Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

L'incinérateur de Gien reprend du service après plus de trois ans de travaux

En travaux depuis 2005 suite à des émissions de dioxines trop élevées, l'incinérateur de Gien fonctionne de nouveau. Équipée de fours à lit fluidisé rotatif, encore rares en France, l'installation a dû être repensée et réglée avec minutie. Détails.

Energie  |    |  F. Roussel
   
L'incinérateur de Gien reprend du service après plus de trois ans de travaux
© TIRU
   
En fonctionnement depuis 1998, l'incinérateur de Gien dans le Loiret a connu des épisodes de pollution à la dioxine au cours de la deuxième moitié de l'année 2004. Les analyses de surveillance ont en effet révélé des taux anormalement élevés en sortie de cheminée pour l'un des deux fours en fonctionnement : jusqu'à 680 ng/Nm3. Rappelons que la valeur limite d'émission fixée dans l'arrêté du 20 septembre 2002 et entré en application le 28 décembre 2005, soit un peu plus d'un an après les fais, est de 0,1 ng/Nm3 ! Au total, sur l'année 2004, l'usine de Gien a rejeté près de 50 grammes de dioxine dans l'atmosphère, soit un tiers des rejets produits cette année là par les 130 usines d'incinération françaises.

Une technologie peu éprouvée et exigeante

En conséquence, le four incriminé a été fermé dans des conditions qui avait d'ailleurs fait polémique, et une enquête a été menée par l'exploitant, le groupe TIRU, pour connaître l'origine du problème. Il s'est avéré que la présence de gros morceaux de ferraille dans les déchets arrivant à l'incinérateur a déréglé le fonctionnement du four et par conséquent la régularité de la combustion. L'incinérateur de Gien accueille en effet des ordures ménagères brutes et est équipé d'un four à lit fluidisé rotatif. Cette technologie est très sensible et très peu mise en œuvre en France. Seuls deux incinérateurs en sont équipés : celui de Mulhouse et celui de Gien.
Le principe de la technique dite du « lit fluidisé » est d'effectuer la combustion des produits solides dans un lit de matériaux inertes mis en suspension par une injection d'air chaud. Il s'agit, le plus souvent, d'un mélange de sable auquel on ajoute une petite fraction de déchets qui forment la base du « lit ». L'ensemble est rendu fluide par injection d'air (vertical, horizontal, à la base ou en parois du four...). Cette technique moins éprouvée que celle des fours à grille peut toutefois présenter plusieurs intérêts : le débit d'air étant réglable, il est possible théoriquement de diminuer la quantité de fumée et par conséquent les coûts de traitement. Ce type de four peut également accueillir tout type de déchets (ordures ménagères, boues…).

Encouragé à l'époque par l'ADEME, le test de cette technique à Gien s'est révélé plus complexe que prévu et de gros travaux ont dû être apportés par l'exploitant. Ainsi, afin de remédier à la présence de ferraille dans les déchets entrants du fait de l'absence de collecte sélective, l'exploitant a installé une chaîne de préparation de déchets équipée de séparateurs magnétiques, de broyeurs et d'un crible rotatif qui, au final, homogénéise les déchets à une granulométrie de 100 mm. Des réglages minutieux ont également été apportés au four : changement du sable, complément d'instrumentation, changement de la température, du débit d'air…

Un redémarrage prudent

Ces travaux et ces réglages auront duré plus de trois ans avec l'appui de la Préfecture du Loiret et d'un expert en dioxine indépendant. Aujourd'hui les deux lignes de combustion sont modifiées et fonctionnelles. Le 3 janvier dernier, la Préfecture a autorisé le redémarrage de l'installation. Les dernières analyses effectuées pendant les tests de redémarrage révèlent des émissions de dioxines inférieures à la norme en vigueur depuis décembre 2005 : 0,035 ng/Nm3 le 28 février dernier pour une norme fixée à 0,1 ng/Nm3. Les travaux effectués ont également permis de rendre l'incinérateur conforme aux nouvelles normes d'émissions concernant les autres polluants : poussières, SO2, CO, HCL, COT. D'autres améliorations sont prévus dans les années à venir pour assurer la conformité des émissions de NOx. Depuis le début de l'année 2008 la limite des 400 mg/Nm3 (moyenne journalière) a en effet été dépassée une fois.

