En effet, la biomasse provient notamment de l'agriculture, de la sylviculture et de leurs industries de transformation. Elle comprend le bois et ses dérivés, les produits agricoles et forestiers mais aussi certains déchets d'élevage, de l'industrie et des collectivités.
Selon le communiqué du Conseil des ministres du 28 février, sa valorisation est une nécessité environnementale et une opportunité économique. Elle réduit les émissions de gaz à effet de serre, ouvre des débouchés supplémentaires pour l'agriculture et la sylviculture et crée de nouveaux emplois.
La valorisation de la biomasse recouvre trois grands secteurs : les biocarburants, les biocombustibles (chaleur et électricité) et les bioproduits et biomatériaux (dérivés du bois, bioplastiques, solvants, lubrifiants, fibres végétales…). Le bois et ses dérivés, les produits agricoles et forestiers et leurs sous-produits peuvent en effet être transformés en ''carburants verts'' (biodiesel et bioethanol, produits à partir de colza, tournesol, betterave, blé ou maïs), en biocombustibles permettant de fournir chaleur et électricité, ou en bioproduits et biomatériaux (dérivés du bois, bioplastiques pour des emballages ou des meubles, fibres pour des tissus...).
Le plan biocarburants, lancé en 2002 et renforcé en 2005, vise à atteindre un objectif d'incorporation de 7 % de biocarburants dans les carburants en 2010. Au plan biocarburant, se sont ajoutés d'autres programmes : le plan biocombustibles et un plan « biomatériaux » afin de développer l'utilisation des matériaux, produits et dérivés chimiques renouvelables issus de la biomasse dans les principaux marchés utilisateurs. Le plan biocombustibles a pour objet, à l'horizon 2010, de porter de 10 % à 15 % la part de la biomasse dans la chaleur finale consommée en France et de multiplier par trois la production d'électricité produite à partir de biomasse. La réussite de ce plan nécessitera une mobilisation accrue de la ressource forestière, notamment par la création de dessertes dans les massifs forestiers, estime le ministère de l'agriculture.
Avec ses plans de développement, la France souhaite mettre toutes les chances de son côté pour prendre une place de choix au plan international en n'omettant aucune filière (biocarburants, biocombustible et biomatériaux). La politique de valorisation de la biomasse concerne d'ores et déjà les grands groupes industriels français et bénéficiera au tissu des PME réparties sur l'ensemble du territoire. Elle accompagne les programmes de développement local, en cohérence avec la politique de l'emploi et les exigences environnementales, estime le ministère. Cette nouvelle industrie pourrait également être synonyme de création d'emplois. Près de 40 000 emplois nouveaux devraient être créés d'ici 2015, souligne le ministère.
Dans un communiqué la fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) souligne que les agriculteurs ont à coeur de relever ces nouveaux défis. Mais pour que cette ambition devienne réalité, l'effort de soutien des pouvoirs publics à ces utilisations de la biomasse doit monter en puissance rapidement, selon la FNSEA.
Toutefois, les avis sur la biomasse divergent entre les différents acteurs. Les experts et scientifiques ont du mal à s'accorder sur les chiffres que ce soit sur la surface agricole disponible ou nécessaire, sur l'éco-bilan des différentes utilisations ou sur les rendements énergétiques. Les agriculteurs restent sceptiques ou demandent plus de concret, sachant qu'on leur promet ces nouveaux débouchés pour dans 8 à 10 ans. Les industriels agroalimentaires de leur côté prônent chacun leur filière et garantissent que tout est possible, rentable et nécessaire au nom de la menace climatique. Quant aux associations de protection de l'environnement, leurs craintes se concentrent sur les risques d'intensification des cultures, d'exploitation intensive des forêts et surtout de mise au placard du concept d'économies d'énergie au profit d'une substitution pure et simple des carburants fossiles.
De plus, si la gazéification de la biomasse (biogaz) a été identifiée comme décisive dans le développement de la valorisation énergétique, cette énergie issue de matières vivantes, végétales et animales, s'avère plus difficile à apprécier, parce qu'elle se heurte à la problématique alimentaire et à la nécessité de restituer une partie du carbone à l'éco-système ! Dès lors que la partie disponible pour l'énergie aura été déterminée, encore faudra-t-il répartir la production entre le biocarburant et la chaleur, et avoir résolu la problématique de gestion d'approvisionnement en eau nécessaire !