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Actu-Environnement

Les députés européens durcissent leurs positions sur l'utilisation des pesticides en Europe

Alors que les Etats membres ont négocié un compromis avec la Commission relatif à la future législation sur la mise sur le marché et l'utilisation des pesticides, le Parlement européen durcit ses positions ce qui augure des négociations difficiles.

Agroécologie  |    |  F. Roussel
Dans le cadre de la refonte de la réglementation sur la mise sur le marché et l'utilisation des pesticides, les Etats membres et le Parlement sont invités à se prononcer sur les projets de la Commission. En octobre 2007, le Parlement s'était exprimé en première lecture pour un renforcement des dispositions proposées : autorisation de mise sur le marché (AMM) de 5 ans pour les pesticides pouvant être remplacés, interdiction des substances génotoxiques, carcinogènes, reprotoxiques mais également neurotoxiques et immunotoxiques, donner aux Etats membres le droit de refuser l'AMM d'un pesticide… Entre-temps, les Etats membres ont négocié de leur côté un compromis plus souple avec la Commission et ont par exemple obtenu des dérogations à l'interdiction de certaines substances.

Bientôt une liste de substances autorisées ?

Mais le Parlement européen ne semble pas prêt à assouplir ses positions puisque dans le cadre de la seconde lecture des textes, la Commission de l'environnement du Parlement a réitéré son souhait d'élaborer une liste européenne des substances actives autorisées avec des durées variables en fonction de leur toxicité. Ensuite, sur la base de cette liste, les pesticides seront soumis à une autorisation de commercialisation au niveau national.
Les députés souhaitent également que les pesticides pouvant être remplacés par des produits moins toxiques ne soient autorisés que durant deux ans alors qu'en première lecture ils avaient proposé 5 cinq ans contre 7 ans pour la Commission européenne.

La Commission du Parlement confirme également son souhait d'interdire certains produits hautement toxiques, comme les perturbateurs endocriniens, les agents génotoxiques, cancérogènes et toxiques pour la reproduction et les agents neurotoxiques et immunotoxiques pour le développement. Toutefois, lorsqu'une substance est indispensable pour combattre un danger phytosanitaire grave, elle pourrait être approuvée pour une durée allant jusqu'à quatre ans même si elle ne satisfait pas à ces critères de sécurité.

Par ailleurs, les députés sont toujours aussi fermement opposés à la division de l'UE en zone d'autorisation. Cette proposition de la Commission européenne consisterait à dire que tout pesticide autorisé par un Etat membre au sein d'une zone donnée serait approuvé systématiquement par les autres pays de la zone. Les députés préfèrent un système où les Etats membres se réserveraient le droit de confirmer, rejeter ou limiter l'approbation des pesticides, en fonction de leur situation nationale particulière.

Des objectifs de réduction de l'utilisation des pesticides

Dans le cadre du projet de directive sur l'utilisation des pesticides, les députés de la Commission environnement ont adopté un amendement qui stipule que les plans d'action nationaux de réduction des quantités de pesticides devront comporter des objectifs quantitatifs. Pour les « substances actives très préoccupantes » et celles classées comme « toxiques ou très toxiques », l'objectif serait une réduction d'au minimum 50% d'ici à 2012.

Concernant l'application des pesticides par pulvérisation aérienne, la Commission de l'environnement est moins favorable que les Etats membres. Ces derniers proposent que lorsque l'autorité ne répond pas dans un laps de temps donné à une demande de pulvérisation, cette demande soit approuvée (principe de l'accord tacite). Les députés rejettent cette idée et proposent que les États membres puissent exiger que les résidents du voisinage soient avertis à l'avance lorsqu'une pulvérisation est prévue.

Dans le but de protéger les eaux des pesticides, les États membres souhaiteraient simplement devoir prendre des « mesures appropriées ». Mais les députés ont confirmé leur exigence de prévoir l'aménagement de zones tampons le long des cours d'eau et des mesures encore plus sévères dans les zones de captage d'eau potable.

Enfin, pour ce qui est des zones où l'usage des pesticides doit être restreint au minimum, comme les parcs et terrains de jeux ou de loisirs, la Commission de l'environnement espère inclure les infrastructures de santé publique dans ces zones et établir des « zones de non-pulvérisation » à proximité de toutes ces zones protégées.

Globalement le Mouvement pour les Droits et le Respect des Générations Futures, association française très impliquée sur le sujet des pesticides, est satisfait : les amendements les plus importants pour la santé et l'environnement sont passés, mais de justesse, déclare François Veillerette, Président du MDRGF. L'association regrette toutefois que des dérogations aient été mises en place.

Reste à savoir désormais comment ses propositions vont être accueillies par le Conseil. Un certain nombre de points feront l'objet de négociations avec les Etats membres avant que le Parlement se prononce en plénière en décembre ou en janvier.

Réactions4 réactions à cet article

Un texte de référence ?

Bonjour,
il ne s'agit pas d'une réaction mais d'une question : les mesures prises par la Commission se fondent-elles sur des textes, résultats d'expérience publiés et/ou officiels ?
Certains pesticides sont-ils désormais officiellement reconnus comme hautement toxiques (ou bien s'agit-il d'un principe de précaution) ?

Merci à vous !

alice08 | 13 novembre 2008 à 08h50 Signaler un contenu inapproprié
Re:Un texte de référence ?

Bonjour,

Pour répondre à vos questions :
1. Les mesures prises par la Commission se fondent-elles sur des textes, résultats d'expérience publiés et/ou officiels ?
Il existe effectivement un texte officiel qui réglemente la mise sur le marché des pesticides en Europe; ce texte c'est la directive 91/414/EEC qui propose une liste positive de substances actives autorisées au niveau européen dans son annexe I. Ce texte est en cours de révision, et le durcissement de la position des députés européens semble se faire à la fois au niveau des délais et du profil toxicologique des substances actives pesticides mais aussi au niveau de la liberté qu'ont les Etats Membres de choisir d'autoriser ou non une substance déjà sur la liste positive (annexe I de la directive 91/414/EEC donc).
2. Certains pesticides sont-ils désormais officiellement reconnus comme hautement toxiques (ou bien s'agit-il d'un principe de précaution)?
Selon la directive 91/414/EEC, depuis 1996, les substances actives pesticides sont obligatoirement évaluées afin de connaitre leur toxicité pour l’homme et pour l’environnement. Cette évaluation se fait sur la base d’études de toxicité très complètes et aboutit notamment à un classement selon la toxicité des substances. Ce classement est publié et reconnu par tous les Etats Membres. Donc on peut effectivement dire que les pesticides sont officiellement reconnus comme étant soit très toxique, toxique, voire non toxique et ce depuis plusieurs années, voire des dizaines d’années dans beaucoup de cas. On peut cependant aussi avancer que réglementer (autoriser ou non) les pesticides uniquement sur la base de leur toxicité entre complètement dans le cadre du principe de précaution, puisqu’en effet des produits très toxiques peuvent avoir des risques faibles du fait de la non exposition des populations (par exemple les déboucheurs de lavabos à base de soude qui sont des produits très toxiques ou toxiques, mais présentent un risque faible du fait de leur emballages). Les conditions d’applications des pesticides, qui entrent dans une large mesure dans le risque encouru, ne sont de ce fait plus prises en compte.
Le sujet est vaste, complexe et plutôt controversé, mais le débat est à la hauteur, fort heureusement.

Chouchou | 13 novembre 2008 à 12h01 Signaler un contenu inapproprié
c'est plus clair !

Merci pour ces éclaircissements.
C'est qu'avec tous ces aller-retours de la part des institutions européennes en charge de la réglementation des pesticides, on ne sait plus s'il s'agit de querelles de lobbyistes ou de réflexions qui s'appuient sur des données scientifiques !
Affaire à suivre, alors !

alice08 | 13 novembre 2008 à 12h49 Signaler un contenu inapproprié
empoisonnement en toute légalité

-"Pour les substances actives très préocupantes et celles classées comme toxique ou très toxique, l'objectif serait une réduction d'au minimum 50% d'ici à 2012"
Les substances sont très préocupantes, mais ce qui me préocupe le plus, c'est l'inconsistance des députés qui sont décidés à laisser ces saloperies nous empoisonner. La mesure logique, celle du bon sens populaire, serait de les interdire immédiatement. Autrement dit, c'est gens vont pouvoir nous tuer tranquillement ; cancer, sclérose, stérilité etc. ! De plus comme se sont les mêmes lobbies qui fabriquent "les médicaments" on peut donc se dire qu'ils maitrisent le processus de la maladie : fabrication en amont et soins en aval ! Elle est pas belle la vie ! Remarquable soirée sur ARTE hier sur les vraies problématiques et de leurs solutions! A quelques exceptions prêt, nos chers députés et sénateurs sont à l'ouest ! Dormez bien, le réveil sera fracassant.

Mathias | 19 novembre 2008 à 16h39 Signaler un contenu inapproprié

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