Le centre d'analyse remarque que le système actuel s'appuie essentiellement sur une logique de soins, la logique de prévention occupant une place très marginale. Le développement récent de progrès scientifiques et techniques laisse augurer une médecine de plus en plus individualisée et plus prédictive, avec des soins plus adaptés aux caractéristiques de l'individu, précise le centre d'analyse stratégique dans sa dernière note de veille. Or, la problématique santé-environnement suppose d'adopter une approche collective. Cette contradiction va donc constituer le principal défi à relever pour le système de santé français.
Faire évoluer les métiers et développer la prévention
Pour relever ce défi, le centre d'analyse conseille de développer une réflexion sur les métiers des professionnels du secteur afin d'intégrer la prévention et de faciliter l'émergence de nouveaux métiers. Pour cela, le centre propose de se baser sur ce qui se fait déjà en matière de santé animale où les vétérinaires libéraux assurent une mission de veille, de collecte de données dans le cadre des programmes d'épidémio-surveillance et des missions dans le domaine de la sécurité sanitaire des aliments. Le centre d'analyse propose donc de renforcer le rôle du médecin généraliste afin qu'il devienne un pilier du système d'information et de recueil des données sur la santé des populations. L'objectif étant que le médecin généraliste devienne un garant de la santé collective et non plus seulement de celle des individus.
Le centre d'analyse stratégique propose par ailleurs d'ouvrir les réseaux de santé à des professionnels ne relevant pas stricto sensu du champ sanitaire comme des climatologues, toxicologues, etc.
La prise en compte des facteurs de risques liés à l'environnement dans la politique de santé passera également par une sensibilisation active de l'ensemble de la population afin de diminuer les comportements à risques. Le centre d'analyse stratégique mise sur les enfants pour déployer les bonnes pratiques sous forme d'une « éducation à la santé » : elle s'appuierait sur des messages clairs et pourrait être assurée par de multiples acteurs, notamment par les enseignants, en lien avec des professionnels de santé.
Renforcer les dispositifs de surveillance
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 14 % des maladies dans les pays de l'OCDE à revenus élevés ont pour cause l'environnement. Et cette situation risque d'empirer au regard des changements climatiques, des modifications des modes de vie, de l'accroissement démographique ou encore de l'urbanisation des populations. L'ensemble des conséquences sanitaires liées aux risques environnementaux pourrait conduire, selon un scénario pessimiste, à une détérioration de l'espérance de vie des populations à moyen ou long terme, prévient le centre d'analyse stratégique.