Après les chefs d'Etat et de gouvernement lundi dernier, c'était au tour des ministres en charge des négociations climatiques de s'exprimer ce lundi 7 décembre à la COP 21. Cent-quatorze (1) ont fait le déplacement à Paris, un chiffre qui traduit combien les enjeux des négociations climatiques sont progressivement traités au plus haut niveau par la plupart des 195 Etats ayant ratifié la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (Ccnucc).
Une étude (2) passe en revue la participation des délégations ministérielles de cinq COP (3) en portant une attention plus particulière à une dizaine de pays (4) . "Comprendre quels ministèrse représentent leur pays à la conférence des Parties (COP) annuelle de la Ccnucc aide à clarifier la dynamique de ces importantes négociations", expliquent les chercheurs du Earth System Governance Project à l'origine de cette analyse.
L'Environnement en charge des négociations
Sans surprise, la COP 15 de Copenhague a été la plus importante des cinq étudiées en terme de délégations ministérielles. Plus de 2.000 représentants ministériels se sont rendus en 2009 dans la capitale danoise, contre moins de 250 pour la première COP. Après son échec, les délégations ont été réduites, sans pour autant repasser sous la barre des 750 participants. Le choix des membres des délégations ministérielles qui représentent leur pays est aussi un critère important qui traduit la perception des questions climatiques par les Etats. L'angle est le plus souvent environnemental, accès sur le développement industriel et économique, voire financier.
A l'exception de la COP 15 de Copenhague, les ministres de l'Environnement constituent de 21,1 à 30,3% des délégations étudiées, suivis par les représentants des ministères des Affaires étrangères (de 9,7 à 12,1%). Ce constat est particulièrement vrai parmi les pays développés, comparativement aux pays en développement. C'est le cas, en particulier, de l'Allemagne, du Royaume-Uni et de la Suède. Quant aux ministères des Affaires étrangères, ils sont particulièrement bien représentés dans les délégations des Etats-Unis et du Brésil.
Négociations stratégiques
Restent les temps forts des négociations débutées il y a maintenant plus de 20 ans, c'est-à-dire lorsqu'il s'agit de négocier un accord contraignant. A ce titre, la conférence de Copenhague se démarque puisque les représentants des Affaires étrangères, avec 15,2% des membres des délégations ministérielles, dépassent ceux issus des ministères de l'Environnement (14,1%). Bien sûr, ces chiffres sont à nuancer, car "le changement dans la représentation relative des ministères de la COP 15 reflète une globale augmentation de la participation de tous les ministères, bien que dans des proportions différentes". Mais, les chercheurs soulignent qu'"il est essentiel de rester conscient des objectifs différents et des attentes qu'auront les ministères et de veiller à ce que ces différences deviennent un atout plutôt qu'un obstacle aux négociations".
Enfin, l'étude note que la Chine et les Etats-Unis sont deux "aberrations" avec des délégations systématiquement dominées par la Commission nationale pour le développement et la réforme (CNDR, l'organisme chargé du plan) et le Département d'Etat. L'envoi de représentants de si haut niveau, traduit à quel point ces négociations sont essentielles en matière de développement (pour la Chine) et de géostratégie (pour les Etats-Unis)... D'ailleurs, l'étude souligne qu'en Chine, "la CNDR est sans aucun doute le plus puissant des ministères, hors ministères chinois associés à la sécurité du pays, et joue un rôle pivot dans la définition du développement économique". Et l'étude de souligner que ces choix atypiques émanent de "la Chine et [des] Etats-Unis, les deux acteurs les plus puissants dans le cadre de la Ccnucc".