Mercredi 6 mai, Ségolène Royal a annoncé avoir "diligenté une enquête des inspections compétentes (conseil général de l'économie et conseil général de l'environnement et du développement durable)" pour "faire toute la lumière sur les circonstances [des rejets de plutonium dans la Loire en 1980] et sur l'information dont ont bénéficié, alors, les autorités de contrôle". De même, la ministre de l'Ecologie annonce avoir saisi les dirigeants d'EDF, actuels et de l'époque, au sujet de ces rejets radioactifs.
Cette enquête administrative fait suite à un reportage diffusé lundi 4 mai au cours duquel Marcel Boiteux, directeur général d'EDF de 1967 à 1987, expliquait que l'entreprise publique avait rejeté dans la Loire des effluents contenant du plutonium lors de l'accident survenu en 1980. Si l'accident (la fusion partielle du cœur du réacteur graphite-gaz numéro 2) classé au niveau de l'échelle internationale des événements nucléaires (Ines) graduée de 0 à 7 est connu de longue date, les rejets de plutonium ne l'étaient pas. "C'est quand même pas grand-chose", estime l'ancien dirigeant d'EDF, expliquant qu'"en cas d'accident il se passe des choses illégales".
Vers des poursuites judiciaires ?
A la suite de cette diffusion, le député écologiste Denis Baupin avait posé une question écrite à la ministre. "L'État était-il informé de ces accidents ? A-t-il autorisé des rejets radioactifs dans la Loire et tu l'information, alors même que les populations avoisinantes auraient au contraire dû bénéficier d'une évacuation ?", demande l'élu, qui "souhaite connaître les suites, notamment juridiques, que Mme la Ministre entend donner à ces très graves infractions révélées tardivement".
Par ailleurs, le parlementaire "demande que des analyses soient effectuées dans l'environnement immédiat de cette installation pour mesurer les impacts encore présents de ces accidents, et souhaite connaître la position du gouvernement sur la nécessaire dépollution de l'environnement immédiat de cette centrale nucléaire".
Enfin, l'Observatoire du nucléaire a annoncé avoir "saisi son avocat pour porter plainte en justice contre EDF et son PDG de l'époque Marcel Boiteux, et contre les dirigeants politiques éventuellement complices". "Même si l'accident a eu lieu en 1980, les rejets opérés par EDF ne sont pas nécessairement prescrits car ils ont eu lieu pendant des années", estime l'Observatoire, qui considère que "seule une enquête décidée par la Justice, appuyée par des experts indépendants, pourra déterminer quand ces rejets ont cessé".