"Conscients des enjeux écologiques mais inquiets face à la crise économique, les Français se montrent plus réservés que par le passé quand il s'agit de modifier leur mode de vie en adoptant des pratiques respectueuses de l'environnement", pointe le Commissariat général au développement durable (CGDD) dans une étude sur l'opinion et les pratiques environnementales des Français (1) en 2013.
Déjà en 2012, 76% des ménages français plaçaient en tête le chômage comme principal sujet d'inquiétude, tandis que 35% des sondés seulement citaient la pollution comme préoccupation majeure, selon l'enquête de l'Institut TNS Sofres pour l'Ademe.
Toutefois, selon l'enquête d'Ethicity (2) (groupe Greenflex) en partenariat avec Kantar Media Intelligence, la crise a joué un rôle d'accélérateur dans la prise de conscience d'un modèle de société à bout de souffle.
"Seuls 6% des Français pensent qu'il faut préserver au maximum le modèle économique et social actuel et attendre que la crise passe (il s'agit surtout des plus de 65 ans), note Gilles Degroote, directeur conseil Ethicity Greenflex, et seule une petite majorité des Français considère que le confort de vie en général va s'améliorer à l'avenir".
Agir par la consommation
Cette prise de conscience semble se manifester dans l'acte d'achat. Ainsi, entre 2010 et 2013, l'enquête du CGDD montre une évolution dans la façon de consommer des Français. Près de quatre Français sur dix affirment prendre régulièrement en considération la quantité de déchets qu'ils sont susceptibles de générer. Ils ne sont toutefois que 13% à en faire un critère de choix systématique.
Autre indice : une personne sur deux déclare faire fréquemment attention à la distance parcourue par les produits alimentaires. Cependant, pour ce qui concerne les autres produits (vêtements, chaussures, meubles), seules 16% des personnes interrogées consultent systématiquement les étiquettes de ces marchandises afin de connaître leur origine géographique, selon le CGDD.
Selon des résultats de l'Eurobaromètre en 2012 (3) , 43% des ménages français estiment qu'acheter des produits écolabellisés peut faire une vraie différence pour l'environnement. De même, l'impact environnemental des produits est considéré par plus d'un Français sur trois (36%) comme un critère d'achat très important.
"Pour 82% des Français, la possibilité d'agir par sa consommation (choisir des produits écologiques, locaux...) s'est améliorée ces 10 dernières années", ajoute l'étude Ethicity.
La crise économique pèse sur les choix
Cette tendance semble cependant s'atténuer sous le poids des préoccupations économiques.
Alors que près d'un Français sur deux voulait en 2010 pouvoir mieux repérer les produits respectueux de l'environnement et disposer d'un choix élargi en la matière, ils ne sont plus que 25% à exprimer ce type d'attente en 2013, selon le CGDD.
Les ménages demandent désormais que les produits respectueux de l'environnement ne coûtent pas plus chers (44%).
Ainsi, si une personne sur deux déclare acheter des produits bio (4) dans les grandes villes, chez les 50-59 ans et les diplômés, de l'enseignement supérieur, ce choix se fait plus rare chez les personnes les moins diplômées, chez celles résidant en périphérie parisienne ou dans des communes moyennes, ainsi que dans les ménages de plus de quatre personnes et chez les populations les plus âgées, selon le CGDD.
Autre tendance : 35% des personnes interrogées considèrent que l'usage d'un produit est plus important que le fait de le posséder, selon Ethicity.
"45% des Français sont conscients que l'individu est le premier acteur pour agir concrètement en faveur du développement durable (notamment via sa consommation)", pointe Ethicity.
Cette opinion est nuancée par l'enquête du CGDD qui relève que moins d'un ménage sur cinq juge désormais que c'est à l'échelle individuelle qu'il est prioritaire d'agir en faveur de la protection de l'environnement.
Les deux études s'accordent cependant sur le fait qu'une part importante de Français considère que c'est aux pouvoirs publics 21260 à agir en la matière (52 % selon le CGDD et 42% selon Ethicity).
La pollution de l'air, une préoccupation majeure
Parmi les principales préoccupations environnementales des Français en 2013, les questions de la pollution de l'air comme du changement climatique (20%) restent majoritaires, comme les années précédentes, selon le CGDD. Vient ensuite l'inquiétude au sujet des catastrophes naturelles qui, même si elle est en recul, demeure au-dessus de son niveau de 2008.
En revanche, la pollution de l'eau, des rivières et des lacs n'est évoquée que par 13% des enquêtés. "Pour la première fois, elle se trouve même devancée par la question de l'augmentation des déchets ménagers", pointe le CGDD. Egalement peu mentionnés, les problèmes de biodiversité et de nuisances sonores n'inquiètent que 6% des ménages.
Comme en 2012, une personne interrogée sur trois juge que son logement est insuffisamment isolé. Toutefois, la volonté d'investir dans des travaux d'amélioration de l'efficacité énergétique a globalement connu une baisse de 5 points en cinq ans, selon le CGDD.
En revanche, la régulation de la température du logement est une pratique dont la fréquence a augmenté (+ 5 points) entre 2009 et 2013. Au contraire, dans le même temps, l'extinction des veilles régressait de 13 points.
"Dans un contexte marqué par le renchérissement du coût de l'énergie, les ménages semblent concentrer leurs efforts sur les équipements les plus énergivores, au détriment d'autres pratiques sobres en énergie dont les gains potentiels sont plus difficiles à estimer pour les particuliers, d'un point de vue financier et environnemental", analyse le CGDD.
Si les ménages déclarent plus utiliser des modes doux (marche, vélo, transports en commun) pour leurs courses (+ 3 points) ou leurs déplacements professionnels (+ 2 points), les véhicules motorisés restent le moyen privilégié.
"Si 24% de la population attendent avant tout une amélioration des transports en commun pour renoncer à l'usage de l'automobile, il s'avère également que 37% des Français ne voient pas ce qui pourrait à l'avenir les inciter à se passer de leur véhicule personnel", note le CGDD.