Lancé sous l'égide de l'Alliance pour la planète et soutenu par les réseaux européens Health and Environment alliance (HEAL) et Women in Europe for commun future (WECF), le RES souhaite rassembler associations, scientifiques, médecins et citoyens au sein d'un réseau militant pour une meilleure prise en compte de la santé environnementale dans les politiques publiques, notamment celles de la santé. L'incidence du cancer a doublé en 25 ans. On peut estimer que deux tiers des cancers sont liés à des causes environnementales. La fertilité, l'asthme, la maladie de Parkinson, Alzheimer, l'autisme… sont soupçonnés d'être liés à l'environnement, précise André Cicolella, chercheur en santé environnement, porte parole du RES et fondateur de la fondation Sciences citoyennes. Notre objectif est de créer une période légitime de débat scientifique avant toute prise de décision politique.
Les priorités d'action du RES
Parmi les priorités mises en avant par ce nouveau réseau, l'organisation d'un Grenelle environnement santé. Le Grenelle de l'environnement a été une occasion ratée sur ces sujets. Il a fallu se battre pour que le principe de précaution reste un principe de base. Pourtant celui-ci est inscrit dans la Constitution, regrette André Cicolella. L'un des cinq ateliers du Grenelle de l'environnement était dédié à la santé environnement. Un an après, le constat peut être fait sans ambiguïté : cet atelier est celui dont les résultats sont les plus décevants. A l'exception de la réduction des pesticides (…), la loi d'orientation ne contient plus que de vagues promesses : les engagements chiffrés ont disparu, tout comme les quelques modifications institutionnelles qui subsistaient, précise le communiqué de presse.
Autres échecs selon le RES : le plan national de santé environnement, qui n'a jamais eu les moyens de ses ambitions et s'achève dans l'indifférence générale, et le plan Cancer, dont l'objectif de réduire de 20 % la mortalité en cinq ans n'a pas été atteint.
Le plan national santé environnement n'est pas basé sur le principe de précaution et n'a pas de vision globale de la santé environnementale, note François Veillerette, porte parole du RES et président du mouvement pour les droits et le respect des générations futures. Quant au plan cancer, il s'est soldé par un échec. Nous souhaitons qu'il y ait un volet environnement dans ce plan.
Le RES est sévère sur les avis et recommandations émis par les différentes agences sanitaires, dont l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) et l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) : il y a une vraie interrogation sur la manière dont fonctionnent ces agences dont le travail est de faire de la veille sanitaire. Il y a un véritable problème de déontologie quant au respect des analyses contradictoires et quant à la définition des critères d'analyse. Face à un enjeu de santé publique, il y a un problème de lobbying des industriels, constate André Cicolella.
Premier combat : faire interdire le bisphénol A dans les plastiques alimentaires
Le premier dossier auquel s'attaque le RES est celui du bisphénol A (BPA), substance chimique utilisée dans la composition de certaines matières plastiques, notamment les plastiques alimentaires (polycarbonate et polyépoxy). Biberons, récipients plastiques pour micro-onde, petit électroménager, boîtes de conserve, canettes et bouteilles en plastique contiennent cette substance qui migre dans les aliments sous l'effet de la chaleur. 99 % des expositions au BPA se feraient par voie alimentaire. Le spectre d'effet de cette substance est très large. C'est un perturbateur endocrinien (système hormonal) et génotoxique. Nous avons sur cette question une défaillance des agences sanitaires qui établissent des normes qui ne protègent pas la population, constate André Cicolella. Si l'on ne dispose pas de données en France sur ce sujet, des études américaines ont révélé que 93 % de la population était imprégnée par cette substance, les enfants étant plus exposés que les adultes. Le Canada a récemment fait le choix d'interdire l'utilisation du BPA dans les biberons. Quatre députés européens1 ont d'ailleurs déposé en décembre 2008 une déclaration écrite à ce sujet. Le RES demande qu'une même décision soit prise au niveau européen et soit étendue à l'ensemble des plastiques alimentaires. Le réseau va lancer une campagne de biomonitoring (mesures dans les urines) auprès de femmes enceintes et de nourrissons afin d'évaluer l'imprégnation au BPA.
Parmi les prochains sujets abordés par le RES : la question de l'aspartame et des additifs alimentaires au printemps 2009 et les nouvelles maladies de l'environnement (fibromyalgie, électrosensibilité…) à l'automne prochain.