Concernant les déchets, l'étude estime que si les tendances se maintiennent, d'ici à 2030, la Chine devrait générer annuellement 500 millions de tonnes de déchets solides et l'Inde, environ 250 millions. La population mondiale générera plus de deux milliards de tonnes de déchets par année. Toutefois, cette tendance a atteint un plateau, sans doute grâce à la minimisation des déchets et au recyclage , commente le rapport qui prône en faveur de la dématérialisation des services et de l'économie circulaire. Cette économie mettrait côte à côte des entreprises et des usines de manière à ce que les résidus de chacun servent de matières premières aux autres.
Dans le bâtiment, le PNUE reconnaît qu'il y a eu des avancées positives au sein du secteur de la construction et notamment dans le domaine de l'efficacité énergétique. Le rapport cite l'exemple du Canada, de la France et du Royaume-Uni qui ont lancé des programmes pour favoriser les bâtiments à énergie neutre. Il incite également au biomimétisme, qui consiste à imiter la nature. Exemple est donné du système de climatisation naturelle du centre commercial Eastgate de Harare au Zimbabwe conçu sur le modèle d'une termitière. Le bâtiment consomme environ 90% moins d'énergie qu'une structure comparable , souligne le PNUE. Le rapport pointe par ailleurs les progrès accomplis sur les matériaux de substitution qui permettraient de produire du ciment à des températures inférieures au niveau actuellement requis de 1.000 degrés.
Le rapport annuel constate que le transport est responsable de plus de 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En 2005, la flotte mondiale était estimée à 650 millions de véhicules routiers ; on prévoit que ce nombre aura doublé en 2030 , précise le rapport.
D'ici à 2030, près de quatre milliards d'individus vivraient dans des régions pauvres en eau, surtout en Asie méridionale et en Chine , précise l'Annuaire du PNUE qui montre qu'aujourd'hui près de 880 millions de personnes n'ont pas accès à de l'eau potable et 2,5 milliards sont privés d'installations sanitaires domestiques améliorées.
L'économie et la préservation de la ressource doivent donc constituer une priorité, notamment pour l'industrie. Et de citer l'exemple d'une industrie papetière finlandaise qui réussi à faire 90% d'économie sur sa consommation d'eau en passant d'un traitement chimique à un traitement thermomécanique des pâtes à papier et traitant de façon biologique ses eaux usées. L'Annuaire mentionne aussi l'exemple d'un fabricant de textile indien qui a réussi, en utilisant du zinc plutôt que de l'aluminium dans ses tissus synthétiques a diminué de 80 % sa consommation d'eau.
Autres sujets de préoccupation : les écosystèmes. Aucun progrès n'a été fait puisque le PNUE note qu'en 2008, comme en 2005, 60 % des écosystèmes, incluant les forêts et les sols, en passant par les récifs de corail et les prairies, sont endommagés ou en train de se dégrader. L'Annuaire estime que les terres agricoles couvrent près du quart de la surface de la planète et rappelle que ce sont les populations pauvres dans les zones rurales qui dépendent le plus du bon état des écosystèmes: 90% d'entre elles tirent une partie de leurs moyens de subsistance des forêts. Les recettes tirées de la nature comptent pour plus de la moitié des revenus des démunis du monde habitant la campagne , précise le rapport. Rappelant que la population atteindra plus de neuf milliards d'ici 2050, le PNUE indique qu'une gestion efficace des écosystèmes sera essentielle au cours de ce siècle. La disponibilité des terres cultivables sera de 0,1 hectare par personne, ce qui nécessitera pour nourrir la population mondiale une augmentation de la productivité agricole impossible à atteindre avec des moyens conventionnels.
L'Annuaire s'intéresse également aux substances nocives et aux déchets dangereux et indique que 2008 fut une année de crises de contamination d'aliments et de produits : contamination de fromage mozzarella par des dioxines en Italie, cas de lait contaminé à la mélamine en Chine, contamination de nouille par un insecticide au Japon… Il fait le point sur le Mercure et mentionne que la déforestation exacerbe la situation en Amazonie.
Concernant le changement climatique l'étude rappelle notamment que des études effectuées en 2008 indiquent que le puits principal, les océans, absorbe 10 millions de tonnes de CO2 de moins qu'avant. Il fait état de l'inquiétude montante des scientifiques sur les émissions de méthane et un autre puits de carbone : les forêts. Les hausses de températures affecteraient les arbres et les pousseraient à la photosynthèse, de façon que la séquestration du carbone se termine plus tôt durant l'été. Ce stress rendrait les forêts plus vulnérables à la pollution, aux maladies et aux insectes, et diminuerait le potentiel de stockage de carbone de celles-ci , commente le rapport. L'Annuaire mentionne aussi les liens entre les désastres naturels, la dégradation de l'environnement, les conflits et la vulnérabilité humaine ou sociale, ainsi que l'importance de la prévention en cas de désastre.
Toutes ces problématiques sont actuellement débattues au Forum ministériel mondial sur l'environnement qui regroupe plus de 100 ministres jusqu'au 20 février prochain. L'ONU a d'ailleurs appelé les pays du G20 à consacrer 1% au moins de leur PIB sur les deux prochaines années à réduire leur dépendance aux énergies fossiles fortement émettrices de CO2. Les débats doivent également porter sur la pollution par le mercure et l'élaboration d'un groupe d'experts mondial sur la biodiversité, sur le modèle du Groupement intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC).