Nanofiltration, osmose inverse… Ces solutions de filtration membranaire sont efficaces pour débarrasser les eaux usées des colloïdes, bactéries, virus et autres micropolluants, en vue de leur réutilisation. Néanmoins, pour assurer l'écoulement des molécules d'eau, ces techniques s'utilisent à haute pression (50 à 70 bars), et consomment de ce fait beaucoup d'énergie.
Une équipe internationale dirigée par des scientifiques de l'Institut européen des membranes (CNRS, ENSC Montpellier, université de Montpellier) a voulu montrer qu'une autre voie était possible (1) . Qu'avec moins d'énergie, on pouvait obtenir des performances intéressantes en utilisant le principe bien connu de la pression osmotique, en l'occurrence la diffusion naturelle de l'eau à travers une membrane en fonction de la concentration de chaque compartiment.
Afin de montrer la faisabilité de l'opération, les chercheurs ont conçu des membranes en millefeuille nanométrique de disulfure de molybdène pour filtrer des principes actifs de médicaments et des pigments organiques. « Entre les deux feuilles, nous allons créer un espace contrôlé suffisamment gros pour que l'eau puisse passer, mais pas les contaminants un peu plus gros, schématise Damien Voiry, chercheur à l'Institut européen des membranes. Nous allons étudier dans les mois qui viennent des membranes conservant cette structure en nanofeuilles, mais avec d'autres matériaux, comme de l'argile. C'est moins cher et plus neutre pour l'environnement. »
Une perspective intéressante, en attendant les phases de pilote industriel.