Le Grenelle de l'environnement a en effet acté l'objectif de réduire de 15 % d'ici 2012 les déchets mis en décharge ou incinérés, en portant l'effort sur la réduction de la production de déchets puis sur le recyclage. Pour améliorer les chiffres dans le secteur du bâtiment, le Grenelle rend obligatoire les diagnostics déchets préalables aux chantiers de démolition. Le texte de loi acte également la mise en place d'un instrument économique affecté pour encourager la prévention de la production de déchets du BTP et leur recyclage. Un groupe de travail réfléchit actuellement à cette question. Enfin, le Grenelle rend obligatoire les plans de gestion des déchets du BTP, sous maîtrise d'ouvrage des Conseils généraux.
Au niveau européen, une directive cadre sur les déchets adoptée le 20 octobre dernier porte à 70 % le taux de réemploi, recyclage et valorisation matière pour les déchets non dangereux du BTP d'ici 2020.
L'une de nos difficultés réside dans le fait que la production de déchets du bâtiment est très diffuse et très variée, analyse Benoît Loison. Selon Laurent Chateau, de la direction déchets et sols de l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), il existe aujourd'hui 415 plateformes de regroupement et tri des déchets du BTP sur le territoire et 220 plateformes de recyclage pur. L'implantation des plateformes est insuffisante. Nous avons besoin d'un maillage plus important mais pas seulement… Il faut également changer les pratiques et les mentalités part rapport au tri, à la mise en décharge et à l'utilisation de matériaux recyclés, favoriser le captage de gisements, améliorer l'efficacité du tri et enfin augmenter les filières de recyclage en aval. Car l'un des enjeux aujourd'hui est de trouver des débouchés pérennes aux matériaux récupérés.
Améliorer le gisement des déchets
Chantiers de construction, de réhabilitation, de démolition… Le nombre de producteurs de déchets du bâtiment est énorme. Tout l'enjeu réside dans le captage de ces nombreux gisements de déchets. Sensibilisation, information sont nécessaires pour mobiliser le plus grand nombre. Il est également indispensable que les plateformes de récupération soient bien réparties sur le territoire, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. On estime pourtant qu'au-delà de 20 à 30 km à parcourir, le producteur de déchets ne fait pas l'effort, analyse Dominique Mignon, directeur du développement de l'éco organisme Eco Systèmes. Les plateformes mises en place aujourd'hui sont souvent le fait d'initiatives privées. L'obligation du Grenelle de la mise en place de plans de gestion des déchets au niveau départemental devrait pouvoir améliorer la couverture du territoire.
Mais la production de déchets dans le bâtiment est tellement variée que cela devient un vrai casse tête pour le producteur et un travail à plein temps de trier correctement les différents types de déchets. Béton, plâtre, bois traité et non traité, verre, emballages… Chacun de ces déchets doit faire l'objet d'un traitement particulier pour pouvoir être valorisé. La véritable question, c'est la capacité à trier sur les chantiers. Un travail qui doit être réalisé en amont pour éviter le gaspillage, note Philippe Caillol, président de l'Union des métiers du plâtre et de l'isolation.
Le béton, par exemple, peut être recyclé, concassé et réutilisé mais… nous pouvons avoir des problèmes sur les matériaux concassés car ils ont été mal triés en amont, explique Alain Le Moign, de la société Picheta, qui a développé une activité de recyclage du béton. Nous devons être vigilants sur la qualité des matériaux que nous recevons. Souvent béton et plâtre sont mélangés, ce qui n'est pas bon car le plâtre n'est pas un matériau inerte et peut être sujet à gonflement. Nous sommes donc de plus en plus draconiens sur les déchets que nous recevons.
Trouver des débouchés aux déchets du BTP
La multitude des acteurs et leur éparpillement compliquent également la mise en place de débouchés pérennes des déchets du bâtiment. Or, nous devons générer des gisements importants car aujourd'hui nous sommes fragilisés par rapport aux grands producteurs de déchets qui verrouillent les débouchés, commente Olivier Ezquerra, de la société Sélectis. Chaque plateforme de récupération et de tri recherche des solutions individuellement et localement. Je pense que fédérés, nous serions plus performants, analyse Olivier Ezquerra.
Un vœu qui sera peut être prochainement exaucé : les exploitants de plateformes vont bientôt pouvoir se fédérer au sein d'une structure proche de la FFB, a annoncé Benoît Loison. Le syndicat des recycleurs du BTP devrait voir le jour prochainement.