La question des transports, jusqu'alors absente du débat sur la transition énergétique, a enfin été abordée jeudi 20 juin. Au moment où ce débat touche à sa fin, les membres du groupe des experts sont venus apporter leur éclairage sur les enjeux liés à la performance énergétique des modes de transport en particulier le parc routier, les comportements et les nouveaux usages de la mobilité et la logistique "durable", en s'appuyant sur plusieurs études sur la question.
Une étude du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) présentée par les experts analyse le rendement énergétique des carburants des véhicules routiers à l'horizon 2020, et l'impact de la réglementation Euro 6 applicable à compter du 1er septembre 2014 sur la "dépollution du diesel". Le projet de révision du règlement de 2009 proposé en juillet 2012 par la Commission européenne confirme également un seuil pour les voitures neuves particulières en Europe de 130 grammes d'émissions de CO2 par kilomètre en 2015 et 95g de CO2/ km en 2020. Le groupe d'experts relève une baisse de 3% par an de la consommation du carburant (essence et diesel) par véhicule neuf. On passerait alors "de 4,8 litres de carburant au 100 km aujourd'hui à 3,8 l" d'ici cette échéance, projette l'étude alors que le Premier ministre a fixé en septembre dernier aux constructeurs automobiles l'objectif de disposer dans 10 ans de véhicules consommant 2 litres d'essence aux 100 km..
En dépit d'"un effet d'inertie du parc routier" observé, les "gains de CO2 vont se poursuivre", analyse le groupe d'experts. D'après l'étude du CCFA, 10% de la consommation de carburant seraient réduits en 2020 par rapport à 2010, ce qui correspond à une baisse de 4 millions de tonnes d'émissions de CO2.En 2030, 26% de la consommation de carburant seraient réduits soit -10 millions de tonnes de CO2 évités. Le groupe d'experts a souligné "l'importance de l'effort des constructeurs automobiles en matière d'efficacité énergétique des véhicules". Mais le volet technologique est une solution d'amélioration parmi d'autres comme la fluidité du trafic, l'intermodalité pour la "livraison du dernier km".
Et de citer également le potentiel des voitures partagées (covoiturage, autopartage) parmi les alternatives au véhicule personnel et les changements d'habitudes des usagers via l'utilisation du numérique pour réserver. "Il y a 175 millions de déplacements en France chaque jour et donc 175 millions de décisions des usagers", rappelle le groupe d'experts. Alors qu'un programme national a été lancé pour développer les véhicules consommant 2 litres d'essence aux 100 km, les experts appellent à la création d'un programme national "2 personnes par voiture" préconisée par l'Ademe.
En matière de logistique, le groupe d'experts rappelle que le fret est responsable de 10% des émissions de gaz à effet de serre en France. Les émissions issues des activités d'entreposage et de distribution "sont du même ordre". Les experts ont également souligné "les limites" du transport modal (rail, fluvial) et "la prédominance du mode routier". Ils ont donc recommandé de développer la R&D pour réduire la dépense énergétique des poids lourds utilisés (consommation des moteurs, écoconduite, allégement des pneus…). Face à l'éloignement des entrepôts, les experts ont aussi appelé à faciliter les livraisons à domicile, de proximité. Ils ont souligné "les avantages de la plateformisation" dans les zones d'activités en matière d'efficacité économique et de développement durable.