"L'ensemble des régions touchées fait l'objet de mesures adaptées : limitation de vitesse sur routes et autoroutes, gratuité du stationnement résidentiel, limitation des épandages agricoles, contacts avec les industriels pour une réduction provisoire de leur activité, priorité donnée aux transports en commun...", a indiqué jeudi soir le ministre de l'Ecologie au cours d'une conférence de presse.
Réduction des vitesses de circulation
Suite aux prévisions de franchissement des seuils d'alerte pour pollution aux particules fines en Ile-de-France jeudi 13 et vendredi 14 mars, le préfet de police a annoncé la mise en place de mesures plus coercitives.
Cela passe en premier lieu par une réduction de la vitesse et un renforcement des contrôles. "Les mesures de réduction de la vitesse ne sont plus simplement recommandées mais rendues obligatoires pour l'ensemble des usagers de la route", avertit la préfecture de police. Les vitesses maximales sont ainsi abaissées à 110 km/h sur les autoroutes normalement limitées à 130 km/h, à 70 km/h sur les voies habituellement limitées à 90 km/h, et à 60 km/h sur le boulevard périphérique.
La deuxième mesure est une restriction de la circulation de transit des poids-lourds. Les véhicules de plus de 3,5 tonnes sont tenus d'emprunter des itinéraires de contournement.
Gratuité des transports en commun
La préfecture demande également aux franciliens de faire preuve de civisme en différant leurs déplacements en voitures, en empruntant les transports en commun et en privilégiant les modes alternatifs de déplacement, le covoiturage ou l'utilisation de véhicules peu polluants. De son côté, la Mairie de Paris a annoncé la gratuité du stationnement résidentiel ainsi que celle des services Autolib' et Vélib'. "A la mi-journée, une augmentation de 46% des parcours réalisés en Autolib et de 72% du nombre de locations de Velib a été constatée par rapport à jeudi dernier", indique jeudi soir la Ville de Paris.
Le ministre de l'Ecologie a annoncé la gratuité des transports en commun franciliens de vendredi jusqu'à dimanche soir. Un point de situation sera fait samedi "avec l'ensemble des acteurs concernés afin d'examiner la nécessité d'adapter les mesures décidées aux prévisions météorologiques", a ajouté Philippe Martin. Les pouvoirs publics peuvent instaurer la circulation alternée mais le maniement de cette mesure reste politiquement délicat, surtout en période électorale. De plus, ce dispositif ne s'applique que lors des pics d'ozone selon le Citepa.
"Il a par ailleurs été demandé à l'ensemble des services de l'Etat de limiter au strict minimum l'utilisation des véhicules individuels. Des consignes ont été données pour que les véhicules les plus anciens soient immobilisés", précise le préfet de police d'Ile-de-France.
Les dernières mesures portent sur la mise en œuvre des prescriptions particulières prévues dans les arrêtés d'autorisation des sites industriels au titre de la réglementation des installations classées (ICPE). "Aucune dérogation à l'interdiction de brûlage des déchets verts, y compris agricole, ne sera accordée", précise par ailleurs la préfecture de police.
Et les mesures de long terme ?
Parmi les solutions pour lutter contre la pollution de l'air, il y a celles que l'on prend dans l'urgence, réagit France Nature Environnement (FNE), mais il y a aussi celles que l'on prend sur le long terme. Et l'association de protection de l'environnement de citer les plans de déplacements en entreprises ou interentreprises, le covoiturage, l'autopartage, la création de zones à faibles émissions dans les cœurs de ville ou encore la rénovation énergétique des bâtiments. "Nous n'attendrons pas que le vent dissipe les polluants et que tout redevienne normal. Nous demandons des explications et réactions fortes de nos décideurs. Futurs élus, que proposez-vous ?", interroge José Cambou, pilote du réseau santé environnement de FNE.
De son côté, l'Automobile Club Association (ACA) dénonce la stigmatisation de la voiture comme "coupable idéal et unique" des épisodes de pollution urbaine. Elle aussi réclame des mesures de fond plutôt que des mesures "d'affichage" provisoires. Mais celles-ci sont tout autres : travailler sur l'offre de stationnement et le remplacement des vieux véhicules polluants, développer des systèmes de gestion du trafic en temps réel, généraliser les programmes d'éco-conduite ou encore renforcer la logistique urbaine.
Sous la pression des évènements, Philippe Martin a annoncé qu'il réunirait après les municipales l'ensemble des acteurs concernés par la pollution de l'air. En tout état de cause, a-t-il ajouté, "le projet de loi sur la transition énergétique comprendra un volet consacré à la qualité de l'air".