Cet IMOSEB, lancé sous l'impulsion du Président de la République, Jacques Chirac, lors de la Conférence de Paris sur la biodiversité en janvier 2005, a pour objectif de rassembler des scientifiques de haut niveau au sein d'un réseau mondial d'expertise sur la biodiversité. À l'instar du Groupe international sur le changement climatique créé en 1988 (GIEC), il permettra d'estimer les conséquences des changements globaux de la planète en matière de diversité biologique.
Cette première réunion avait pour objectif essentiel le lancement officiel du Comité de Pilotage International (CPI) qui doit mener les réflexions nécessaires à l'établissement de l'IMOSEB. Elle a permis également de consolider les principes de mécanisme d'expertise et de recueillir les premières propositions d'axes de travail. Ce CPI est composé de scientifiques de différentes disciplines et nationalités, d'institutions, de gouvernements et de représentants de la société civile, tous concernés par la biodiversité. Il a été créé pour mener une consultation internationale en vue de définir le rôle de l'IMOSEB, son champ d'action, ses relations avec les conventions internationales, les acteurs qui rentreront en jeu, le budget et le financement, etc.
Les conclusions de ces travaux ne seront connues et présentées qu'à la 8ème conférence des Parties de la convention sur la biodiversité, organisée à Curitiba au Brésil en mars prochain.
Néanmoins lors des séances plénières, les experts ont rappelé l'urgence de la situation en ce qui concerne la biodiversité : l'UICN prévoit, entre autre, la disparition d'un mammifère sur quatre, d'un amphibien sur trois et d'un quart des conifères. Certains experts ont évoqué la nécessité d'impliquer les gouvernements et de les mettre devant leurs responsabilités. Protéger les aires naturelles ne suffit plus, il faut agir ! D'autres interpellent sur l'absence d'informations scientifiques suffisantes pour aider à la prise de décision des politiques. Le but de l'IMOSEB serait donc à terme de regrouper l'information scientifique pour éclairer et accompagner les processus de décisions, de valider des scénarios, d'envisager des solutions et surtout d'informer l'opinion publique sur les enjeux et les conséquences des bouleversements annoncés.
François Goulard, Ministre délégué à l'Enseignement supérieur et à la Recherche, a réaffirmé son engagement et celle du Gouvernement : la dimension scientifique, par ses valeurs, son objectivité, doit prendre la première place dans la réflexion qui nous anime. Sans elle, il n'y a pas de décision éclairée, pas de politique fondée. Il a également souligné la nécessité de renforcer l'effort de la recherche, notamment dans le cadre de la Stratégie nationale pour la biodiversité qui sera prochainement présentée en Conseil des Ministres par Nelly Ollin, Ministre de l'Ecologie et du Développement durable, et a annoncé un accroissement des moyens qui seront consacrés en 2006 au programme thématique « biodiversité » de l'Agence nationale de la recherche.
Et les axes de recherche ne manquent pas. Les naturalistes estiment qu'ils ont déjà identifié plus d'1.750.000 d'espèces différentes : 950.000 insectes, 270.000 plantes, 20.000 poissons, 10.000 oiseaux et 5.000 mammifères. Mais le nombre total d'espèces qui restent à découvrir pourrait atteindre probablement entre 10 et 18 millions.
Le célèbre naturaliste Jean-Marie Pelt tente d'alerter l'opinion publique en expliquant que certaines de ces espèces risquent de disparaître totalement avant d'avoir été découvertes. C'est une perte de savoir incontestable !
D'autre part, beaucoup d'incertitudes planent encore sur les causes de la vague d'extinction que subit la planète. Même si certains scientifiques énoncent des hypothèses, le fonctionnement des écosystèmes est si complexe qu'il est encore difficile de comprendre les interactions qui existent entre les êtres vivants et leur milieu. Pourtant mieux comprendre c'est savoir mieux protéger.
Parmi ces espèces menacées, il ne faut pas oublier l'Homme. Cette disparition des espèces vivantes, outre les pertes éthiques et culturelles qu'elle représente, risque de conduire comme commencent à le démontrer des expériences scientifiques, à la dégradation ou la disparition des fonctions et services que la biodiversité « rend » à l'espèce humaine : son bien-être, sa santé, ses activités économiques, ses modes de vie et à terme sa survie. En 2005, une synthèse menée à l'échelle mondiale par plus d'un millier de scientifiques (Millenium Ecosystem Assessment) a révélé combien l'ampleur de ces modifications pouvait toucher directement ou indirectement le bien-être de l'espèce humaine et notamment les populations les plus pauvres.