On pensait l'océan Arctique, éloigné des zones d'habitation, moins atteinte par la pollution liée aux déchets plastiques. Cette hypothèse était erronée, montre une étude publiée le 19 avril dans Sciences Advances (1) à partir des données issues des expéditions de recherche Tara Océans 2009-2013 et Malaspina 2010.
L'étude montre que les mers du Groenland et de Barents accumulent de grandes quantités de débris plastiques apportés par les courants océaniques. La quantité de débris piégés dans les eaux de surface est estimée à plusieurs centaines de tonnes constituées de près de 300 milliards de fragments de la taille d'un grain de riz. L'eau de surface n'étant pas la destination finale de ces débris, l'étude émet l'hypothèse que des quantités importantes reposent également sur les fonds océaniques.
"Cette zone forme un cul-de-sac, une impasse où les courants laissent les débris à la surface. Nous assistons peut-être à la formation d'une autre poubelle de la planète, sans comprendre totalement les risques encourus pour la faune et la flore locales", explique Maria-Luiza Pedrotti du CNRS.
Les sources de cette pollution sont les déchets provenant des côtes densément peuplées de l'Atlantique nord situées aux Etats-Unis, en Europe de l'ouest et au Royaume-Uni.
L'équipe de recherche, dirigée par le professeur Andrès Cózar de l'Université de Cadix en Espagne et composée de douze institutions relevant de huit pays, avait précédemment démontré que chacun des cinq gyres géographique, de gigantesque tourbillons d'eau océanique, agissait comme une immense zone de convergence pour les débris plastiques flottants. Plus récemment, elle avait aussi montré que les mers semi-fermées à forte densité de population, comme la Méditerranée, constituaient également des zones d'accumulation importante de déchets plastiques.