Situé entre les communes de L'Échelle-Saint-Aurin, Armancourt, Marquivillers et Dancourt-Popincourt, dans la Somme, le parc éolien des Tulipes, composé de dix éoliennes, a été inauguré le 1er février 2021. Selon son étude d'impact, deux sites Natura 2000 se trouvent dans un rayon de 20 km, ce qui, selon elle « ne présente aucune incidence significative ». Aussi, la zone serait « en dehors des principaux couloirs de migration de l'avifaune ». Il a néanmoins été recensé 56 espèces d'oiseaux, dont 26 patrimoniales.
En moyenne, selon une étude réalisée par la Ligue de protection des oiseaux (LPO) avant un renforcement de la réglementation sur ce point, une éolienne tue chaque année sept oiseaux et une dizaine de chauve-souris. Il faut dire qu'en bout de pale la vitesse de rotation peut dépasser 250 km/h. Les individus touchés sont plus ou moins nombreux, ce qui engendre de vraies réflexions sur la préservation de la biodiversité.
Par conséquent, des sociétés comme H2air, qui gère le parc éolien des Tulipes, évaluent différents systèmes de détection afin de réduire ces impacts, une façon de devancer une future réglementation plus stricte en matière de biodiversité.
Un système combinant prise d'images et intelligence artificielle
Dans la théorie, le dispositif de détection est composé de caméras connectées à un programme d'intelligence artificielle censé percevoir les espèces cibles et déclencher un son d'effarouchement ou, au pire, mettre les éoliennes à l'arrêt : explication avec Marie Bartier, responsable environnement chez H2air, voir l'interview vidéo.
Mais ces systèmes demeurent perfectibles. Les paramétrages sont à améliorer, selon Charles Strauss, chargé d'études chez H2air, qui a suivi l'expérience du drone oiseau. Un drone mimétique qui ressemble à un faucon pèlerin et imite son vol. Le but étant de mieux évaluer les systèmes de détection, explication dans l'interview vidéo.
Selon la LPO, ces dispositifs réduiraient sûrement l'impact, cependant « la mortalité subsiste d'autant qu'une grande partie des vols d'oiseau et de chauve-souris s'effectuent la nuit, donc c'est encore plus compliqué pour les systèmes de détection. Mais 90 % de la solution réside dans le choix de l'implantation des parcs éoliens. Lorsqu'il existe de vrais enjeux pour l'avifaune, les parcs ne devraient pas pouvoir être développés, explique, dans la vidéo, Geoffroy Marx, responsable du programme énergies renouvelables et biodiversité de la LPO.
Autant de réflexions qui seront présentées au séminaire éolien et biodiversité, les 17 et 18 novembre prochains au Muséum national d'histoire naturelle, à Paris, où seront exposées les avancées du projet Mape sur la « réduction de la mortalité aviaire dans les parcs éoliens en exploitation », qui réunit l'ensemble des acteurs concernés par le sujet.