Selon l'inventaire 2006 des pays industrialisés publié hier, si les émissions de 40 pays industrialisés signataires de la Convention - dits de l'Annexe 1 - se sont maintenues à 5% environ sous leur niveau de 1990, elles ont augmenté de 2,3% entre 2000 et 2006. Par ailleurs, dans les 37 pays industrialisés engagés par le Protocole de Kyoto* - dits de l'Annexe B, les émissions ont diminué de 17% entre 1990 et 2006, mais ont repris à la hausse depuis 2000.
Selon l'ONU, sur la période 1990-2006, la baisse de près de 5% des émissions de CO2 dans les pays industrialisés s'explique par la crise économique des années 1990 dans les pays d'Europe centrale et de l'Est dont les émissions ont chuté de 37,6% entre 1990 et 2000. Or les émissions des pays de l'ex-bloc de l'Est ont recommencé d'augmenter de 7,4% entre 2000 et 2006, en raison d'une forte croissance économique, entraînant ainsi l'augmentation des émissions des quarante pays industrialisés sur cette période.
Aussi selon le relevé, parmi les mauvais élèves figurent l'Espagne (+50,6% par rapport à 1990) et le Portugal (+40%) l'Irlande (+25,6%) l'Islande (+24,2%), le Canada (+21,7%) ou les Etats-Unis (+14,4%).
Notons en plus que ces données ne prennent pas en compte les ''puits de carbone'', c'est-à-dire les émissions liées au changement éventuel d'utilisation des terres et à la sylviculture.
Pour Yvo De Boer, le secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies contre les changements climatiques, ces chiffres témoignent qu'il est urgent à Poznan de faire des progrès dans le processus de négociation et d'avancer rapidement vers la définition d'un nouvel accord pour relever le défi climatique.
La conférence internationale de Poznan est la dernière réunion de cette importance avant la conférence de Copenhague (Danemark) de décembre 2009 qui devrait aboutir à un nouvel accord international ambitieux sur le changement climatique, censé prendre le relais du Protocole de Kyoto. Dans la positive, les pays auront ensuite plus de deux ans pour ratifier ce nouveau traité qui devra être opérationnel le 1er janvier 2013.
L'avertissement lancé par l'ONU rejoint ainsi celui adressé dans un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) publié le 6 juin dernier. Celui-ci montre que les émissions de gaz à effet de serre (GES) augmenteront de 130% et la demande de pétrole de 70% d'ici 2050 si les gouvernement maintiennent leurs politiques actuelles. Dans son ''Rapport sur les perspectives des technologies énergétiques'', l'Agence estime qu'une révolution des technologies énergétiques sera nécessaire pour réduire de moitié les émissions de CO2 d'ici 2050, objectif minimal recommandé par le Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) pour contenir le réchauffement global en deçà de 2°C d'ici à la fin du siècle.
* Autriche, Belgique, Bulgarie, Canada, République tchèque, Danemark, Estonie, Finlande, France, Allemagne, Grèce, Hongrie, Islande, Irlande, Fédération de Russie, Italie, Japon, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Monaco, Pays-Bas, Nouvelle Zélande, Norvège, Pologne, Portugal, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Espagne, Suède, Suisse, Ukraine, Royaume-Uni.