La compagnie Trafigura a été condamnée à un million d'euros d'amende vendredi 23 juillet par le tribunal d'Amsterdam, dans le procès de l'escale du cargo Probo Koala aux Pays-Bas en juillet 2006. Le troisième négociant mondial en produits pétroliers a été condamné pour infraction à la législation européenne sur le transport transfrontalier de déchets et pour avoir dissimulé la nature de ces déchets. Le parquet néerlandais avait requis le 21 juin une amende de deux millions d'euros contre Trafigura.

A Amsterdam, Trafigura avait tenté de faire passer ses déchets de désulfuration pour des déchets normaux, alors qu'ils étaient contaminés au mercaptan et à l'hydrogène sulfuré, gaz nauséabonds et mortels à forte concentration, rappelle l'ONG Robin des Bois dans un communiqué. Alors qu'une partie de ses déchets est déjà déchargée, Amsterdam Port Services (APS) se rend compte de l'escroquerie et réévalue le traitement des déchets de 23 à 900 euros le mètre cube. Devant le refus de payer de Trafigura, les autorités hollandaises et APS autorisent le rechargement des déchets sur le navire. Après une nouvelle escale à Paliski (Estonie), le cargo part vers l'Afrique où il déverse 500 mètres cubes de déchets dangereux à Abidjan (Côte d'Ivoire) en août 2006. Officiellement, 100.000 personnes tombent malades et 17 autres meurent.

Un ancien employé de Trafigura et l'ex-commandant ukrainien du Probo Koala ont été condamnés à des peines de prison avec sursis. Pour l'ONG Robin des Bois, le jugement va inciter ''les armateurs, les affréteurs, les équipages et les autorités portuaires à plus de rigueur technique et réglementaire dans la gestion des déchets en provenance des navires''.

Cette condamnation ne concerne pas le déversement des déchets à Abidjan, dont le procès s'est déjà achevé le 22 octobre 2008. La cour d'assises de Côte d'Ivoire avait condamné deux accusés et acquitté sept autres. Absente à l'audience, la société Trafigura avait déboursé 152 millions d'euros en février 2007 pour indemniser la Côte d'Ivoire dans le cadre d'un accord à l'amiable. Les autorités ivoiriennes avaient alors renoncé à toute poursuite.