Ce dimanche 7 mai Emmanuel Macron a été élu à la présidence de la République avec 66,1% des voix. Il était opposé à Marine Le Pen, candidate du Front National. Le candidat d'En Marche, ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique du gouvernement Hollande entend mener une politique environnementale "cohérente" et "du quotidien" avec comme objectif "un nouveau modèle de croissance" comme il l'avait expliqué aux adhérents du WWF lors d'une rencontre. "L'objectif général d'Emmanuel Macron reste identique à celui de Ségolène Royal : la croissance verte, même s'il ne reprend pas cette expression", analyse Arnaud Gossement, avocat spécialisé en droit de l'environnement. Le Président "défend une écologie douce qui doit verdir notre économie sans blesser, sans heurter. Une écologie des petits pas qui doit permettre d'avancer même si cela peut prendre du temps". Une approche (un peu trop ?) similaire à son prédécesseur : "Emmanuel Macron est dans la continuité des grandes lois du quinquennat sur la transition énergétique et la biodiversité. Son programme n'est pas assez ambitieux mais il y a une logique dans sa démarche", estime Michel Dubromel, président de France Nature Environnement.
Les promesses du candidat Macron
Emmanuel Macron a promis des mesures plus incitatives pour les ménages pour rénover 500.000 logements par an, un rythme déjà visé par le gouvernement précédent. Il entend pour cela simplifier le versement des aides en réformant le crédit d'impôt sur la transition énergétique (CITE). Côté transport, il entend prendre deux mesures à son arrivée à l'Elysée : faire converger totalement en cinq ans la fiscalité entre l'essence et le diesel en alignant celle du diesel sur l'essence, et mettre en place une prime de conversion de 1.000 euros pour l'achat d'un véhicule plus récent.
Avec les acteurs économiques, la concertation sera au cœur de sa méthode. Il a ainsi promis le lancement d'un grenelle de l'alimentation financé à hauteur de 5 milliards d'euros pour moderniser les exploitations agricoles par des projets ayant un impact positif sur l'environnement et le bien-être animal. Dès les premiers mois, il entend lancer des états généraux de l'alimentation pour préparer la position française dans les négociations de la réforme de la politique agricole commune. Il s'engage en parallèle à engager la mutation des constructeurs automobiles vers l'électrique, l'hybridation et l'hydrogène et de leurs sites industriels.
Les dossiers nationaux en suspens
Le nouveau Président n'a pas prévu de mettre en chantier de grandes lois dans l'immédiat. Il s'est engagé à appliquer la loi pour la transition énergétique (LTE) et la loi biodiversité. En matière énergétique, sa politique se concentrera sur la sortie des énergies fossiles. Les objectifs de la LTE et le calendrier seront maintenus. Mais le nouvel exécutif aura la lourde tâche de trancher certaines questions laissées en suspens comme par exemple l'évolution du parc nucléaire dans la PPE suivante 2019-2023. Alors que le gouvernement n'avait pas osé envisager d'autres fermetures de centrales que celle de Fessenheim, Emmanuel Macron devra se décider, au risque de ne pas tenir les objectifs de la LTE.
Autre grande loi à concrétiser : la loi de reconquête de la biodiversité. Adopté en août 2016, ce texte inscrit notamment dans la législation de nouveaux principes comme la réparation du préjudice écologique, la compensation des atteintes à la biodiversité, la non-régression du droit de l'environnement… Ces principes vont-ils entrer dans la balance lors des prochaines décisions politiques ? Les décrets d'application seront-ils à la hauteur ?
De nombreuses lois et propositions de lois sont également en attente : adaptation des territoires littoraux au changement climatique, adaptation du code minier au droit de l'environnement, mise en œuvre effective du droit humain à l'eau potable et à l'assainissement, intégration du principe de substitution dans le cadre applicable aux produits chimiques ou encore automaticité du déclenchement de mesures d'urgence en cas de pics de pollution. Seront-elles remises à l'ordre du jour ?
Les dossiers européens à défendre
Sur le plan européen, les dossiers environnementaux en négociation entre les Etat membres sont nombreux. Au cours des cinq prochaines années, la France devra défendre sa position sur le paquet énergie climat, la définition des perturbateurs endocriniens, le paquet économie circulaire ou encore l'interdiction du glyphosate. Les positions françaises défendues jusqu'à maintenant ne devraient pas fortement évoluer au vu des positions d'Emmanuel Macron mais les rapports de force risquent d'évoluer entre les Etats membres dans les années à venir. En cause ? Le Brexit. Avec la sortie du Royaume-Uni de l'Europe, une procédure inédite qui prendra deux ans, le poids des votes va évoluer et les majorités risquent de changer de camp.