362.203 tonnes de pneumatiques ont été traitées en 2011, selon les données fournies par des installations de traitement : l'observatoire de la filière "Pneumatiques usagés" de l'Ademe vient de publier son rapport annuel (1) .
Instauré en 2004, il s'inscrit dans le cadre de la demande de communication d'informations requise par l'arrêté du 23 juillet 2004 (2) .
D'après le document, la filière de traitement la plus importante reste la valorisation énergétique avec 35,2% des tonnages. Viennent ensuite la granulation (29,6% des tonnages), l'utilisation en travaux publics et génie civil (18%) et enfin la réutilisation des pneus (16,4%). Par rapport à 2010, la valorisation énergétique a augmenté de 6 %. Cette hausse s'explique par un nouveau contrat d'Aliapur qui a conduit à l'envoi de 17.617 tonnes supplémentaire dans une cimenterie au Maroc.
La progression la plus importante est celle de la réutilisation avec + 17,6%. Dans un contexte de crise économique, le rechapage a en effet augmenté de 16% et le marché de l'occasion de 19 . La valorisation des pneus en travaux a connu une légère hausse de 2,8% .
En revanche, comme la filière "aciérie/fonderie" (3) a disparu, le recyclage global de la matière (4) a diminué de 0,5%. La granulation quant à elle connaît une petite avancée de 2,5%.
Au final, 22% des tonnages déclarés traités sont exportés (principalement au Maroc) pour une utilisation comme combustible et en incinération avec récupération d'énergie.
Cette prépondérance de la valorisation énergétique pourrait connaître un coup de frein avec la révision du décret de 2002 relatif à l'élimination des pneumatiques usagés. Celle-ci prévoit en effet l'introduction du terme déchets pneumatiques à la place de pneumatiques usagés. Cette modification pourrait compliquer l'exportation et cette voie de traitement.
Réduction de la production de pneumatiques en 2012
Selon le document de l'Ademe, la mise sur le marché des pneumatiques en 2012 devrait être inférieur à celle de 2011. Elle pourrait ainsi chuter de 6 %. Les explications sont multiples : recul de la production automobile, pressions sur le pouvoir d'achat des ménages, limitation des investissements en véhicules utilitaires du coté des entreprises.
Le rapport pointe également que certains producteurs ne respectent pas leurs obligations et ne contribuent pas au financement de la collecte et du traitement des pneumatiques (pour un tonnage équivalent à celui qu'ils ont mis sur le marché). Aliapur estime ainsi à 22.000 tonnes les pneus qui échappent chaque année à l'éco-contribution tout en étant collectés dans les points de ventes. En conséquence, la filière rencontre des problèmes de financement pour ce surplus de déchets.
La révision du décret de 2002 pourrait améliorer les choses avec renforcement du contrôle des acteurs (producteurs de pneus, organismes collectifs, opérateurs de traitement) ainsi des sanctions à l'encontre des producteurs récalcitrants (jusqu'à 7 500 €).
De nouveaux débouchés
Des voies alternatives pour les pneumatiques usagés pourraient être développés à l'avenir. Ainsi, Aliapur développe depuis 2004 l'utilisation de granulats dans les pièces plastiques automobiles pour équiper des véhicules neufs. Le matériau composite utilisé contient plusieurs produits : thermoplastiques, granulats de pneus et additifs. Les prototypes fabriqués en 2011 par Aliapur utilisaient jusqu'à 40% de granulats.
Bassins d'infiltration et de rétention, chauffage urbain, cimenterie, drainage, écrans acoustiques, sols sportifs ou encore plates-formes de tramway : de nouveaux débouchés pour la valorisation de la matière voient le jour.
Depuis janvier 2011 un programme de développement de l'intégration de poudrettes de pneus usagés dans les bitumes est mené. Elle a débouché sur la réalisation de premières dalles en béton contenant du granulat de pneu sur un site de la communauté urbaine du Grand Toulouse. Désormais, reste à contrôler leur évolution.
En 2011, un arrêté d'autorisation pour la construction d'une usine de valorisation des pneus par thermolyse (5) a également ouvert la porte à cette filière. L'usine pourrait démarrer en phase de test d'ici la fin 2013. Des efforts restent toutefois à faire. A la fin de l'année dernière, Aliapur et l'Ademe ont lancé un appel à projets pour détecter les "produits et marchés de demain autour du pneu usagé". L'analyse des dossiers des candidats vient de s'achever : en dépit du dépôt de 33 dossiers, l'appel à projets est déclaré infructueux.