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Nucléaire : Bruxelles menace de rejeter l'audit français et les propositions de la Wenra

L'ASN vient de présenter des critères d'audit de sûreté nucléaire qui pourraient être rejetés par la Commission. En effet, Günter Oettinger a indiqué devant le Parlement qu'il ne validerait pas les tests excluant le risque humain et terroriste.

Energie  |    |  P. Collet
   
Nucléaire : Bruxelles menace de rejeter l'audit français et les propositions de la Wenra
   

Mardi 10 mai, à l'occasion d'une audition devant le Parlement européen, Günter Oettinger, le commissaire européen à l'énergie, a indiqué que la Commission européenne ne validerait pas les audits de sûreté des installations nucléaires qui n'évalueraient pas les risques terroristes et humains.

Tenir compte des facteurs humains

Ce mercredi, la Commission va présenter aux régulateurs des 27 Etats membres ses propositions qui tiennent compte de tous les risques, y compris les facteurs humains, les défaillances, les actions terroristes, les attaques informatiques et les accidents d'avions, a-t-il annoncé, selon les propos rapportés par l'AFP.

"Un test de résistance allégé ne portera pas ma signature" a assuré le commissaire européen, précisant : "j'ai besoin de l'accord de la Commission, et je l'ai, mais aussi des régulateurs nationaux de tous les pays européens."

José Manuel Barroso, président de la Commission, a confirmé dans un communiqué que "ces tests devront être complets et inclure un éventail le plus large possible de scénario, avec des facteurs naturels et humains." Si les actes de terrorisme n'ont pas été explicitement mentionnés, la présidence de la Commission assure cependant qu'il n'y a pas de divergence entre José Manuel Barroso et Günter Oettinger.

Le 25 mars 2011, le Conseil européen a donné mandat à la Commission et au Groupe des régulateurs européens dans le domaine de la sûreté nucléaire (ENSREG) d'établir les critères des stress tests avec le soutien technique de l'Association des responsables des autorités de sûreté nucléaire des pays d'Europe de l'Ouest (Wenra).

Les critères de l'ASN et de la Wenra non conformes au voeu de Günter Oettinger

La Wenra a présenté le 21 avril un document définissant les futurs tests (1) qui ne prend en compte que le risque sismique, les inondations et les "autres événemments naturels extrèmes." En l'état le projet ne satisfait donc pas au souhait exprimé par Günter Oettinger. Les 12 et 13 mai, l'ENSREG se réunira afin de valider le cahier des charges qui sera remis à la Commission.

Par ailleurs, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a devancé ses homologues et présenté le 9 mai le calendrier et les critères retenus pour les tests français. Ces derniers ne prennent en compte que les trois risques avancés par la Wenra. À cette occasion, André-Claude Lacoste, président de l'ASN, avait justifié l'absence du risque terroriste notamment du fait que l'ASN "n'est pas capable de faire une étude sérieuse" en si peu de temps et pour des questions de transparence.

Pour Europe Ecologie Les Verts (EELV), en devançant de quelques jours la présentation des critères européens, la France pratique "la stratégie du 'moins disant sécuritaire' [et tente de l'] imposer à l'Europe." Une accusation à laquelle André-Claude Lacoste avait répondu préventivement le 9 mai en indiquant qu'une telle analyse le "fait rire" car les tests français sont proches des propositions de la Wenra.

Le Conseil européen pourrait trancher…

Si les risques terroristes et humains ne sont pas pris en compte, le Commissaire européen pourrait renoncer à valider les tests pour redonner le dossier aux Etats membres. "Si on ne parvient pas à un accord entre la Commission et les régulateurs européens, alors nous rendrons peut-être le mandat au Conseil, où siègent les 27 gouvernements européens", a prévenu Günter Oettinger. Une solution qui semble-t-il ne déplairait pas à EELV qui appelle à "la pleine participation à la définition des critères des Etats membres qui ont choisi de ne pas avoir de centrales ou de les fermer", rejetant de fait une approche basée sur la seule expertise technique de la Wenra qui regroupe 16 pays disposant de centrales nucléaires.

Une telle possibilité sonne comme une menace sérieuse au regard d'un possible blocage si les Etats membres pro et anti-nucléaires ne s'accordaient pas. Une situation qui serait politiquement délicate alors qu'"il y a un intérêt du côté de la population européenne à ce que ces tests soient le plus exhaustif possible", a rappelé le Commissaire.

