Mercredi 1er juin 2011, devant la commission développement durable de l'Assemblée nationale, Eric Besson, le ministre de l'Energie, a passé en revue l'actualité énergétique française.
Deux mois de retard pour l'éolien offshore
S'agissant du cahier des charges du premier appel d'offres éolien offshore, le ministre a annoncé qu'il "sera publié début juillet au Journal officiel de l'Union européenne, pour des réponses attendues début janvier 2012 et une désignation des lauréats début avril 2012", soit avec deux mois de retard sur le calendrier initial.
Par ailleurs, il a confirmé que la décision finale dépendra pour 40% du prix, pour 40% de critères industriels et pour 20% de l'aspect environnemental des projets. Le coût des quelque 3 gigawatts (GW) de puissance installée sera d'environ 10 milliards d'euros, financé par les consommateurs via la Contribution au service public de l'électricité (CSPE). Le ministre a enfin indiqué espérer la création de 10.000 emplois.
Quant au projet de cahier des charges des appels d'offres pour les centrales photovoltaïques au sol, Eric Besson a annoncé engager le jour même une consultation. Ces appels d'offres pour des installations comprise entre 100 et 250 kilowatts crête (kWc) seront publiés à l'été, a-t-il précisé. "Notre ambition est claire: créer les conditions d'émergence d'une filière industrielle française innovante", a-t-il rappelé.
Explications à venir sur le coût du nucléaire français
Eric Besson réunira les électriciens le 9 juin
Mercredi matin, Eric Besson a annoncé au micro de France Info qu'il réunira la filière énergétique le 9 juin "pour tirer une double leçon, la sécheresse et ses conséquences et, deuxièmement, la décision allemande."
"L'arrêt immédiat des sept centrales nucléaires enlève à l'Allemagne à peu près 10% de sa production électrique", a-t-il indiqué, précisant que "l'Allemagne ne va plus pouvoir exporter, ou beaucoup moins." Cette situation pourrait avoir un effet sur l'approvisionnement français "à court terme", a-t-il estimé, notamment "si on cumule les conditions de sécheresse et la baisse de la production par les Allemands."
Il a expliqué que "si globalement nous exportons davantage que nous importons d'électricité vers l'Allemagne […] il arrive qu'en été nous importions de l'électricité."
De plus, alors que la polémique enfle sur l'évolution des échanges franco-allemands, il a tenu à préciser que si depuis 2004 la France est importatrice d'électricité allemande, la tendance s'est renversée sur le début de l'année 2011 : "les exportations vers l'Allemagne ont augmenté de 54% et nos importations ont baissé de 45%", a-t-il assuré. Cependant, le ministre a confirmé que les exportations françaises concernent la production électrique dite "de base" et que les importations se font sur des capacités "de pointe." Distinguer les échanges liés aux pics de consommation semble donc nécessaire pour appréhender les difficultés d'approvisionnement dont pourraient souffrir les deux pays.
Les députés l'ont aussi questionné sur le coût du nucléaire et sur la facture du démantèlement des réacteurs en particulier. "Les opérateurs ont provisionné 50 milliards d'euros" pour le démantèlement, a-t-il tout d'abord répondu. Cependant, alors qu'un élu estimait à 13 ou 14 milliards d'euros les provisions effectivement réalisées par EDF, Eric Besson, après avoir consulté un conseiller, a finalement indiqué qu'il ferait parvenir une réponse complète sur le sujet à la commission parlementaire.
La fracturation hydraulique pratiquée des dizaines de fois en France
Enfin, alors que les sénateurs débattaient du projet de loi sur les gaz de schiste et la fracturation hydraulique, le ministre a réitéré la position du gouvernement favorable a des expérimentations afin d'évaluer le potentiel français. Ce potentiel "aujourd'hui méconnu, pourrait être d'un siècle de consommation." Il a ainsi regretté le fait que les élus adoptent une loi avant le rendu final de la mission d'évaluation sur les hydrocarbures non conventionnels.
Cependant, c'est un détail de l'argumentaire d'Eric Besson qui retient l'attention. Le ministre, qui appelle à ne "minimiser ni les enjeux ni les risques" associés à la fracturation hydraulique a affirmé que la technique a déjà été "pratiquée des dizaines de fois en France sans soulever de débat et sans difficulté." Ce qui fait débat aujourd'hui c'est "un usage de plus grande ampleur et donc de plus grandes conséquences environnementales."