Pour quantifier ces créations et ces destructions d'emplois en France, l'association s'est basée sur le scénario énergétique proposé par l'association negaWatt. Celui-ci regroupe des actions ayant pour but de moins consommer en réduisant les gaspillages par des comportements rationnels et par des choix individuels et sociétaux, d'augmenter l'efficacité énergétique pour réduire les pertes lors du fonctionnement et de l'exploitation mais également de privilégier les énergies renouvelables. Le WWF a donc retenu ces évolutions comme point de départ de ses calculs, en particulier pour la production d'énergies renouvelables, les économies d'énergies dues à la rénovation des bâtiments et les évolutions dans le secteur des transports.
Côté méthodologie, l'évaluation du WWF prend en compte les créations et destructions d'emplois directs et indirects, ainsi que ceux « induits » par le surcoût (ou le gain) économique de la stratégie de réduction des émissions.
Promotion de secteur à fort potentiel d'emploi
Résultats, le WWF estime que l'effet net sur l'emploi serait extrêmement positif puisque 684.000 emplois nets pourraient être créés. 316.000 postes verraient le jour dans le secteur des énergies renouvelables et 564.000 en faveur de l'efficacité énergétique. En revanche, les filières énergétiques et automobiles perdraient respectivement 138.000 et 107.000 emplois.
Par ailleurs, le scénario négaWatt permettrait aux ménages français d'économiser de l'argent sur leur facture énergétique, argent qui pourrait être reporté sur la consommation : +48.000 emplois supplémentaires avec un baril de pétrole à 100$.
Selon le WWF, ce bilan est principalement dû au faible contenu en emploi des secteurs en décroissance, en particulier les secteurs « produits pétroliers » et « gaz ». Parmi les secteurs dont l'activité se contracte, seule le « commerce et réparation automobile » présente un contenu en emploi supérieur à la moyenne de la consommation des ménages, peut-on lire dans l'étude. Le fort contenu en emploi de certains secteurs dont l'activité se développerait notamment le bâtiment, le transport routier de voyageurs, le transport ferroviaire de voyageurs, le solaire thermique et photovoltaïque et l'éolien compenserait les pertes d'emploi.
En effet, les énergies renouvelables et le développement des transports en commun crairaient chacun environ 35% des emplois directs et indirects. Les mesures d'efficacité énergétiques liées à la chaleur principalement l'isolation des bâtiments en regrouperaient 28% et l'efficacité dans les appareils électriques et les lampes 2%. Au sein des renouvelables, la plus grosse contribution aux créations d'emplois viendrait du bois puis de l'éolien et du solaire thermique.
Pour le WWF, il est donc évident que loin de menacer l'emploi comme certains lobbies industriels le claironnent, une politique climatique ambitieuse permettrait une création d'emplois massive.
Même perspective au niveau mondial
Un rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) publié en septembre 2008 réalise une analyse similaire au niveau mondial. Selon ce rapport intitulé « Pour un travail décent dans un monde durable, à faibles émissions de carbone », les énergies renouvelables génèreraient davantage d'emplois que les énergies fossiles aussi bien dans les pays industrialisés que dans les pays en développement. Plus de deux millions de personnes devraient ainsi être employés d'ici 2030 dans l'éolien et 6,3 millions dans le solaire.
Les investissements réalisés pour améliorer l'efficacité énergétique des bâtiments pourraient également créer entre 2 à 3,5 millions d'emplois verts supplémentaires en Europe et aux Etats-Unis, avec un potentiel bien plus élevé dans les pays en développement.