Alors que dans la plupart des autres secteurs (approvisionnement en énergie, industrie, agriculture, gestion des déchets), les émissions ont chuté entre 1990 et 2004, elles ont, sous l'effet de cet accroissement de la demande, fortement augmenté dans le secteur des transports.
Les transports sont ainsi responsables d'un quart des émissions européennes de gaz à effet de serre et leurs besoins en énergie devraient croître de 30% d'ici 2030.
Concrètement, entre 1990 et 2005, les émissions de gaz à effet de serre en provenance du transport routier, aérien, ferroviaire ou maritime de l'Union Européenne ont augmenté de 26 %.
Un récent rapport de l'Agence européenne pour l'environnement demandait aux décideurs politiques d'établir des objectifs ambitieux mais réalistes pour ce secteur, tout en répondant de manière sérieuse et impartiale à la demande en matière de transports. La croissance effrénée des activités de transport engendre trop d'effets secondaires qui nous concernent tous, tels que le bruit et la pollution atmosphérique, rappelait la directrice de l'AEE, le professeur Jacqueline McGlade. Elle est également la cause de graves dommages pour la biodiversité en Europe.
Dans un rapport débattu lundi, les députés européens en appellent, eux, à l'innovation technologique, à la taxation ciblée et aux modifications de nos habitudes. ll est urgent, souligne Gabriele Albertini (Parti Populaire Européen-Démocrates Européens) dans son rapport, d'améliorer ses performances environnementales.
Adopté par 542 voix pour, 79 voix contre et 26 abstentions, le rapport avance des propositions mêlant innovation technologique, action sur les prix et modification des habitudes. Il y est indiqué que le secteur devrait suivre certaines voies notamment mettre fin à la dépendance quasi-totale aux carburants fossiles, intensifier la recherche sur les énergies renouvelables, investir dans la création ou la rénovation d'infrastructures et dans des systèmes de transport intelligents, repenser les axes urbains pour favoriser la mobilité urbaine durable, ou encore encourager le transport modal et développer l'interopérabilité.
Le rapport soutient en particulier l'établissement d'un cadre législatif pour réduire les émissions à 125 g de CO2 au km pour les nouvelles voitures et l'accroissement des investissements dans la recherche pour des technologies moins énergivores et moins émettrices de dioxyde de carbone.
Concernant les transports urbains, responsables à eux seuls à l'origine de 40% des émissions de CO2, le Parlement demande de promouvoir des politiques en faveur des transports publics, des piétons, de la bicyclette et du covoiturage. Les députés préconisent également des dispositions pour favoriser le travail à domicile et mettre en place une tarification routière.
Concernant le transport aérien, il est recommandé que soit introduite une différenciation en fonction des émissions des droits de décollage et d'atterrissage dans les aéroports et que soit créé un véritable ciel unique européen.
S'intéressant aux émissions dues au transport maritime, les députés souhaitent notamment que les navires au mouillage soient ravitaillés en combustibles à terre ou que la possibilité de limiter les émissions grâce au système d'échange de quotas d'émission soit soigneusement examinée, mais sans pénaliser le transport maritime, qui est le plus respectueux de l'environnement, précise le rapport.
Pour rendre le secteur des transports plus durable, d'autres propositions sont également avancées par les députes parmi lesquels une taxation ciblée sur chaque type de transport selon la pollution qu'il génère.
Le Parlement européen appelle d'ailleurs le Conseil à adopter la proposition de directive concernant les taxes sur les véhicules particuliers, à mettre en œuvre des réformes fiscales pour l'automobile et l'environnement, mais aussi que ces réformes soient suivies et coordonnées par la Commission. Celle-ci est appelée à présenter au plus tard en juin 2008 un modèle pour l'évaluation des coûts externes de tous les modes de transport et qui puisse servir de base pour le calcul futur des coûts d'utilisation des infrastructures, en commençant par une réforme de la directive sur l'Eurovignette.
Au final, toute technologie qui permettra d'atteindre les objectifs d'efficacité énergétique, de réduction de la demande de transport routier et aérien et de changement des comportements individuels sera la bonne, résume Gabriele Albertini dans son rapport.
Le commissaire aux Transports, Jacques Barrot a annoncé que la Commission présenterait prochainement un inventaire de l'ensemble des initiatives européennes ainsi qu'une communication sur l'internalisation des coûts externes pour tous les modes de transport.