La France, qui prendra la présidence de l'Union Européenne le 1er juillet, entend placer parmi ses priorités la préservation des forêts tropicales. Lors de la visite d'une exploitation forestière à Bikoro en RDC, Jean-Louis Borloo a signé le 24 mai avec son homologue José Endundo une déclaration commune pour mettre en œuvre des programmes de coopération bilatérale où ils s'engagent à appuyer les capacités des administrations forestières congolaises, de la société civile et des collectivités locales afin de renforcer la gouvernance forestière et lutter contre l'exploitation illégale des forêts.
Les forêts du bassin du Congo couvrent plus de 172 millions d'hectares et sont considérées comme le deuxième ''poumon vert'' du monde après la forêt amazonienne.
M. Borloo a évoqué la nécessité de renforcer la traçabilité du bois vendu sur les marchés internationaux ainsi que l'imposition de codes de bonne conduite environnementale et sociale aux exploitants forestiers. On va travailler par étapes vers une interdiction totale du bois non certifié en Europe, a averti le Ministre.
Jean-Louis Borloo a également plaidé en faveur de la mise en place de mécanismes internationaux destinés à fournir une compensation aux pays qui protègeraient leurs forêts et ce, au détriment de leurs impératifs économiques.
Alors que se tient actuellement à Bonn la conférence de l'ONU sur la biodiversité qui aborde également le rythme accéléré de la déforestation, l'organisation écologiste Greenpeace a proposé la création d'un fonds mondial qui serait abondé par les pays riches afin de protéger les forêts tropicales.
Greenpeace estime qu'environ 20 milliards d'euros annuels seront nécessaires pour mettre un terme à la déforestation dans le monde. Cet effort de financement apparaît comme étant faible lorsqu'on sait que 20% des émissions mondiales de CO2 proviennent de la déforestation et contribuent d'autant au réchauffement climatique, a indiqué l'organisation.
Pour le ministre de l'environnement de la République Démocratique du Congo, José Endundo, la forêt congolaise vaut au moins 3 milliards de dollars par an alors que le secteur ne rapporte que 49 millions de dollars par an actuellement.
Greenpeace a également salué les engagements pris par M. Borloo. La Présidence française est l'occasion pour l'Union européenne de se positionner comme un acteur responsable et ambitieux en matière de protection des forêts primaires. C'est sur cette base que la France, jusqu'à maintenant acteur de la déforestation, deviendra un acteur de la protection des forêts, a déclaré Grégoire Lejonc, chargé de campagne forêts à Greenpeace France.
Chaque année, plus de 800.000 hectares de forêts tropicales du bassin du Congo (Gabon République Démocratique du Congo, etc.) sont détruits sous la pression démographique et économique alors qu'ils abritent la plus grande partie des populations de grands singes au monde. D'après la Fondation Jane Goodall, environ 50 % de la population des grands singes a été décimée dans le Bassin du Congo en 20 ans.
Article publié le 28 mai 2008