Dans une étude (1) publiée, le 16 juillet, dans la revue Marine Pollution Bulletin, des chercheurs de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) affirment que les composés chimiques présents dans les poussières d'usure issues du caoutchouc des pneus représentent une menace pour la survie des huîtres creuses. Cette variété, dérivée de l'huître japonaise (Crassostrea gigas, ou Magallana gigas), est la plus fréquemment consommée en France. Et selon les scientifiques de l'Ifremer, ce type de microplastiques (dont 50 % de la masse sont composés d'additifs chimiques) réduit significativement le taux de survie des huîtres juvéniles.
Quelle quantité des poussières d'usure de pneus dans l'eau de mer ?
La littérature scientifique existante ne répond pas exactement à cette question mais des travaux récents s'en approchent. En 2021, une étude suisse estimait entre 8 700 à 20 000 tonnes la quantité de microparticules de caoutchouc issues de pneus libérées chaque année dans les eaux de surface de la planète. En 2020, une étude américaine quantifiait entre 0,3 et 19 µg/L (ou 0,003 et 0,019 µg/mL) la concentration de 6PPD-quinone, un des additifs chimiques retrouvés dans le caoutchouc de pneu, dans les eaux du littoral de la côte ouest américaine.
Les scientifiques se sont même aperçus que la toxicité des microparticules de caoutchouc était différente en fonction de l'état de l'objet dont elles proviennent. « Les objets neufs sont plus nocifs pour les huîtres que les objets usés, qui ont dû libérer une partie de leurs composés chimiques au cours de leur vie, expliquent les biologistes de l'Ifremer. C'est notamment le cas pour les élastiques utilisés dans les parcs ostréicoles : s'ils sont neufs, leurs effets nocifs sur le développement des larves d'huîtres creuses sont dix fois supérieurs à ceux que l'on observe pour des élastiques déjà utilisés pendant plusieurs mois. »