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Pour preuve, le marché du gaz qui se redessine aujourd'hui et semble mener la danse, brouillant les perspectives à long terme. En quelques années, la carte gazière s'est complètement transformée. Dans un premier temps, le développement du gaz naturel liquéfié (GNL) a ouvert un marché mondial en parallèle des marchés traditionnels régionaux (le transport par gazoduc limitait les échanges jusqu'alors) et des marchés spots aux côtés des contrats de long terme, rendant imprévisible un marché qui jusque là était assez serein. Aujourd'hui, c'est le développement des gaz non conventionnels aux Etats-Unis qui perturbe le marché en créant une bulle gazière. L'exploitation de ces gaz aurait presque doublé en deux ans, modifiant la demande américaine. Cette évolution, ajoutée à une baisse de la demande mondiale en raison de la crise (-5 % en 2009), a en effet laissé de larges stocks de gaz, faisant chuter les prix.
Des avancées technologiques permettent l'exploitation des gaz conventionnels
Le grisou, le gaz de schistes (''shale gas'') ou le gaz compact (''tight gas'') sont connus depuis longtemps. Pourtant, ils ne sont réellement exploités que depuis peu. Alors que les gisements de gaz au Moyen-Orient sont facilement accessibles et exploitables à bas coût, les réserves de gaz non conventionnels sont souvent difficiles d'accès. Ce sont généralement des accumulations souvent peu concentrées dans des réservoirs de faible perméabilité où des méthodes d'extraction spécifiques sont requises. C'est la raison pour laquelle elles avaient peu été utilisées jusque-là.
Mais la hausse des coûts (le prix du gaz a longtemps été callé sur le prix du pétrole) et les projets technologiques récents ont changé la donne. Les techniques de forage horizontal et de fracturation hydraulique des roches ont permis de récupérer cette ressource. Présents en Amérique du Nord, en Asie et dans d'autres régions du monde, les gaz non conventionnels ont désormais les regards du monde de l'énergie braqués sur eux. Alors que leur exploitation a été, dans un premier temps, le fait de petits producteurs, aujourd'hui, les grands groupes s'y intéressent.
La part de l'exploitation des gaz non conventionnels aux Etats-Unis a augmenté fortement alors que la production totale de gaz américaine était sur le déclin. Si en 1989 on comptait 47 puits de gaz en gisement non conventionnels, on en compte aujourd'hui prés de 6.200. Les experts prévoient qu'à l'horizon 2020, 50 % de la production américaine proviendra des gaz non conventionnels (contre 4 % aujourd'hui).
Dans le monde entier, les prospections se multiplient pour évaluer le potentiel de cette ressource. En Europe, plusieurs gisements de gaz de schistes ont été découverts, mais limités à des réservoirs éparpillés et discontinus…
Le marché du gaz se redessine et influence le marché global de l'énergie
L'exploitation des gaz non conventionnels change complètement la donne. Longtemps, le marché du gaz est resté localisé, limité par le développement des réseaux de gazoducs entre les zones de production et celles de consommation. Le GNL, transporté par méthanier, a ouvert un marché au niveau mondial. Les usines de liquéfaction se sont multipliées au Moyen-Orient, notamment pour répondre aux marchés américain et japonais.
Le développement brutal, aux Etats-unis, des gaz non conventionnels pourrait remettre en question ces lourds investissements. Les gaz non conventionnels pourraient en effet permettre aux Etats-Unis de se défaire des importations de gaz et même, selon certains, de devenir exportateurs de gaz.
L'engouement des grandes compagnies pétrolières (ExxonMobil, Shell, BP, Total…) pour ces gisements et le fait que, par des participations ou des rachats, elles entrent sur ce nouveau marché, prouve le potentiel que représente ces gaz.
D'autant que le gaz naturel est envisagé comme l'une des énergies de demain, notamment pour produire de l'électricité (centrales associées à des techniques de captage, stockage de CO2). Selon l'Agence internationale de l'énergie, la consommation mondiale de gaz passerait de 2.947 Gm3 en 2006 à 4.336 Gm3 en 2030. Aux Etats-Unis déjà, le charbon est désormais abandonné au profit du gaz, devenu compétitif et moins émetteur de CO2.
L'abondance des gisements et le coût peu élevé de cette ressource fait craindre à certains une exploitation massive du gaz au détriment des énergies ''propres'' et un abandon des mesures d'économies d'énergie.