De nombreux agriculteurs ont depuis opté pour d'autres fumigants et pour des mesures non chimiques pour arrêter totalement ou réduire considérablement leur utilisation de bromure de méthyle. Toutefois, alors que le Protocole de Montréal prévoyait une cessation complète d'utilisation dès le 1er janvier 2005, nombre de pays sollicitent encore régulièrement des dérogations pour se donner le temps de trouver des produits de remplacement.
C'est dans ce contexte que 5.000 exploitations agricoles et organisations viennent de s'associer au Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) pour accélérer l'élimination progressive du bromure de méthyle. Des associations agricoles et des supermarchés tels que Marks & Spencer et Co-operative Group UK, ainsi que des organisations internationales comme l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), l'Organisation des Nations Unies pour développement (UNIDO) ou encore l'organisation de certification agricole MPS, figurent parmi les adhérents de cette nouvelle initiative. Ce partenariat vise à accélérer par la démonstration, l'adoption de produits de remplacement, moins nuisibles à la couche d'ozone que le bromure de méthyle. Les fermes et les compagnies participantes ont soit déjà éliminé le bromure de méthyle ou s'engagent à le faire d'ici septembre 2007, à l'occasion du vingtième anniversaire du Protocole de Montréal.
Pour Shafqat Kakakhel, Responsable en chef et Directeur exécutif adjoint du PNUE, le bromure de méthyle s'avère beaucoup plus difficile à éliminer, parce que certains fermiers restent convaincus que les produits de remplacement sont inefficaces et trop onéreux. En démontrant que des milliers de fermes et de compagnies ont réussi à cultiver, à acquérir et à vendre des produits agricoles cultivés sans recourir à cette substance chimique, le partenariat envoie un message clair qu'un monde débarrassé de bromure de méthyle est possible dans le moyen terme, explique-t-il.
Une étude menée dans le cadre de ce partenariat a jusqu'ici identifié plus de 5.000 exploitations agricoles, dans plus de 30 pays à travers le monde, qui produisent des tomates, des melons, des fraises et des fleurs non traités au bromure de méthyle. C'est le cas par exemple des fermiers de la région d'Alméria en Espagne. Les fermiers de la région produisent presque 60% des légumes exportés d'Espagne, explique Juan Colomina Figueredo, directeur général de COEXPHAL, association des fermiers et exportateurs de fruits et légumes d'Alméria. Il y a plusieurs années, nos fermiers ont éliminé le bromure de méthyle de cette vaste région agricole, et les consommateurs sont satisfaits des résultats. Nos fermiers ont également découvert que les alternatives sont économiquement viables dans ce secteur hautement compétitif.
Le constat est similaire à l'Organisation des Nations Unies pour développement (UNIDO). Depuis 1997, l'UNIDO travaille de près avec des fermes de pays en voie de développement, offrant des formations et aidant les fermes à adopter des alternatives au bromure de méthyle, explique Guillermo Castella Lorenzo, gestionnaire de programme à l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel. À ce jour, ces projets ont assuré l'élimination progressive de plus de 3.100 tonnes de bromure de méthyle. D'après notre expérience, à l'aide d'une formation adéquate et de transfert de technologie, des fermes peuvent produire des cultures, comme des fleurs et du tabac, des tomates, des poivrons, des melons et des fraises sans utiliser de bromure de méthyle, ajoute-il.
Le partenariat va se baser sur un service interentreprises, reliant les commerçants qui cherchent de bons produits cultivés sans bromure de méthyle avec des fermiers et des fournisseurs qui n'utilisent pas ce produit. Le système s'associera également à des organisations de certification agricole pour que les entreprises puissent acquérir en toute confiance des produits certifiés « sans bromure de méthyle ».
Article publié le 14 avril 2006