Et si le fait de donner une personnalité juridique aux fleuves permettait de mieux les protéger ? C'est le pari que font plusieurs associations de protection de l'environnement et mouvements écologistes. « Le problème vient du fait que la justice actuelle est mise en œuvre après que les problèmes soient survenus. Nous demandons, d'une part, que l'on ait une vision plus globale du fonctionnement du vivant et, d'autre part, que l'on mette en œuvre une justice plus préventive », a expliqué la juriste Valérie Cabanes à Actu-Environnement.
Ce 18 septembre, l'association suisse ID-Eau lance une mobilisation citoyenne pour donner une personnalité juridique au Rhône « de son glacier en Suisse à son delta en France ». L'objectif de cette initiative est de « défendre les droits du fleuve à exister, à se régénérer et à se prémunir contre toutes les activités destructrices ». L'appel est soutenu par plusieurs associations : Garn Europe, Rights of Mother Earth, Wild Legal, Notre Affaire à tous.
Après la pollution de la Seine par une cimenterie du groupe Lafarge, le secrétaire national d'Europe Écologie – Les Verts a également appelé à attribuer une personnalité morale à la Seine. « Nous, les écologistes, on propose de donner des droits à la nature (...). Ça peut faire sourire mais c'est un progrès juridique qui permettrait de sortir de l'impunité », a expliqué Julien Bayou sur BFM Paris. Il emboîte le pas à la Mairie de Paris. « Pour la préserver, la Ville va étudier la possibilité de donner une personnalité juridique à la Seine (…). Cela permettrait de pouvoir mener des poursuites judiciaires contre les atteintes à son intégrité », avait annoncé, Dan Lert, adjoint d'Anne Hidalgo en charge de la transition écologique, le 9 septembre.
"Les outils existent"
À l'étranger, la montée en puissance des droits de la nature a permis à plusieurs cours d'eau de se voir doter d'une personnalité juridique, comme la rivière Vilcabamba en Équateur (2011), le fleuve Atrato en Colombie (2016) et le fleuve Whanganui en Nouvelle-Zélande (2017). « La justice a assorti cette reconnaissance d'injonctions à agir auprès de l'État soit en lien avec la pollution, soit avec la déforestation, avec des amendes importantes si l'État ne se conforme pas à la décision », fait valoir Valérie Cabanes.