La problématique du radon concerne principalement le bâtiment. À partir du sol et de l'eau, le gaz diffuse dans l'air et se trouve, par effet de confinement, à des concentrations plus élevées à l'intérieur des bâtiments qu'à l'extérieur. L'entrée du radon résulte de nombreux paramètres (concentration dans le sol, perméabilité et humidité du sol, présence de fissures ou de fractures dans la roche sous-jacente) et notamment des caractéristiques propres de l'habitat (procédé de construction, fissuration de la surface en contact avec le sol, système de ventilation…).
La prise de conscience du problème en France est relativement récente. De nombreux acteurs sont concernés du fait de la polyvalence de la question : santé, radioactivité, bâtiment, environnement. Les premières études ont abouti à une cartographie de l'exposition au radon dans l'habitat qui s'est petit à petit affinée grâce à des campagnes de mesure. Actualisée en 2002, elle met en évidence 31 départements dits à risque. Les régions les plus fortement touchées sont le Limousin, le Massif Central, la Bretagne et la Corse.
Sur le plan réglementaire, la situation se précise également que ce soit pour les bâtiments ouverts au public ou les habitations neuves ou anciennes. En pratique, les pouvoirs publics estiment que l'on peut distinguer trois niveaux en termes d'exposition : en dessous de 400 Bq/m3, « la situation ne justifie pas d'action correctrice particulière » ; entre 400 et 1000 Bq/m3, « il est souhaitable d'entreprendre des actions correctrices simples » ; au-delà de 1000 Bq/m3, « des actions correctrices, éventuellement d'envergure, doivent être impérativement conduites à bref délai, car on aborde un niveau de risque qui peut être important. »
Afin de contrôler le respect de cette réglementation dans les lieux ouverts au public et notamment dans les établissements d'enseignement et dans les établissements sanitaires et sociaux, des mesures de radon sont réalisées depuis 1999. Le bilan de ces mesures publié par la Direction générale de la sûreté nucléaire et de la radioprotection (DGSNR) en 2003 montrait que sur environ 13.000 établissements contrôlés entre 1999 et 2001, 12% présentaient des concentrations supérieures à 400 Bq/m3 et 4% supérieures à 1000 Bq/m3.
Compte tenu de ces taux d'expositions non négligeables, le Plan National Santé Environnement (PNSE) présenté en juin 2004 a pris en compte la problématique du radon en tant que polluant de l'air intérieur des bâtiments. Concernant les bâtiments ouverts au public, une nouvelle campagne de mesure est en cours dans les départements à risque. Elle devrait s'achever fin 2006 et permettra de disposer de nouveaux indicateurs. Concernant les habitations déjà existantes, le PNSE prévoit d'intégrer la mesure du radon dans le dossier sanitaire de l'habitat exigé lors des transactions immobilières afin d'informer et protéger les acquéreurs au même titre que l'amiante.
Quant aux constructions neuves, des études sont en cours en vue de mettre en place des nouvelles règles de construction pour réduire l'exposition au radon dans les habitations neuves situées dans les zones géographiques à risque. En parallèle, seront également développées des actions de formation des professionnels du bâtiment et d'incitation des propriétaires pour réduire l'exposition au radon.
Les techniques visant à diminuer la présence de radon dans les bâtiments consistent d'une part à diluer la concentration en radon dans le volume habité et d'autre part à empêcher le radon venant du sol d'y pénétrer.
En premier lieu, il est indispensable d'assurer une étanchéité à l'air entre le bâtiment et son sous-sol. Si ces techniques ne sont pas toujours suffisantes (identification incomplète des points d'entrées, problèmes de mise en œuvre, efficacité au cours du temps), elles constituent néanmoins un préalable essentiel. D'autres solutions peuvent être mises en œuvre en parallèle comme celle qui consiste à diluer le radon présent dans le bâtiment en augmentant le renouvellement d'air. Mais l'efficacité de cette solution semble être assez faible car on ne peut pas augmenter le renouvellement d'air inconsidérément sans tenir compte des contraintes énergétiques et de confort thermique.
Enfin, une troisième technique consiste à traiter le soubassement (vide sanitaire, cave, dallage sur terre-plein). Ce traitement peut être effectué par aération naturelle ou par ventilation mécanique.
Cependant, selon le CSTB, le principe de réduction de l'entrée du radon dans les bâtiments le plus efficace repose sur le Système de mise en Dépression du Sol (S.D.S.). L'objectif de cette dernière technique consiste à générer dans le soubassement un champ de pression inférieur à celui régnant au niveau du sol. Pour cela, l'air du soubassement est extrait mécaniquement vers l'extérieur. On empêche ainsi les mouvements convectifs de l'air contenu dans la porosité du sol et chargé en radon vers le bâtiment.
Pour les bâtiments neufs, une intégration de ces techniques dans la conception du bâtiment permet d'assurer une bonne efficacité de la solution pour un coût marginal. Alors que pour les bâtiments existants, les moyens à mettre en œuvre sont à considérer en fonction des caractéristiques du bâtiment et des niveaux de concentration en radon.