La surveillance environnementale mise en place au moment de l'incident sur les recommandations de la DRIRE va peu à peu être allégée. Depuis 2005, les fumées et le biotope environnant (œufs, sols, lait, végétation) font l'objet d'analyses hebdomadaires. D'ici quelques mois, les analyses à la cheminée et dans le biotope reprendront le rythme applicable à tout incinérateur à savoir 2 analyses par an pour les fumées et 1 analyse par an pour le biotope.

Les syndicats de gestion des ordures ménagères de Gien et de Chateauneuf, propriétaires de l'incinérateur, sont désormais à la recherche de nouveaux déchets à incinérer. En 2008, l'installation devrait recevoir 40.000 tonnes d'ordures alors qu'elle a été conçue pour en recevoir 80.000 tonnes. Les deux syndicats comptent sur le nouveau schéma départemental de gestion des déchets en cours de révision pour réorienter certains déchets vers l'incinérateur de Gien notamment des déchets d'activités de soin infectieux et des déchets industriels banals.

Les deux syndicats sont en parallèle en cours de procédure judiciaire contre le constructeur de l'incinérateur pour défaut de conception. Condamné, le constructeur a fait appel. La fin du procès est attendue dans un ou deux ans.

Réactions9 réactions à cet article

Réglementation ou blague?

Je cite: "Depuis 2005, les fumées et le biotope environnant (œufs, sols, lait, végétation) font l’objet d’analyses hebdomadaires. D’ici quelques mois, les analyses à la cheminée et dans le biotope reprendront le rythme applicable à tout incinérateur à savoir 2 analyses par an pour les fumées et 1 analyse par an pour le biotope."

Deux questions:
- Quels sont les résultats de ces analyses hebdomadaires? Ils me semblent que vu le dépassement des émissions en dioxine pendant l'activité précédant l'arrêt, l'environnement proche et moins proche de l'usine a du être fortement impacté.
- Est-ce que 2 analyses par an à la cheminée de l'incinérateur sont suffisants pour déceler un pic d'émissions? Un pic étant caractérisé par une forte concentration de polluant sur une période de temps très courte, comment cela se fait-il qu'il n'y pas des mesures quotidiennes? Quand on connaît les effets de la dioxine sur les organismes vivants, et sa bioaccumulation dans les organismes, je trouve que cette réglementation est une "vaste blague". Ne parlons pas de l'analyse annuelle (car il n'y en a qu'une) sur le biotope; est-ce utile de découvrir que le lait ou les oeufs sont impropre à la consommation, du fait d'une forte concentration en dioxine, six mois après que la population locale a consommée quotidiennement ces produits?

le_gersois | 25 septembre 2008 à 10h12 Signaler un contenu inapproprié
Re:Réglementation ou blague?

Moi je suis fumeur, alors les dépassements de normes je peux dire que ce n'est pas ça qui me tuera !

Bling-Bling | 25 septembre 2008 à 11h23 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Réglementation ou blague?

Certes, mais c'est vous qui choisissez de fumer, donc vous savez les risques (ou vous ne savez pas...) que vous prenez! La dioxine, c'est autre chose que le goudron des cigarettes!! Pour avoir une idée des conséquences la dioxine. Les dioxines entraînent des effets nocifs sur l’homme à différents niveaux: hormonal, immunitaire, sur notre système de reproduction et présentent même un caractère cancérigène. C'est bien sûr la dose qui fait le poison, mais dans le cas des dioxines, la dose poison est extrêmement faible.

le_gersois | 25 septembre 2008 à 11h41 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Re:Réglementation ou blague?

Voilà encore un incinérateur qui va laver plus blanc que blanc.. vous ne trouvez pas bizarre que l'on fasse tout pour trier de plus en plus déchets, et les exploitants se demandent ce qu'on va donner à manger à cet incinérateur?????... franchement on marche sur la tête!!! vive le grenelle de l'environnement et une demande de la France de repousser les réductions de CO2 de 2010 à 2015 !!!

chantal74 | 25 septembre 2008 à 15h50 Signaler un contenu inapproprié
un véritable scandale !

Pourquoi depenser encore tant d'argent ( nos impôts) à vouloir remettre en oeuvre cet incinérateur récent qui a déjà l'occasion d'un forte dépense sans pour autant avoir de garantie formelle de non-pollution. Car quelques nanogramme de Dioxine c'est déjà suffisant pour rendre malade pas mal de gens.

