraient avoir des prêts à taux 0% pour équiper les toits de leurs bâtiments avec des panneaux solaires. Et confier cette réalisation à d'autres TPE.

Chrisaiki | 19 février 2010 à 09h59 Signaler un contenu inapproprié

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