Mais pour s'améliorer, l'agriculture doit identifier ses impacts avec précision. Il semblerait que le secteur en soit conscient puisque l'ADEME remarque une demande croissante d'information sur les impacts environnementaux des produits agricoles aussi bien de la part des exploitants que des entreprises agroalimentaires ou des distributeurs.
Connaître les axes d'amélioration grâce à l'ACV
Aujourd'hui plusieurs outils peuvent répondre à ces questions et notamment l'Analyse du Cycle de Vie. Cette approche a pour but de réduire les impacts sur l'environnement en passant par une prise en compte globale des nuisances engendrées par les produits agricoles à chaque étape, de leur fabrication à leur valorisation en fin de vie, en passant par les étapes de distribution et d'utilisation.
Plusieurs ACV ont déjà été réalisées sur des produits agricoles. Généralement elles prennent en compte les cinq critères environnementaux suivants : l'énergie, l'impact sur l'effet de serre, le potentiel d'acidification, l'eutrophisation et l'occupation des sols.
L'Inra mène par exemple depuis 2003 des ACV sur la filière laitière en Bretagne. Les impacts environnementaux d'une soixantaine d'exploitations, dont un quart privilégiant la voie biologique, ont ainsi pu être estimés et comparés. Les résultats présentés en octobre 2008 lors d'un colloque de l'ADEME et résumés dans le numéro ADEME&Vous de février 2009, démontrent que les exploitations conventionnelles ont plus d'impact sur la planète que les bio si l'on se base sur la surface utilisée. Mais elles sont plus productives. Par conséquent, si l'on considère les résultats en fonction des litres de lait produits, il n'y a quasiment plus de différence entre les deux modes de production.
Les travaux de l'Inra ont également démontré de gros écarts d'une exploitation à une autre, allant parfois du simple au double s'agissant des émissions de gaz à effet de serre et des consommations d'énergie. De gros progrès sont donc réalisables en la matière.
Améliorer la méthode et l'adapter au monde agricole
Mais cette méthode a ses limites. Grâce à une analyse bibliographique des études réalisées dans le secteur agricole, l'ADEME remarque que l'ACV ne prend pas ou peu en compte certains facteurs comme la biodiversité, le stockage de carbone dans les sols, l'écotoxicité liée à l'utilisation de pesticides ou encore l'impact de l'organisation spatiale des productions.
L'agence a donc identifié quelques axes d'amélioration et surtout d'adaptation de la méthode : harmoniser les méthodes ACV des produits agricoles et l'acquisition des données et créer une base de données publique pour affiner les connaissances, identifier les modes de production les plus performants et contribuer à terme à la mise en place d'un affichage environnemental.
Un outil parmi d'autres
L'ADEME travaille également à la mise au point d'un outil incluant notamment le stockage de carbone dans les sols.
Par ailleurs l'Institut d'élevage mène un projet d'adaptation de la méthode Bilan Carbone à l'agriculture.
Seule la combinaison de diverses méthodes adaptées à différentes échelles permettra d'aborder la complexité des systèmes de production agricole… et de répondre à la diversité des demandes, explique Jérôme Mousset, ingénieur à la direction Clients à l'ADEME.