Le ministère de l'Environnement soumet à la consultation du public (1) jusqu'au 10 janvier prochain le projet de stratégie nationale (2) relative aux espèces exotiques envahissantes.
Cette stratégie définit les actions à mettre en œuvre à différents niveaux : connaissance, sensibilisation du public, réglementation, gouvernance, prévention, interventions urgentes, gestion des espèces établies, restauration des milieux après invasion.
"De manière délibérée, la stratégie ne comporte pas de calendrier prévisionnel de mise en œuvre, ni de programmation budgétaire : elle a en effet vocation à constituer un document « intemporel »", indique le ministère de l'Environnement. Cette stratégie, ajoute-t-il, sera précisée par des documents d'application "par région ou par thème suivant les espèces et les contextes". Elle sera complétée par un plan d'action qui définira les actions prioritaires à mettre en œuvre et les responsabilités de chacune des parties prenantes.
Un coût estimé entre 9 et 12 Md€ en Europe
Le projet soumis au public est le fruit d'un groupe de travail présidé par Serge Muller, professeur au Muséum national d'histoire naturelle (MNHN), qui a été mis en place par la secrétaire d'Etat chargée de la biodiversité après l'adoption de la loi pour la reconquête de la biodiversité. Un projet de décret, relatif au contrôle des espèces envahissantes et pris en application de cette loi, a été mis en consultation en octobre dernier.
La stratégie vise aussi à mettre en œuvre le règlement européen du 22 octobre 2014 relatif à la prévention et à la gestion de l'introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes. Règlement en application duquel la Commission européenne a adopté en juillet 2016 une première liste de 37 espèces jugées préoccupantes. Les espèces exotiques envahissantes sont également visées par un objectif spécifique du plan stratégique 2011-2020 (objectifs d'Aïchi) approuvé par les Etats parties à la convention sur la diversité biologique (CDB), dont la treizième conférence s'est achevée le 17 décembre dernier.
Selon l'Observatoire national de la biodiversité, les espèces envahissantes progressent à raison de six espèces supplémentaires par département tous les dix ans en métropole. Outre-mer, 60 des 100 espèces considérées par l'UICN comme les plus envahissantes sont déjà présentes. Le coût annuel des espèces exotiques envahissantes a été estimé à 38 millions d'euros par an par le Commissariat général au développement durable (CGDD) pour ce qui concerne la France. Et entre 9 et 12 milliards d'euros au plan européen selon une étude de l'Institut pour une politique européenne de l'environnement (IEEP)