En 2023, était censé entrer en vigueur le fonds de réparation. Ce sera chose faite, le 15 décembre, avec le lancement, plus symbolique qu'effectif, du fonds financé par ecosystem et Ecologic, les deux éco-organismes de la filière de responsabilité élargie des producteurs (REP) d'équipements électriques et électroniques (EEE). Un accord avait pourtant été validé en février dernier, ouvrant alors la voie au versement des premiers « bonus réparation ». Mais, il aura fallu patienter encore dix mois avant que les soutiens ne se concrétisent.
Au-delà des EEE, cinq autres catégories de produits disposeront d'un fonds de réparation : les jouets ; les articles de sports et de loisir ; les articles de bricolage et de jardin ; le mobilier ; et les vêtements, les chaussures et le linge de maison. Les trois premiers devaient, eux aussi, être inaugurés en 2022. Ils devraient finalement l'être en 2023, avec celui pour les vêtements.
Une remise automatique
Concrètement, le dispositif destiné à alléger le coût de réparation hors garantie prendra la forme d'une réduction de 10 à 45 euros applicable directement par le réparateur, quelle que soit la réparation. Ces bonus fixes « représentent, en fonction du type d'équipement, environ 20 % du coût moyen des réparations », expliquent les éco-organismes. Ils seront directement déduits, sans démarche de la part des consommateurs, des prix payés et apparaîtront sur les factures.
Ces soutiens s'appliqueront aux réparations réalisées par des réparateurs labellisés QualiRépar (1) . Attribuée après un audit indépendant, la labélisation « permet de référencer les réparateurs pour leurs compétences professionnelles », expliquent les deux éco-organismes. Actuellement, environ 500 magasins et réparateurs à domicile sont reconnus sur l'ensemble du territoire (on en compte environ 20 000). En 2023, la barre des 1 500 réparateurs labellisés devraient être franchie.
L'État fixe l'ambition
Le chemin a été semé d'embûches depuis la fin 2019 et l'adoption de la loi Antigaspillage et économie circulaire (Agec). Les parlementaires avaient alors ajouté au projet du gouvernement la création de fonds, créés et financés par les éco-organismes et « [dotés] des ressources nécessaires à l'atteinte de l'objectif de réparation prévu [dans leur cahier des charges d'agrément] » (article 62). Le législateur avait repris là une idée portée par Halte à l'obsolescence programmée (HOP) et destinée à rendre plus compétitive la réparation. Il est en effet admis que, si le coût d'une réparation dépasse le tiers du prix d'un produit neuf, les consommateurs privilégient l'achat de ce dernier.
Quelle somme consacrer à ce dispositif ? La loi apporte deux réponses : la dotation minimale du fonds est fixée par décret et, si l'objectif de réparations n'est pas atteint, ce montant doit être augmenté à proportion de l'objectif non atteint. En clair, la portée du dispositif dépend, pour l'essentiel, de l'ambition fixée par le gouvernement. Aujourd'hui, l'exécutif explique qu'« on estime à 10 millions le nombre de réparations réalisées chaque année en France, [et que] l'objectif de ce fonds [consacré aux produits électriques et électroniques] est d'accroître le volume de réparation de 20 % ».
Des sommes revues à la baisse
Quatre autres fonds attendus en 2023
Trois autres fonds étaient censés êtes lancés en 2022 : celui consacré aux jouets, avec une enveloppe allant de 16 500 euros en 2022 à 100 000 euros en 2027 ; celui pour les articles de sports et loisir, doté de 5,8 M€ en 2022 et 35 M€ en 2027 ; et celui des articles de bricolage et de jardin, dont le montant passera de 1,6 M€ en 2022 à 9,5 M€ en 2027.
En 2023, ce sera aussi au tour de celui de la REP textiles, partant de 7,3 M€ en 2023 pour atteindre 44 M€ en 2028.
Cette modification fait l'objet d'un recours devant le Conseil d'État déposé par Les Amis de la Terre et Zero Waste, qui considèrent qu'en réduisant la portée du dispositif l'État « méconnaît le principe de non-régression du droit de l'environnement ».
Concrètement, l'Agence de la transition écologique (Ademe) estimait que 203 millions d'euros (M€) en 2022 et 233 M€ en 2027 sont nécessaires pour respecter la cible de 20 % pour la REP EEE. Finalement, le montant du fonds est de 20 M€ en 2023 et atteindra progressivement 102 M€ en 2027. Détail important : les autres filières REP concernées par ces fonds réparation n'ont pas connu de coup de rabot (lire encadré).
Répartir l'effort entre les deux éco-organismes
Une fois le montant défini, il restait à le répartir entre les deux acteurs concernés : ecosystem et Ecologic. Là aussi, ce partage a donné lieu à des rebondissements, avec en point d'orgue, fin 2021, la décision de l'État de n'accorder aux deux éco-organismes qu'un agrément provisoire.
Cette fois-ci, le différend portait en premier lieu sur la liste des premiers produits qui bénéficient de cette réduction des coûts de réparation. Débuter avec des équipements électroniques désavantage Ecologic, qui représente l'essentiel de ce secteur. Inversement, commencer par l'électroménager fait peser les premières charges sur ecosystem. Une série de sujets du même ordre était aussi en suspens avec, en creux, à chaque fois, des enjeux financiers différents, et souvent opposés, pour chacun des deux protagonistes. Un accord est finalement intervenu en février dernier, aboutissant aujurd'hui au lancement du fonds.