Dans le cadre du Plan National Santé Environnement 1 (2004-2008) et du Plan Cancer (2003-2007), l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses)s'est penchée sur la question des effets sanitaires de certaines substances chimiques. Et plus particulièrement celles pour lesquelles une seule molécule pénétrant dans l'organisme peut provoquer des effets néfastes. Ces dernières substances sont, pour l'essentiel, des substances ayant des effets cancérogènes, ou dans certains cas toxiques pour la reproduction.
En 2007, l'agence a remis à plat la méthodologie employée pour évaluer l'impact sanitaire de ces substances et a proposé une nouvelle méthode pour définir les Valeurs Toxicologiques de Références (VTR). Ces valeurs indiquent la relation qui existe entre l'exposition à la substance et les effets sanitaires qui en découlent. Il en existe pour chaque substance, pour chaque voie d'exposition (inhalation, ingestion, exposition cutanée), pour plusieurs effets sanitaires et selon la durée d'exposition (chronique ou aiguë). Ces VTR sont utilisées par l'Etat, les industriels ou les consultants pour l'élaboration des évaluations de risques sanitaires demandées dans de nombreux dossiers administratifs et notamment les études d'impact des installations classées et la gestion des sites et sols pollués.
Au cours de ces dernières années, l'agence a testé sa nouvelle méthodologie sur plusieurs substances représentatives des molécules reprotoxiques comme le toluène ou l'éther éthylique de l'éthylène glycol. Le benzène, le cadmium, l'éthanol, le naphtalène ou encore le chlorure de vinyle ont également été sélectionnés comme substances d'étude. L'Anses vient de publier les résultats de ces analyses pour deux d'entre elles : le cadmium et le chlorure de vinyle.
Deux VTR pour le chlorure de vinyle
La source principale d'exposition au chlorure de vinyle dans l'environnement est la production de PVC (Polyvinyle Chloride). Une autre source d'exposition importante est la dégradation microbiologique dans les sols et les eaux souterraines de plusieurs substances utilisées pour des activités de dégraissage, de traitements de surface ou en pressing comme le trichloréthylène. La dégradation de ces composés produit du chlorure de vinyle en sous-sol qui peut se retrouver dans l'air ambiant et les ressources en eau.
En étudiant les nombreuses études toxicologiques réalisées sur les animaux, l'Anses a choisi de fixer deux VTR chroniques pour cette substance : une pour la voie orale qui s'établit à 0,625 mg/kg/jour et une autre pour la voie respiratoire qu'elle fixe à 0,0038 mg par m3 d'air. Au-delà d'une exposition à ces doses, des effets cancérogènes sont susceptibles d'apparaître.
La voie respiratoire privilégiée pour le cadmium
Pour le cadmium, l'Anses s'est focalisé sur l'exposition par voie respiratoire compte tenu que ce métal utilisé dans l'industrie peut être présent sous forme de poussières. C'est également l'une des substances retrouvées dans la fumée de cigarette. Les réflexions de l'Anses ont abouti à l'élaboration de deux VTR chroniques : une première liée aux impacts sur les poumons fixée à 0,3 µg par m3 d'air inhalé et l'autre liée aux atteintes rénales fixée à 0,45 µg par m3.