L'empreinte de l'humanité, qui se calcule en évaluant la surface productive nécessaire pour répondre à sa consommation de ressources et pour absorber ses déchets, a commencé à dépasser la biocapacité globale dans les années 80. Ce dépassement a depuis augmenté chaque année, avec une demande excédant l'offre d'environ 25 % en 2003 et a atteint 14,1 milliards d'hectares globaux. Rapporté à un individu, cela correspond à 2,2 hectares globaux ! Selon un autre point de vue cela signifie qu'il faudrait à peu près un an et trois mois pour produire les ressources écologiques que nous utilisons en une année. L'humanité consomme donc trop et hypothèque les ressources naturelles des générations futures, explique le WWF.
À l'échelle de la France, les chiffres ne sont guère meilleurs. Selon Bernard Cressens, Directeur des Programmes WWF-France, l'empreinte écologique de la France compte parmi les douze plus mauvaises sur les 147 pays référencés. Alors qu'un habitant de la planète devrait utiliser au maximum 1,8 hectare « global » (évaluation moyenne par habitant de la superficie disponible biologiquement productive) compte tenu des capacités de régénération des ressources naturelles, un Français en utilise 5,6 ha. Nous sommes donc débiteurs par rapport à tous ceux qui exploitent moins de 1,8 ha comme c'est le cas d'un Indien, d'un Vietnamien, d'un Péruvien ou d'un Soudanais, souligne le WWF. C'est notre consommation énergétique (énergie fossile et nucléaire) qui pèse le plus lourdement dans notre empreinte (+de 50%), explique Bernard Cressens. Les pays voisins comme les Pays-Bas (4,4ha) et l'Allemagne (4,5ha) sont bien plus performants dans ce domaine. Le palmarès des mauvais élèves de l'empreinte écologique revient aux Emirats arabes unis (11,9ha), aux Etats-Unis (9,6ha) et à la Finlande (7,6 ha).
L'autre indice de ce rapport, l'Indice Planète Vivante, mesure l'évolution de la diversité biologique de la Terre. Il utilise les tendances des populations de 1313 espèces de vertébrés - poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux, mammifères - provenant de tous les coins du monde. Il est calculé comme la moyenne de trois indices séparés qui mesurent les évolutions dans les populations de 695 espèces terrestres, 274 espèces marines et 344 espèces d'eau douce, note le rapport. Résultat : entre 1970 et 2003, l'indice a diminué de 30%. Cette tendance globale semble indiquer que nous dégradons les écosystèmes naturels à un rythme sans précédent dans l'histoire humaine. Ce déclin est également présent pour les indices terrestres, marins et d'eau douce pris individuellement.
Le message de ces deux indices est clair et urgent : nous avons excédé la capacité de la Terre à soutenir nos styles de vie pendant les 20 dernières années et nous devons arrêter. Nous devons équilibrer notre consommation et la capacité de la nature à se régénérer et à absorber nos déchets sous peine de dommages irréversibles, prévient James P.Leap.
Le rapport propose un scénario de sortie de crise d'ici 2050 permettant à la fois un développement durable et une restauration progressive de la biocapacité.
*http://www.wwf.fr/documents/rapport_planete_vivante_2006