En premier lieu, les rapporteurs dressent un constat : si ''la tempête a résulté d'une conjonction d'événements climatiques d'une rare violence'', ses conséquences ''ont été aggravées par de graves défaillances dans l'anticipation du risque de submersion marine'' dans toute la chaîne du risque : prévision, vigilance, prévention, occupation des sols et gestion des digues.
Quant aux réponses gouvernementales apportées en urgence après la crise, si la mission ''marque son accord avec le principe de la sanctuarisation des zones exposées à un risque naturel avéré et extrême'', elle regrette ''la confusion dans l'expression publique'' et le ''manque de transparence du processus de délimitation des zones à risque''.
Elle se félicite néanmoins d'avoir été entendue sur ses réserves concernant la notion de zones noires(lui préférant zone de solidarité ou d'acquisition amiable) et sur son souhait de voir évoluer les périmètres retenus. Ceux-ci devraient désormais être resserrés au terme de deux prochaines étapes : lors de la constitution du dossier d'enquête publique au moyen d'expertises complémentaires, et lors de la procédure d'enquête publique avec des expertises au cas par cas.
Enfin, la mission propose des pistes de réflexions pour éviter qu'une telle catastrophe ne se reproduise en partant d'un double constat : ''d'un côté, la pression démographique sur le littoral, déjà importante, va encore s'amplifier, de l'autre, le changement climatique va accroître considérablement la vulnérabilité du littoral''. Dans le même temps, ''dans nos sociétés hautement technologiques, nous avons cru pouvoir éliminer tout risque. En éliminant toute conscience du risque, nous avons également éliminé toute culture du risque''.
Pour mieux gérer le risque de subversion marine, la mission préconise de mettre en place ''un véritable système d'avertissement'' basé sur un code couleur, dans le même esprit que celui des alertes météo aujourd'hui.
Mais surtout, la mission recommande de réparer rapidement les digues endommagées par la tempête et ''exclut toute création de digues nouvelles ayant pour objet de créer une nouvelle urbanisation dans des zones à risques''. Elle préconise d'apporter une attention particulière au cordon dunaire, qui est un ouvrage naturel de défense contre la mer.
Sur l'aménagement des littoraux, la mission devrait se prononcer dans son rapport final. ''On ne peut pas, au nom du risque de submersion marine, sanctuariser de façon systématique les espaces littoraux. Cette conception serait vouée à l'échec. A l'inverse, on ne peut pas laisser non plus la pression foncière immobilière s'exercer au mépris de la sécurité ou de la préservation d'espaces naturels sensibles''.
Article publié le 16 juin 2010