…sur fond de divisions persistantes

Du côté des opposants affichés au nucléaire, se trouve en particulier l'Autriche qui n'a pas de production électronucléaire et qui défend des positions parmi les plus ambitieuses s'agissant de l'audit européen. Elle plaide notamment pour que les tests soient réalisés par des experts indépendants, contrairement aux tests français et à la proposition de la Wenra qui se base sur la vérification par les régulateurs d'une évaluation des risques réalisée par les opérateurs des centrales.

À l'opposé, la France (avec 58 réacteurs), le Royaume-Uni (19) et la Belgique (7) ne veulent prendre en compte que les catastrophes naturelles et proposent que les tests soient réalisés par les opérateurs sous le contrôle des agences nationales de régulation.

Quant à l'Allemagne (17), le changement radical intervenu dans la politique nucléaire, annoncé par la chancelière Angela Merkel le 17 mars, devrait être confirmé rapidement par une loi prévoyant une sortie du nucléaire d'ici à 2020, voire 2023 au plus tard. La défaite électorale subie par la chancelière le 27 mars, alors que la pression anti-nucléaire était à son paroxysme outre-rhin, ne plaide pas pour un assouplissement de la position allemande en matière de sûreté nucléaire, d'autant plus que des tests rigoureux conforteraient le virage pris par Angela Merkel suite à la catastrophe de Fukushima.

1. Consulter le document de la Wenra
http://www.wenra.org/dynamaster/file_archive/110421/0ea2c97b35d658d73d1013f765e0c87d/StressTestsSpecifications2011-04-21.pdf

Réactions4 réactions à cet article

Au dire de cet article, si cela venait à être refusé, est ce pour autant que la fermeture des centrales se mettraient en place? non, donc le mieux pour l'asn est de laisser filer, la France gagne des années au fur et à mesure, car aucune sanction ne peut imposer des fermetures de centrales. Donc c'est de la "Mast...ion intellectuelle", les uns et les autres se font plaisir, qu'on soit pour ou contre, cela occupe ....et pendant ce temps là ....

guyno | 12 mai 2011 à 06h14 Signaler un contenu inapproprié

Effectivement, mettons nous à la place des terroristes, avec cet audit à la française : très compliqué de savoir où placer les explosifs. Heureusement la Commission veille pour leur éviter de gaspiller inutilement des matières premières.

VD69 | 12 mai 2011 à 10h26 Signaler un contenu inapproprié

Reponse pour VD69, cela est déjà connu: sur les arrivées d'eau de refroidissement et sur la sous station électrique permettant la consommation élec de la centrale. Cela est connu de tout le monde.
Pour Guyno, en effet cela ne change rien à rien. Cela étant dit, on connait les resultats du crash test concernant le risque terroriste: aucune centrale résiste, mais on ne va certainement pas toutes les fermer !

arthur duchemin | 12 mai 2011 à 15h13 Signaler un contenu inapproprié

Il est assez paradoxal que ceux qui crachent le plus sur le nucléaire sont ceux qui n'en n'ont pas, ou ceux qui font le jeu de l'hypocrisie politique :
L'Autriche est un petit pays incapable d'appréhender les besoins en énergie français, et l'Allemagne, première puissance européenne en matière d'énergie renouvelable, la première à acheter notre électricité nucléaire en pendant les pics de froid hivernaux. Il faut arrêter de stigmatiser le nucléaire. Quand comprendrons nous que sortir du nucléaire est impossible face aux besoins grandissants d'une population urbaine à démographie galopante, que les énergies renouvelables ont un rapport coût/rendement infiniment moins viable.
Deux exemples :
- Arrêt de carburants fossiles pour les voiture => Nécessité d'obtenir en électricité la puissance globale de 58 EPR pour nourrir les batteries des voitures électriques ainsi que la nécessité de centaines de centres de traitement (ICPE évidemment) pour ces batteries.
- Totalité des éoliennes off shore prévues par un appel d'offre exorbitant et qui font polémique en ce moment => Puissance seulement équivalente à 2 EPR.
Conclusion : un population de plus en plus nombreuse présente des besoins grandissant en énergie qui ne seront satisfaits que par un rendement extraordinairement plus puissant que celui des énergies renouvelables seules.
Pourquoi pas un nucléaire sûr (comme depuis 40ans en France) l'investissement dans la fusion ET également dans les énergies renouvelables?

EnviL | 12 mai 2011 à 15h15 Signaler un contenu inapproprié

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