L'Europe n'est pas ignorée par ce fléau. Le projet DAISIE a permis de recenser 10.822 espèces envahissantes en Europe dont 10 à 15 % devraient avoir un impact négatif sur l'économie ou l'environnement. Le ragondin et le rat musqué par exemple, introduits en Europe pour leur fourrure, causent de graves dégâts aux barrages, aux canaux et aux systèmes d'irrigation et de protection contre les inondations. La coccinelle asiatique risque de son côté d'entraîner la disparition des coccinelles indigènes du Royaume-Uni, ainsi que celle de certains papillons et autres insectes. Résultat, le coût pour les économies européennes du contrôle des espèces envahissantes et de la réparation des dommages qu'elles occasionnent est estimé à 12 milliards d'euros par an minimum.
Une réglementation qui manque de cohérence
À l'heure actuelle, la législation européenne concernant cette problématique est basée sur les règles liées au commerce et aux questions sanitaires mais il n'existe pas de système harmonisé entre pays voisins pour le suivi et le contrôle des espèces envahissantes et de leurs effets sur la biodiversité. La Commission européenne a été saisie pour élaborer une stratégie communautaire sur ce sujet.
Après avoir lancé une consultation publique destinée à recueillir des suggestions en la matière, la Commission a présenté hier une série de mesures. Plusieurs options stratégiques sont proposées et notamment la mise en place d'un système d'information et d'alertes rapides dans toute l'Europe pour signaler les espèces nouvelles ou émergentes et prévoir leur éradication. L'Agence européenne de l'environnement a d'ailleurs lancé une consultation publique à ce propos en octobre dernier.
Une autre option consiste à compléter la législation par des mesures volontaires : contrôles aux frontières réguliers par les États membres et codes de conduite volontaires encourageant une attitude responsable de la part des détaillants et des consommateurs.
La Commission envisage autrement de modifier la législation en vigueur afin de couvrir un nombre plus important d'organismes potentiellement envahissants. La liste des espèces interdites par des réglementations de commerce relatives aux espèces sauvages pourrait également être allongée.
Une dernière option consiste à élaborer un nouveau cadre juridique de lutte contre les espèces envahissantes. Une agence spécialisée pourrait être mise en place pour gérer les aspects techniques et des procédures obligatoires de surveillance et de communication des informations, ainsi que des mécanismes de réaction rapide devront être établies.
Les parties prenantes et les autres institutions européennes sont invitées à se prononcer sur ces options. La Commission prévoit de tenir compte des observations pour finaliser sa proposition de stratégie communautaire qu'elle entend présenter en 2010.