La session de négociations ouverte le 14 mai à Bonn sous l'égide de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) s'est terminée vendredi 25 mai sur des "progrès sur des questions clefs" a estimé le secrétariat de la CCNUCC. "Le travail de cette session a été productif.(…) Je suis heureuse de dire que la réunion de Bonn a éclairci les détails techniques et légaux du protocole [de Kyoto] et les options pour permettre une transition douce entre les deux périodes d'engagement", a déclaré Christiana Figueres la secrétaire exécutive de la CCNUCC.
Difficile mise en œuvre de l'accord de Durban
Cette réunion a surtout été marquée par la première session de réflexion sur la mise en œuvre de l'accord signé à Durban en Afrique du Sud fin 2011 via le Groupe de travail spécial de la Plate-forme de Durban pour une action renforcée (ADP). Cet accord prévoit la signature, au plus tard fin 2015, d'un outil juridique contraignant visant à restreindre les émissions de gaz à effet de serre. Cet outil pourrait prendre la forme d'un protocole, d'un autre instrument légal ou d"une solution concertée ayant une force légale" pour une entrée en vigueur en 2020. A l'issue de la conférence de Durban, toutes les parties semblaient satisfaites, trouvant chacune dans cet accord un élément répondant à ses attentes. A Bonn, il a fallu passer au concret, et ce ne fut pas chose facile.
Bien que les discussions autour de l'ADP se soient concentrées sur des questions de procédures comme l'élection des dirigeants et la définition d'une feuille de route, les négociations n'ont pas été un long fleuve tranquille. Les tensions entre pays industrialisés et émergents sont réapparues. La Chine a semble-t-il joué les trouble-fête craignant que les pays industrialisés ne profitent de ce nouveau cadre de négociation pour remettre en cause leur responsabilité historique : "La Chine donne le sentiment de durcir ses positions par rapport à Durban", témoignait à l'AFP Serge Lepeltier, ambassadeur français pour le climat.
L'accord sur ces deux sujets a pris du temps et n'est survenu que pendant la session plénière de fermeture des travaux le 25 mai. Les organisateurs ont d'ailleurs cru devoir recourir au vote, chose rarissime pour une institution habituée aux consensus. Mais les négociations ont finalement abouti : "Les discussions de l'ADP me laissent l'impression que la dynamique de ce processus est en train de changer, et la majorité des parties, aussi bien les pays développés que les pays en développement, se préparent à une nouvelle approche dans le cadre de l'ADP", commentait un délégué jeudi dans les couloirs de l'Hôtel Maritim, relayé par l'Institut International du développement durable (IISD).
Résultat, l'ADP sera chargé d'adopter un nouvel accord global sur le climat d'ici 2015 afin qu'il entre en vigueur en 2020. L'Inde et la Norvège co-présideront le processus jusqu'en 2013 puis la présidence sera partagée entre pays développés et en développement jusqu'en 2015.
"Soulever l'ambition générale", un vœu pieux ?
L'ADP devra aussi et surtout trouver des moyens de "soulever l'ambition générale pour agir sur le changement climatique avant 2020". Autrement dit, redonner vie à des engagements de maitrise des émissions de gaz à effet de serre qui pour l'instant font défaut. Une étude présentée à Bonn estime que les actions menées actuellement pour réduire les émissions de CO2 préparent la planète à un réchauffement d'au moins 3,5°C.
Pour l'instant, sept parties au protocole de Kyoto ont soumis des propositions d'objectifs quantifiés de réduction et de limitation des émissions de GES pour la seconde période d'engagement : l'Australie, la Croatie, le Kazakhstan, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, l'Union européenne et la Suisse.
Le Canada, qui a décidé en décembre dernier de sortir du protocole de Kyoto s'est déclaré toujours engagé dans la lutte contre le changement climatique via la voix du négociateur en chef. "Nous sommes venus ici pour confirmer notre volonté de commencer les négociations le plus tôt possible sur un nouvel accord global qui pourrait être adopté en 2015", a indiqué à l'AFP Guy Saint-Jacques. Selon l'AFP, l'objectif du Canada serait de réduire ses émissions de 17% en 2020 par rapport à 2005.
Fin 2012 se tiendra la prochaine grande conférence au Qatar. Débuteront alors les discussions de fond concernant ce nouvel accord international.