« Nous nous inscrivons en faux face aux allégations établissant un lien entre la qualité des eaux et l'incendie du 26 septembre 2019. » Telle est la réaction, communiquée le 29 octobre par la société Lubrizol France, à la suite de la parution de plusieurs articles de presse faisant état de la pollution d'un étang à Forges-les-Eaux et de nappes phréatiques à Fontaine-sous-Préaux (Seine-Maritime).
Le 14 septembre dernier, la société Lubrizol était mise en examen pour déversement de substances nuisibles dans les eaux et pour rejet en eau douce de substances nuisibles aux poissons. Cette nouvelle mise en examen, après celle du 27 février 2020, faisait suite à deux rapports de l'Office français de la biodiversité (OFB) et de la direction départementale des Territoires et de la Mer (DDTM). Ceux-ci avaient effectué des prélèvements dans la darse du bassin aux Bois, qui avait recueilli les eaux d'extinction du sinistre. Une pollution non contestée par la préfecture et pour laquelle l'industriel a effectué des travaux de dépollution.
Des analyses effectuées par l'Institut national de l'environnement et des risques (Ineris) sur des prélèvements réalisés deux jours après le sinistre avaient pourtant mis en évidence des valeurs anormales pour plusieurs paramètres, dont le plomb, dans la commune de Forges-les-Eaux. « On observe un marquage pour plusieurs métaux », avait alors reconnu la préfecture.
« Eaux parfaitement potables »
Le 27 octobre 2021, c'était au tour de StreetPress de révéler, à partir de données fournies par un lanceur d'alertes travaillant à l'agence de l'eau, une pollution des nappes phréatiques aux hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) dans une source, à Fontaine-sous-Préaux. Or, cette source alimente une station de production d'eau potable, qui fournit 100 000 Rouennais, indique le site web d'information indépendant.
« L'incendie Lubrizol a donné lieu à une campagne de prélèvements sans précédent », a rappelé la préfecture quelques jours avant cette publication. « L'agence régionale de santé (ARS) a piloté les campagnes de prélèvements relevant du domaine de l'alimentation en eau potable, campagnes qui n'ont pas fait apparaître de problème particulier, toutes les eaux traitées sur la zone de Rouen étant parfaitement potables », ajoutaient les services de l'État.
Plus prudente, Lubrizol France ne conteste pas les pollutions en elles-mêmes, mais le lien de causalité avec le sinistre qui a détruit son usine ainsi que les entrepôts de NL Logistique. « Les données utilisées dans les deux cas relatés par ces articles le sont en dehors de toute prise en compte géographique et historique et sans valeurs de références (locales, nationales, antérieures) », affirme l'industriel.
En d'autres termes, il est extrêmement difficile d'établir un lien entre le sinistre et ces pollutions dans un bassin industriel où les pollutions historiques sont nombreuses et importantes. Ce qui est commode pour contester toute responsabilité dans les dommages constatés.