Lors de la conférence de Copenhague les Etats ont pris note d'un accord prévoyant notamment une enveloppe annuelle de 100 milliards de dollars à partir de 2020 alimentée par les pays industrialisés et destinée aux politiques climatiques des pays du Sud. En février 2010, le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon avait mandaté le Groupe consultatif de haut niveau sur le financement de la lutte contre le changement climatique afin de présenter des sources novatrices de financement.20 experts réunis pour formuler des propositions
Le Groupe consultatif de haut niveau sur le financement de la lutte contre le changement climatique rassemble 20 personnalités telles que l'économiste britannique Nicholas Stern, l'homme d'affaire George Soros, la ministre française des finances Christine Lagarde et ses homologues le mexicain Ernesto Cordero Arroyo et le sud-africain Trevor Manuel, le sous-secrétaire d'Etat brésilien Pedro Luiz Carneiro de Mendonça et le chinois Zhu Guangyao. Le Premier ministre norvégien, Jens Stoltenberg, et son homologue éthiopien, Meles Zenawi, coprésidaient les travaux du groupe.
Pour le Groupe consultatif, lever 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 "est un défi qu'il est possible de relever" si les financements sont issus "d'une large palette de sources, publiques et privées, bilatérales et multilatérales, notamment les sources alternatives, la révision à la hausse des financements existants et l'accroissement de flux privés."
Néanmoins, en introduction de leur rapport sur les financements innovants (1) , les auteurs jugent que la question financière ne constitue pas l'alpha et l'oméga des politiques climatiques, mais plutôt un outil permettant de mettre en œuvre les engagements politiques pris par les Etats : "la question du financement est clé, mais elle ne fera une différence fondamentale que si elle est associée à un large programme de mesures adopté par les Etats."
Donner un prix au carbone
Le Groupe souligne qu'un prix du carbone situé entre 20 et 25$ par tonne de CO2 en 2020 est déterminant pour atteindre l'objectif financier fixé pour 2020. "Les instruments basés sur le prix du carbone sont particulièrement attractifs car ils permettent à la fois de lever des ressources financières et d'inciter à la mise en œuvre des stratégies de réduction des émissions", estiment les membres du panel onusien. Plus le prix du carbone sera élevé et plus les deux objectifs seront atteignables.
Concrètement, le Groupe propose d'allouer à l'aide financière internationale 10% des revenus que lèveraient les pays développés en mettant aux enchères des
Dix milliards supplémentaires pourraient être obtenus en taxant les carburants du transport international. Le Groupe précise cependant que cette mesure poserait des questions de souveraineté nationale et pourrait avoir un impact sur le développement des pays du Sud. Autres sources évoquées, la réallocation, en faveur des politiques climatiques, de certaines subventions aux énergies fossiles dans les pays en développement et une taxe sur les transactions financières. Ces financements apporteraient jusqu'à 10 milliards supplémentaires, mais "des vues divergentes rendront difficile la mise en œuvre de telles mesures", préviennent les experts mandatés par l'ONU.
Les finances publiques dans des situations extrêmement délicates
Afin de lever les 50 milliards de dollars manquants, le rapport préconise de faire appel aux investissements privés. Un prix de 20 à 25 dollars pour la tonne de dioxyde de carbone se traduirait par des flux, issus du secteur privé et en direction des pays en développement, de 10 à 20 milliards de dollars. De même, les marchés carbone pourraient apporter des transferts financiers à destinations des pays en développement de l'ordre de 10 milliards de dollars supplémentaires.
Quant aux banques de développement, elles pourraient apporter 11 milliards de dollars supplémentaires par an. Cependant, un renforcement de leurs fonds propres est nécessaire dans la décennie à venir.
Enfin, les budgets nationaux des pays industrialisés pourraient être mis à contribution. Cependant, le rapport reste prudent et note que "l'acceptabilité politique de tels financements dépendra des circonstances nationales et de l'environnement fiscal, qui place actuellement de nombreux pays développés dans une situation extrêmement délicate."