L'Italie décrétera un moratoire d'un an sur la pêche industrielle au thon rouge, avec pour effet de stopper les thoniers senneurs dès la saison de pêche 2010 (mai-juin). ''Ce renversement dans la position de l'Italie, qui faisait partie des 6 pays européens qui avaient refusé leur soutien à l'annexe 1 en septembre dernier, change la donne au niveau des rapports de force européens'', analyse Greenpeace dans un communiqué de presse.
Autre position en faveur de la sauvegarde du thon rouge : le vote (à valeur consultative), le 27, de la commission Environnement du Parlement européen conseillant le classement en annexe 1 à la quasi unanimité des voix (48 voix pour, 2 contre).
Alors que Nicolas Sarkozy s'était déclaré pour l'interdiction de la pêche en juillet dernier, le gouvernement tarde à se prononcer à l'approche de la prochaine conférence des parties de la CITES, qui se déroulera en mars à Doha.
''Le gouvernement français ne prend pas position dans ce débat alors que cette annonce de l'Italie pourrait changer les rapports de force et que la France pourrait définitivement faire pencher la balance au sein de l'Union européenne, explique François Chartier, chargé de campagne Océans à Greenpeace. La France doit assumer une position claire, et prendre ses responsabilités par rapport à l'urgence de la situation !''.
Selon l'ONG, Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture et de la Pêche, ''reste la seule voix discordante au sein du gouvernement''. Le ministre s'est en effet prononcé pour un classement en annexe 2, alors que du côté du ministère en charge de l'Ecologie, la balance penche pour l'inscription en annexe 1. L'arbitrage devrait donc se faire au plus haut niveau.
Alors que le ministre en charge de la Pêche justifie sa position pour des raisons économiques et sociales (1.500 emplois en jeu selon lui), Greenpeace rappelle que ''cette pêche n'emploie en France que 150 personnes, pour une saison de pêche d'un mois, sur les thoniers senneurs, bateaux de pêche industrielle qui concentrent la majorité du quota de pêche. Ces quelques vingt bateaux emploient fréquemment des marins du Sénégal ou du Ghana, à très faible rémunération. La pêche artisanale emploie moins de 500 personnes en Méditerranée et en Atlantique, et ne travaille pas à destination du marché international. Au lieu d'accompagner ces quelques bateaux au bout d'un cul de sac, pourquoi ne pas prendre des mesures claires en faveur d'une pêche durable ?''.