Dans de nombreux autres endroits en France, ce choix de traitement des déchets est abandonné au profit de la récupération matière et de la limitation du gachis. Mais voilà pour Giens, les décisions économiques ( le profit de quelques uns) priment sur la santé de la population alors même qu'il nous dit que cet incinérateur risque d'être en vide de four (quantité insuffisante pour le faire tourner)

On est très loin des belles intentions environnementales qui avaient motivé le grenelle de l'environnement. Les installateurs et les autorités sensées surveiller cet incinérateur devraient faire amende honorable de leur incompétence et de la pollution qui en a résultée. Au lieu de cela, ils remettent le paquet.

Triste monde où les lobbies financiers qui nous poussent au gachis et à la pollution sont aux commandes

philou | 25 septembre 2008 à 21h04 Signaler un contenu inapproprié
Pollution pontuelle ou continue ?

L'article ne nous précise pas si la quantité de dioxine rejetée dans l'environnement a été évaluée par une mesure ponctuelle (obligation de 2 analyses annuelles) ou par un système de prélèvement continu avec une mensure mensuelle par exemple. Je suppose que c'est le contrôle obligatoire (donc ponctuel) qui a révélé le dépassement au niveau des dioxines rejetées. Toujours est il que je m'interroge sur la durée de ce dysfonctionnement. Avec six moix entre deux contrôles, l'annomalie a pu être présente pendant 6 mois ; mais elle a pu aussi ne se produire que quelques jours avant le contrôle. Si c'est la dose qui fait le poison, il faut savoir combien de poison on a injecté.
Le chiffre de 50 g de dioxines rejeté est énorme(correspondant à un tiers de l'ensemble des rejets de 130 incinérateurs). Si les analyses sur le biotope ne révèlent pas dans ce cas de risque sérieux pour l'environnement on pourrait être très rassuré sur les normes appliquées par les 129 autres incinérateurs de France qui rejetteraient (en respectant la norme) des milliers de fois moins de dioxines !
J'attends donc avec intérêt les résultats sur l'environnement, avec néanmoins une incertitude sur le type de pollution : pontuelle ou continu ?
En attendant j'encourage tout le monde à une sobriété de vie qui génère moins de déchets et à un renforcement du tri des déchets recyclables et au compostage domestique. En ce qui me concerne je n'ai plus grand chose à donner à "manger" à un incinérateur.

Edouard | 26 septembre 2008 à 10h11 Signaler un contenu inapproprié
Re:Pollution pontuelle ou continue ?

Calculé sur la base d’un fonctionnement de 7500 heures et d’un volume de fumées de 5800 m3 par tonne de déchets incinérés. Pour des conditions différentes (fonctionnement discontinu, arrêt prolongé, mise en service en cours d’année,…) il conviendra de le préciser et de calculer le flux réel.

que dire d'autre apres ce que dit le ministere du developpement durable, il faut faire le calcul.

assos.gadef@gmail.com

assos.gadef | 29 septembre 2008 à 12h06 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Pollution pontuelle ou continue ?

Si je comprends bien votre message, j'en conclut qu'il s'agit d'une mesure ponctuelle extrapollée sur l'année (7500 heures); ce qui laisse toujours le doute sur le caractère continu ou ponctuel de la pollution. L'incertitude sur la quantité réelle de dioxine rejetée sur l'année est toujours très forte dans le cas d'un contrôle réglementaire ; la réalité peut être plus grave, mais aussi plus négligeable.
Je pense qu'un prélèvement continu est le seul moyen (avec analyse mensuelle, par exemple) d'être transparent pour le public.
A défaut, il faut attendre les résultats sur le biotope. mais là se posera la question d'identification de la dioxine : provient elle de l'incinérateur ou provient elle d'une autre source ?
On pourra dire avec certitude s'il y a pollution. Mais il n'est pas facile d'identifier le (ou les) pollueur(s).
En attendant trier bien et réduisez vos déchets... et continuez à interroger les autorités.

Edouard | 29 septembre 2008 à 14h19 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Re:Pollution pontuelle ou continue ?

l'incinerateur doit rejeter c'est ce qui est ecrit 0,035ng/m3/heure, mais c'est 5800 m3 de fumées par heures, donc deja 0,035 X 5800 X par tonnage jour que X7500 heures=

et la vous trouverez ce qui retombe sur l'environnement.

cordialement.

assos.gadef@gmail.com

assos.gadef | 29 septembre 2008 à 14h53 Signaler un contenu inapproprié

Réagissez ou posez une question à la journaliste Florence Roussel

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires