Protégée au niveau national et européen, la Cistude d'Europe est une des deux seules espèces indigènes de tortues d'eau douce présentes en France. Classée comme vulnérable et en forte régression, cette espèce est associée principalement à deux types de milieux : les zones humides et les pelouses sèches. Ces habitats ont subi des dégradations importantes liées à l'urbanisation, au réseau routier et à l'agriculture intensive (pollution, fragmentation, assèchement). C'est pourquoi, l'association Cistude Nature, agréée au titre de la protection de la nature mène, depuis 2004, un programme d'étude pour la conservation de la Cistude d'Europe en Aquitaine. Grâce à un réseau d'acteurs et de professionnels de l'environnement, l'association cherche avant tout à préserver les habitats de la tortue.
Depuis son lancement, ce programme a permis de renforcer les connaissances sur cette espèce. Une première étape d'inventaire a permis de récolter de très nombreuses données sur la répartition de la Cistude. De 133 données collectées avant le début du programme, nous capitalisons aujourd'hui 770 données, explique l'association. Les résultats révèlent que l'espèce est présente sur toute la surface des départements de la Gironde et des Landes, en périphérie est des départements de la Dordogne et du Lot-et-Garonne et en périphérie nord du département des Pyrénées–Atlantiques.
En complément de l'inventaire, les données de présence ont permis de mieux connaître les milieux utilisés par la Cistude et nécessaires à son cycle de vie. La période d'hivernation est ainsi caractérisée par un regroupement de tortues dans des zones fortement végétalisées alors que durant la période d'activité, les Cistudes occupent la totalité du milieu aquatique disponible. Un suivi des populations par radiopistage a confirmé que la Cistude d'Europe est inféodée au milieu aquatique mais elle effectue cependant des déplacements terrestres en fonction des saisons : en mars/avril lorsqu'elle sort d'hivernation pour la reproduction, de fin mai à mi-juillet lorsque les femelles rejoignent les sites de pontes et en septembre/octobre pour retourner en hivernation. On peut alors la croiser sur des routes ou des milieux ouverts, comme des prairies ou des champs. Ces déplacements terrestres sont donc importants pour le bon fonctionnement du cycle biologique de la Cistude. C'est pour cela qu'une communication a été menée par l'association Cistude Nature auprès du public pour l'inciter à ne pas les ramasser ou les déplacer.
À ce jour, le programme d'étude et de conservation de la Cistude d'Europe en Aquitaine entre dans sa cinquième et dernière année. À partir de toutes les informations récoltées, l'association peut désormais mettre en place des mesures de protection de l'espèce et de ces milieux. La rédaction d'un guide technique destiné aux gestionnaires ou propriétaires d'espaces naturels aquitains devrait finaliser ce programme d'étude. Il sera l'outil idéal pour rassembler et communiquer ces connaissances auprès des naturalistes, gestionnaires d'espaces naturels et des particuliers qui pourront alors travailler sur des modes de gestion conservatoire adaptés à chaque type de site naturel, explique l'association. L'association Cistude Nature recherche des partenaires pour l'accompagner dans ce projet en ce qui concerne l'impression et la diffusion. Avis aux intéressés !