Vice-président ''Energie Climat'' de la région Rhône-Alpes
Actu-environnement : Quelles ont été vos motivations pour la création d'une société publique locale (SPL) d'efficacité énergétique ?
Benoît Leclair : Le bâtiment représente 40 % de la consommation énergétique. Aujourd'hui nous rénovons moins de 1% du parc et il faudrait atteindre 3%. Nous avons choisi, à titre d'exemplarité, de cibler les bâtiments publics.
L'objectif de la SPL est d'accélérer les opérations de rénovation. Un des avantages de cette forme juridique est sa maîtrise par les membres. C'est un outil collectif au service des collectivités. Le montage SPL permet de disposer de ressources humaines supplémentaires : nous mettons en commun les compétences.
AE : De quelle manière procéderez-vous ?
BL : Nous travaillerons en tiers financement : la SPL financera les opérations et la collectivité apportera un loyer sur une durée d'environ une vingtaine d'années. Ce dernier couvrira le delta entre les investissements et les économies d'énergie générées.
AE : Disposez-vous de retours d'expérience de SPL d'efficacité énergétique?
BL: Aujourd'hui, nous ne bénéficions pas de retours d'expérience car c'est un objet un peu nouveau. Notre seul exemple serait les contrats de performance énergétique réalisés soit dans un cadre de partenariat public-privé, soit avec des entreprises privées. Mais ce sont des objets lourds réservés à de grosses opérations et dont le coût global s'avère en général élevé.
AE : Quelles sont les difficultés rencontrées pour réaliser de petites opérations de performance énergétique ?
BL : La principale difficulté pour de petites opérations est qu'il y a peu d'entreprises privées que cela intéresse : cela coûte trop cher en frais juridiques et d'accompagnement, de structure.
Pou y arriver, il faut regrouper des opérations comme l'a fait la Région Centre pour ses lycées ou la ville de Paris pour ses écoles. Cela devient des opérations énormes : il y a souvent de 20 à 30 bâtiments.
AE : De quelle manière la SPL efficacité énergétique pourrait soutenir ces opérations ?
BL : L'idée est de simplifier les contrats de performance énergétique en essayant de travailler avec des opérateurs régionaux. La SPL va servir d'intermédiaire entre les collectivités et les entreprises privées. Nous allons essayer de créer un marché pour pousser les entreprises à répondre à ces opérations.
AE : Quelles difficultés avez-vous rencontrés lors de la création de l'outil?
BL : Aujourd'hui rénover des bâtiments n'est pas rentable. Nous cherchons donc à optimiser en réduisant le coût, en travaillant sur les garanties de résultat pour que la collectivité ait une estimation du coût et des gains. Nous avons dû réaliser des études pour avoir une idée des réalisations abordables.
La seconde difficulté est psychologique et politique : nous avons dû convaincre en interne, la Région, et en externe, les collectivités, que l'outil pouvait apporter des résultats.
AE : Quel est le rythme de croisière prévu pour l'outil ?
BL : Le dimensionnement de l'outil est prévu pour 15 millions d'euros par an. Aujourd'hui 17 opérations ont été identifiées. Il faudrait que de nouvelles collectivités entrent dans la SPL pour assurer une continuité de travail à la structure.
Si la SPL est submergée de demandes dans 3 ou 4 ans, il faudra créer d'autres structures du même type à l'échelle d'un département ou d'une grosse agglomération.