"C'est sur des données vieilles de plus de 30 ans que l'évaluation de l'exposition a été faite et avec uniquement des distances testées de 3, 5 et 10 mètres, très limitées ! ", a regretté Générations futures devant la proposition de distances de sécurité minimales à respecter lors du traitement par des phytosanitaires.
Le gouvernement a en effet mis en consultation (1) , le 9 septembre jusqu'au 1er octobre les projets de décret et d'arrêté encadrant l'usage des produits phytosanitaires.
Comptant initialement sur les bonnes pratiques des agriculteurs, le Gouvernement avait finalement décidé en juin dernier de mettre en place des zones non traitées. Il se base pour cela sur deux rapports d'expertises : l'un de l'Anses et l'autre des inspections des ministères de l'Agriculture, de l'Ecologie et de la Santé. En outre, le Conseil d'Etat a en juin partiellement annulé l'arrêté du 4 mai 2017 réglementant l'utilisation des pesticides, "au motif que ces dispositions ne protégeaient pas suffisamment la santé publique et l'environnement".
Une nouvelle méthodologie disponible en 2021
Concernant l'expertise de l'Anses, Générations futures déplore notamment qu'elle repose sur une méthodologie harmonisée au niveau européen aujourd'hui en cours d'actualisation. L'autorité européenne en charge de la sécurité sanitaire des pesticides à l'échelle européenne, l'Efsa, prévoit de finaliser la prochaine version en 2021.
"Les estimations se basent sur des modèles d'exposition définis à partir de mesures dans les conditions réelles d'utilisation sur différents types de cultures, a,quant à elle, réagi l'Anses dans un communiqué. Ces modèles ont été établis avec des matériels de pulvérisation qui sont aujourd'hui considérés comme peu performants en ce qui concerne la réduction de la dérive. Ainsi, les estimations des expositions peuvent être considérées comme des "pires cas". L'actualisation de la méthodologie de l'EFSA en cours permettra de prendre en compte de nouvelles données d'exposition mesurées avec des matériels de pulvérisation les plus récents".
Les distances de sécurité minimales vont continuer d'alimenter le débat. Une cinquantaine d'élus désormais ont déposé des arrêtés en préfecture pour interdire l'épandage de pesticides à moins de 150 mètres des habitations.