« Sept enfants présentent une plombémie supérieure à 50 microgrammes par litre (μg/L) de sang, seuil de définition du saturnisme », informent la préfecture du Pas-de-Calais et l'Agence régionale de santé (ARS) Hauts-de-France par un communiqué daté du 27 septembre. Il s'agit là des premiers résultats d'une campagne de dépistage proposée, depuis le 15 juin dernier, aux jeunes de moins de 18 ans habitant les cinq communes limitrophes (1) de l'ancien site industriel de Metaleurop de Noyelles-Godault (Pas-de-Calais), fermé en 2003 et source d'une importante pollution.
Ces sept cas ont été identifiés sur un total de 889 jeunes, soit 0,8 % des enfants dépistés pour l'instant, précisent les services de l'État. Les familles concernées ont fait l'objet d'une visite à domicile par l'ARS afin de mener une investigation environnementale pour rechercher les sources d'exposition, les traiter et mettre en place des règles destinées à limiter l'exposition. « Au moins une autre source d'exposition potentielle au plomb, liée au mode de vie ou à l'habitat, a été identifiée pour trois enfants », rapportent les services de l'État. Les dépistages ont également permis d'identifier 61 enfants avec une plombémie comprise entre 25 et 49,9 μg/L, soit le seuil de vigilance qui justifie un nouveau dépistage pour contrôler l'évolution dans le temps. Pour les familles concernées, une information sur les sources d'exposition possibles et les recommandations d'hygiène est en cours, indique la préfecture.
Parallèlement à cette campagne de dépistage, l'Agence de la transition écologique (Ademe) a effectué des analyses de sol dans des crèches et écoles comprises dans le périmètre du projet d'intérêt général (PIG) destiné à protéger par des mesures d'urbanisme la zone de l'ancien site Metaleurop. Là aussi, des résultats préoccupants ont été constatés. Dans la couche des cinq premiers centimètres de sol, des données supérieures à la valeur de 300 milligrammes de plomb par kilo (mg/kg), retenue en 2014 par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) comme devant conduire à un dépistage du saturnisme infantile, ont été relevées dans cinq écoles. Sur la couche des vingt-cinq premiers centimètres de sol, les résultats sont, dans deux écoles, supérieurs à 1 000 mg/kg, seuil prévu par le projet d'intérêt général. À la suite des recommandations des services de l'État, les maires des communes d'Evin-Malmaison et de Courcelles-lès-Lens, concernées par ces pollutions, ont mis en place des dispositifs transitoires visant à interdire l'accès à ces espaces, indique le communiqué.
Le jour même de cette communication officielle, l'association P.I.G.E et le cabinet d'avocats Green Law, qui la défend, ont publié un communiqué dénonçant le « scandale » de la gestion par l'État des terres polluées par Metaleurop. « La campagne de dépistage du saturnisme infantile (…) n'avait pas été menée de façon systématique par l'État sur la zone depuis la fermeture de Metaleurop en 2003 », s'indigne l'association. Celle-ci pointe également une zone de pollution, qui n'est soumise à aucune information particulière ni à aucune servitude constructive, bien qu'identifiée par l'Ademe depuis 2011. Face aux carences des services de l'État, l'association indique avoir engagé des actions devant le tribunal administratif de Lille qui devraient être examinées d'ici à la fin de l'année.